Maestro! Jump in Music vient de sortir sur DS et pourtant tout semble déjà réuni pour passer à côté.

Tout juste référencé par Amazone, inconnu chez Cro-mania, il est disponible sur le site de la fenec mais pas dans la plupart de leurs magasins. J’ai finalement trouvé mon exemplaire chez Guému, une semaine après sa sortie : le jour même, il n’apparaissait pas dans leurs listings. 

De toute façon, quand bien même le jeu serait présent dans les linéaires, pas évident que l’envie d’acheter vous saisisse. (Vous auriez tort.)

Prenez le personnage principal, Presto, un oiseau rose. S’il est immédiatement sympathique avec son faux air de Dee Jay, les oiseaux ont donné tellement de personnages de jeux (Pengo, Pyoro, Penta, Bin/Pin/Bean, Flicky, celui de Kururin) qu’une certaine indifférence peut poindre devant la jaquette. À défaut d’originalité, il faut quand même avouer qu’il est mignon et que le choix du piaf s’avère très judicieux pour un personnage qui chante et se déplace sur des cordes partitionnées (la métaphore filée se poursuit jusqu’au méchant de l’histoire, Staccato, une araignée).

Le vrai problème, celui qui risque de vous écarter du jeu pour de bon, est surtout le prix. C’est peut-être la dématérialisation, l’habitude des bacs à soldes ou des prix sans TVA de sites anglais mais 40€ pour un jeu DS, c’est douloureux… et risqué, Big Ben Interactive ne distribuant pas systématiquement des perles. En feuilletant le manuel trilingue noir et blanc (trois feuillets en français), ça pique même encore davantage.

Profond soupir de soulagement un fois l’interface sympa mais pas parfaite et le tutoriel passés : ce jeu développé par Pastagames est formidable ! Presto courant toujours droit devant lui, il faut interagir en rythme sur son environnement, notamment en pinçant les cordes au bon endroit et au bon moment (par ailleurs, en coupant le fil au passage de Presto vers le bas, il saute et vers le haut, il descend).

Chacun des six mondes ajoute ses particularités : anguilles à frictionner, algues à caresser, mouettes, poulets ou lapins à viser (phases qui rappelleront Ouendan), le gameplay est sans cesse enrichi.

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À gauche, gratter l’anguille, caresser l’algue pour récupérer les bulles d’oxygène puis dégonfler la rascasse. Le tout en rythme. À droite, les maelstroms rappelleront à l’écran tactile l’épuisant Mawasunda.

Outre cette maniabilité très agréable, la courbe de difficulté est si progressive que vous ne lâcherez pas le jeu avant de l’avoir terminé… quasiment d’une traite (compter une heure trente après quelques game over). En mode facile il est vrai.
Évidemment on incite à recommencer le jeu en vous débloquant les modes normal et difficile, où les musiques sont complètes. Drôle de choix d’ailleurs : proposer une aventure avec moins de niveaux aurait davantage maintenu l’effet de surprise. Au contraire de ce mode facile composé d’extraits de tous les niveaux qui fait survoler le jeu beaucoup trop vite.
Dommage, quand l’apéritif est trop copieux, on apprécie moins le plat de résistance.


Presto est suivi, genre Flicky, par davantage d’oiseaux à mesure que les bonnes notes s’enchaînent.

Donc rerun en mode normal puis difficile ; les décors (magnifiques) changent (images au dessus), les arrangements sont plus riches et les niveaux plus complexes (au point de faire exceptionnellement baisser le framerate). J’ai quand même claqué un A du premier coup dans le dernier monde du dernier mode (il faut dépasser le B+ pour passer au niveau suivant, le A+ est la note la plus haute humainement atteignable - il existe un A* d’après le jeu).

On peut aussi activer l’option chant qui exploite le micro de la DS, où l’on doit en plus fredonner la musique. Sympa quand il s’agit de la mélodie, moins naturel quand on doit reproduire les percussions. Disons que l’option a le mérite d’exister, le micro de la DS étant ce qu’il est… 



Par contre l’absence des modes multijoueurs, prévus à l’origine, est regrettable (plus de “beat-box & chorus modes” non plus, mais un mode “improvisation” qui les remplace, où on peut choisir le tempo et les instruments utilisés sans la sanction du score).

Si je résume : le jeu est cher avec un emballage minimal (après Big Bang Mini, toute boite est triste il faut dire), difficile à trouver, un peu trop facile et assez court.

Et pourtant il faut l’acheter.

Si les jeux musicaux sont désormais nombreux sur DS, Maestro rentre en effet sans difficulté dans le top 3. Même Ouendan a les fesses qui chauffent, n’ayant finalement pour lui qu’un challenge plus relevé et ses chansons exotiques ; quant à Rythm Paradise, il est balayé. Oui, c’est certain.

Avec sa vingtaine de morceaux instrumentaux dont une bonne moitié de musique classique, ça n’allait pas pourtant de soi. Le seul précédent dans le genre qui me vienne à l’esprit était le mignon Mad Maestro sur PS2, que j’avais rapidement abandonné : gameplay trop pointilleux et musique parfois ennuyeuse. C’est beaucoup moins le cas avec Maestro grâce aux arrangements remarquables des Yubaba (le duo de musiciens derrière Nervous Brickdown, Soul Bubbles et Big Bang mini), la palme revenant au Peer Gynt d’Edvard Grieg à mon avis. Des musiques plus contemporaines viendront consoler ceux qui seraient irrémédiablement hostiles au genre : Our House, Fame ou ABC, les excellents The House of the Rising Sun ou Le bon, la brute et le truand. C’est varié, toujours frais, toujours bien fait. 

Le jeu propose aussi Gymnopédie n°1 d’Erik Satie (toujours dans les griffes d’Universal au fait), le morceau magique qui m’a fait tenir jusqu’au bout de l’insupportable et péteux Flower, Sun & Rain. Ici le morceau est toujours aussi bon, bien arrangé, et le gameplay couplé avec la beauté aquatique du décor procurent un plaisir immense. 

Mais le vrai coup de génie de Maestro, celui qui excuse et éclipse tout le reste, c’est le niveau O Sole Mio

 

Guider le petit gros sous un beau soleil (dommage de ne pas pouvoir choisir le moment du décor d’ailleurs : la version complète se déroule la nuit), un arrière-plan vénitien en 3D, et cette impression géniale de générer la musique avec ses actions… c’est grand. Chaque fois j’en ai les larmes aux yeux : rien n’est plus beau que la variété italienne. 

Maestro! Jump in Music est sorti le 6 novembre sur DS. La liste complète des musiques est disponible sur le blog officiel. Les musiques tombées dans le domaine public sont téléchargeables sur le site officiel (les captures d’écran en proviennent aussi). J’ai oublié de parler des combats contre le boss et comme je ne sais pas où le mettre ; répétitifs dans leur principe (reproduire les notes jouées par de petites araignées), ils sont un peu ennuyeux. Mais O Sole Mio bon dieu !