Je me suis finalement procuré le 6e numéro de cet illustre fanzine (1993 - scan à venir).

Assez vite, j’ai retrouvé le ton qui m’irritait à l’époque, n’ayant aucun mal à m’agréger, criblé par l’acné et cerné par les parenthèses, à l’inconfortable type « personne n’est parfait » des fans de Saint Seiya.

On identifie également rapidement les signes de ce qu’on désignerait aujourd’hui comme une communauté toxique, comme quoi tout cela n’a pas attendu internet, les blogs, twitter ou youtube.

Tout à ma découverte récente que j’ai vieilli, je me rends mieux compte que ce qui me froissait dans Mangazone tenait beaucoup à une question de générations, les auteurs abordant parfois la quarantaine (Patrick Marcel semble né en 1956, Jean-Paul Jennequin en 60 et Harry Morgan en 61). Aujourd’hui, par solidarité entre darons et pris par la gêne face à des pans entiers de l’oeuvre de Masami Kurumada (Mitsumasa Kido père génétique d’une centaine de chevaliers, les représentations racistes de Ring ni kakero!, les considération géopolitiques d’Otoko Zaka etc.), je me dis qu’ils n’avaient pas tort et que j’aurais dû suivre scrupuleusement leurs conseils de lecture - dans ce numéro que je n’avais pas trouvé à l’époque, Akuma Kun et, surtout, Kamui. Je me rends d’ailleurs compte à quel point, grâce à Viz notamment, les Américains ont profité de quelques perles - tout à mes versions laidement colorisées de Ranma 1/2, cela m’avait échappé.

Finalement ça ne m’aurait pas dérangé, de naître une vingtaine d’années plus tôt : ce que je lis aujourd’hui était déjà en partie accessible via l’anglais à l’époque - en plus s’approcherait aujourd’hui une retraite décente, promesse d’un mois de décembre libéré à temps pour profiter des érables rouges et du yen faible, pile avant que la hausse du kérosène et la force de conviction de Jean-Marc Jancovici ne me fassent renoncer à l’avion. Avec un peu de chance même, j’aurais pu visiter de justesse ce Japon fin Shôwa - début Heisei, celui de A Scene at the Sea, des Weekly Jump à la poubelle des stations de métro, de la PC Engine et de la R360, celui d’avant la vague touristique et de l’accélération de la mondialisation, bref celui qui continue de me fasciner et dont on ne peut capter aujourd’hui les échos qu’en contribuant à les faire disparaître pour de bon.