Je prends goût sur le tard aux Japanese Rail Sim de Sonic Powered et autres Railfan/ Train Simulator (Ongakukan), après n’avoir juré pendant 20 ans que pour Densha de Go!.

Est-ce la qualité des vidéos à l’époque ?, les artefacts jamais réglés de ces jeux qui se contentent de ralentir une vidéo quand on freine ?, ou simplement que Densha de Go! était le premier auquel j’ai joué ?

En tout cas j’apprécie aujourd’hui l’authenticité des trajets par rapport à Densha de Go! qui, malgré sa qualité graphique devenu incroyable, n’en demeure qu’une simplification de la réalité (malgré ce que j’avais pu développer à une époque).

La « réalité », même sous ou surexposée, est au contraire l’incroyable force des simulations dites FMV (pour Full Motion Video). Le Ferrovipathe (je ne connaissais pas le mot hier) sur le quai, les érables sur la ligne Eizan entre Kyoto et Kurama, cet accident que je suis sûr d’avoir surpris au bord d’une ligne que j’ai empruntée (impossible de retrouver le jeu en question), tel modèle de train désormais hors service, tout cela a existé, sans mise en scène.

Je me dis aussi que certains des usagers ou des travailleurs filmés lors de ces runs se sont reconnus, même floutés. Probablement pas ceux plongés dans leur téléphone, ni les petits vieux qui roulent en vélo le long des voies, mais le chef de gare qui attend au bord, le fan de train qui prenait une photographie ou un curieux qui a levé le nez au bon moment, repérant un appareil de prise de vue étrange collé à la vitre. Et qu’ils divulguent ce secret lors de confidences alcoolisées à des inconnus dans les bars, sur un forum caché derrière un pseudo, ou avec une fierté non dissimulée à leurs enfants après avoir ramené un jour, mutique, un jeu que personne n’avait réclamé.

Outre ces spéculations, d’une partie à l’autre, je ressens ce plaisir étrange d’une nostalgie d’un moment et d’un lieu étrangers, où « tout rest[e] exactement pareil. » Ces films interactifs sont comme des vitrines qui protègent les dioramas des vieux musées, ceux qui fascinaient Holden Caulfield dans l’Attrape-cœurs. Et je suis bien d’accord avec lui, y a des choses qui devraient rester comme elles sont. Faudrait pouvoir les planquer dans une de ces grandes vitrines et plus y toucher. Je sais que c’est impossible mais, bon, c’est bien dommage.