Pris d’intermitentes bouffées de nostalgie (souvent étonnantes, parce qu’il y a globalement peu à regretter de ces temps), j’ai racheté L’Univers des mangas de Thierry Groensteen, Jean-Paul Jennequin et Harry Morgan, témoignage d’une époque (1991) où il fallait constamment convaincre de l’intérêt même des mangas — ce qui me coûta le livre, jamais rendu par mon professeur d’arts plastiques de l’époque, qui n’en changea pas d’avis pour autant, mais en enchanta son fils, ce qui me faisait une belle jambe.

Je ne l’ai pas gardé, comme souvent mes achats récents, juste le temps de prendre quelques clichés (en cas de rechute), et de m’étonner de la liste des mangakas mentionnés : à vrai dire, auteurs comiques à part, tous les autres ont depuis été publiés. 

Bien sûr sont mentionnés Toriyama, Takahashi, Leiji Matsumoto, tous ces noms connus au moins par leurs adaptations télé mais aussi, déjà, Yoshihiro Tatsumi, Yoshiharu Tsuge, Sanpei Shirato, Maruo, Umezu, Chiba, Mizuki, Hirata etc.

Voilà ce qui m’étonne : pas tant le bon goût témoigné par leurs auteurs mais que la liste d’auteurs proposés soit aussi solide, à une époque d’informations aussi rares, au point que dans un fanzine aussi notable que Mangazone (n°4, 1992, dans lequel Jennequin et Morgan écrivaient d’ailleurs) on se désolait dans les pages du courrier de n’être qu’« à peine mieux renseignés que [les] lecteurs sur bien des points de la BD japonaise ».

Il est vrai que le Cri qui tue, en son temps, avait déjà pavé la route de solides références, que les Américains avaient déjà publié des choses, mais j’aurais pu gagner beaucoup de temps pour forger et entretenir mes goûts si j’avais lu ce livre plus conscieusement à l’époque, ce que semblent avoir fait nos éditeurs français qui se « contentent » finalement de les publier avec application depuis 30 ans (jusqu’aux Vents de la Colère). 

Note pour plus tard : je n’ai jamais trouvé de quelle série était tirée les dessins de la couverture, pas créditée dans le livre. A chercher une bonne fois pour toutes.