Les illustrations d’un jeu électronique fragmentent à la fois l’espace et le temps, proposant sur un rythme haché des instants séparés. 

Mais notre sens de l’ellipse nous permet de relier ces instants, et de construire mentalement une réalité globale et continue.

Chaque dessin correspond à un moment particulier, devenu immobile.

Entre eux, notre esprit travaille et rétablit les phases intermédiaires, créant ainsi l’illusion du mouvement.

Il s’agit évidemment d’un détournement de ce que j’ai pris longtemps pour un monument inamovible, L’Art invisible de Scott McCloud, et particulièrement des passages ci-dessous (pp 75 et 102).

L’analogie m’a toujours frappé à la lecture, même sans case dans les jeux LCD, et même si, en fin de compte, l’esprit ne construit pas d’image intermédiaire (merci Gueseuch pour la découverte).

Évidemment les planches de cristaux liquides ne partagent pas la richesse des bandes-dessinées (dans les jeux, il s’agit essentiellement d’enchaînements d’actions à actions selon la typologie de McCloud), même si ces séquences, B le remarquait jadis, ont le mérite de pouvoir se voir dans tous les sens, une image étant selon un contexte un pas en avant ou un mouvement en arrière, vers le haut ou vers le bas.