L'arcade, les juifs et les gangsters
Par Game A le 13 novembre 2024 - La Vie vs les jeux vidéo(s).15 minutes

Voilà longtemps que je voulais évoquer Le Jazz et les gangsters 1880-1940, de Ronald L. Morris (1980). Cette étude sociologique mettait en avant les liens et les affinités entre les jazzmen noirs et les gangsters, siciliens ou juifs, qui « ont apporté leur soutien commercial, leur amitié et leurs encouragements à des centaines et des centaines d’artistes de jazz en les aidant à atteindre une popularité qui leur eût autrement échappé » (p.13).
Ces mobsters ont ainsi joué les mécènes, des mécènes intéressés évidemment, puisqu’il s’agissait aussi de développer une offre différente de celle proposée par d’autres gangsters, irlandais ceux-là (et profondément racistes).
Déjà, en 2016, à la ressortie de l’ouvrage en poche et mis sur la piste par Yoshihisa Kishimoto (Road Avenger, Kunio-Kun, Double Dragon), pour qui « le jeu vidéo de l’époque, c’était du travail d’otakus vendu par des yakuzas »*, j’imaginais un lien similaire entre les jeux d’arcade et les yakuzas qui auraient aidé à développer le secteur. On croise en effet leur ombre dès le succès de Space Invaders (Taito, 1978) :
[…] les premiers vols de machines Space invaders remontent au mois d’août [1978] ! Des centaines de bornes sont ainsi subtilisées en un an dans tout le Japon. [Il] ne pourrait réellement s’agir de petite délinquance, car les bornes sont imposantes et pèsent plus de quarante kilos. La pègre locale est donc soupçonnée car il faut être suffisamment organisé (et équipé de petits camions) pour pouvoir subtiliser un tel mobilier. […]
Plus inquiétant encore, ce sont les groupuscules mafieux qui profitent du phénomène pour étendre leur champ de mauvaises actions (blanchiment d’argent, notamment). La pègre a tôt fait de remarquer que le business du jeu vidéo est bien moins contrôlé que celui du Pachinko. Ils s’en donnent ainsi à cœur joie ! Un étonnant témoignage du président de Nintendo de l’époque, Hiroshi Yamauchi, dans le journal Asahi Shimbun du 27 avril 1979, aborde d’ailleurs le sujet : « On voit débarquer ici des gens peu fréquentables pour acheter directement des bornes. Et quand nos employés n’ont d’autre choix que de les renvoyer, ils ont parfois peur pour leur santé ! Je crois que de puis la fin de la guerre, c’est le phénomène le plus important que nous ayons connu dans l’industrie de l’entertainment… »
Ce témoignage est précieux car il démontre à nouveau qu’en ce début d’année 1979, les fabricants de machines comme Taito ou Nintendo doivent traiter avec les yakuzas. Lorsque ces derniers n’obtiennent pas satisfaction, ils n’hésitent pas à utiliser la menace ou l’intimidation! Chez Taito également, de tels épisodes ont lieu relativement souvent ! Hirohisa Tsukamoto, un ancien employé de la firme, se souvient avoir régulièrement vu débarquer des hommes (et parfois même des lycéens) avec des sacs remplis de billets de banque et insister pour acheter une borne sur le champ !
Florent Gorges, Space Invaders Comment Tomohiro Nishikado a donné naissance au jeu vidéo japonais !, 2017, p159.
David Rosen (Rosen Entreprises au milieu des années 50, puis Sega Entreprises à partir de 1965) les évoque aussi dans une interview donnée en 1993 (Next Generation n°24, pp. 8-12, 1994).
NG: Several Japanese game companies have told of run-ins with the Yakuza - the Japanese mafia. Was this ever a problem for you?
David Rosen: It was probably less of a problem for us than it was for others. Actually, it was never a problem for us.
NG: Really? Do you think you were left alone because you were American?
David: Oh, definitely. Once, when we didn’t know any better, we opened a Photorama booth in an area of Tokyo called [Yūrakuchō]. What we didn’t realize was that one has to pay their respects to the local… uh… call them what you will. I hesitate to come up with a name. But you’re supposed to pay your respects and acknowledge that you are now doing this business in their, erm, domain. And we didn’t. We failed to do this, just out of ignorance. In this particular case, we didn’t realize that this particular party was so sensitive to the issue. He sent some emissaries to tell us of his displeasure. And so we made an apology, and one of our Japanese managers explained to him that we were, of course, a foreign company and very sorry we didn’t know better.
Évidemment, on ne peut pas attendre d’un dirigeant en exercice (il prendra sa retraite en 1996) une franchise totale sur le sujet et on ne comprend pas bien pourquoi cela poserait moins de problèmes à Sega qu’à d’autres entreprises, sinon qu’ils ont intégré les usages grâce à l’expérience de Rosen et pris garde à « témoigner leur respect » aux potentats locaux (de manière d’autant plus massive et systématique que « pas une ville n’avait pas de centre Sega » dans les années 80)…
De tout cela, j’ai l’impression que les Yakuzas s’intéressent évidemment aux jeux d’arcade par opportunisme, mais qu’ils ne sont pas allés jusqu’à ouvrir et gérer eux-mêmes des salles, sans parler de participer au financement du développement de jeux, se contentant a priori d’extorsions ou de vols. Il est probable que Yoshihisa Kishimoto parlait plutôt métaphoriquement, voulant dire que les patrons avaient des méthodes de voyous plutôt qu’ils appartenaient à la pègre. D’ailleurs, quand il est interrogé sur cet aspect de son patron, Kunio Taki, la question porte sur son appartenance à la mafia japonaise avant de se lancer dans le jeu, pas pendant qu’il était président de Technos (« Je n’en sais trop rien, il avait le physique du parfait yakuza et il me semble qu’il a également fait de la taule dans sa jeunesse, pour je ne sais quelle raison. Cela dit, à cette époque et dans l’industrie du jeu vidéo japonais, il y avait pas mal de types un peu louches et tous n’étaient pas forcément des mafieux. »*)
La mauvaise réputation des jeux d’arcade proviendrait alors plutôt des jeunes et de la petite délinquance visible que les salles attiraient que de leurs exploitants :
Aux abords de certaines salles, la sécurité des plus jeunes n’est également plus assurée. De nombreux adolescents frustrés d’avoir perdu peuvent se montrer violents ou n’hésitent pas à racketter les plus jeunes pour recommencer une partie à moindres frais. À partir du printemps 1979, la réputation des Invader Houses devient exécrable… Une expression naîtra d’ailleurs à cette époque et perdure encore aujourd’hui pour parler des salles d’arcade de l’époque : « furyô no tamariba », soit littéralement « repaires de voyous ». Il faut dire que les salles sont volontairement très sombres (pour éviter le reflet des néons sur les écrans gênant la lisibilité) et particulièrement enfumées, ce qui n’aide pas à leur donner une image « familiale ».
Florent Gorges, Space Invaders Comment Tomohiro Nishikado a donné naissance au jeu vidéo japonais !, 2017, p157.
Qu’il arrive, en système capitaliste, que les patrons montrent moins de moralité que ceux que la société désigne comme voyous (les très mal dénommées « méthodes de gangsters ») n’étonnera guère, et ce n’est pas à ce type de similarités que je pensais quand j’imaginais un lien entre les yakuzas et le jeu d’arcade. Pas plus que le fait que les salles attiraient « les collégiens, les lycéens, [qui] s’y rassemblaient pour discuter pendant des heures. fumant bien avant l’âge légal » (Yu Suzuki, Games n°7, p.56, 2015). Mon idée d’une filiation avec le rôle des gangsters et les clubs de jazz semblait donc une élucubration sans fondement, toutefois revenue par la fenêtre au détour d’une minuscule digression sur le blog d’Alexander Smith à propos d’Irving Bromberg (un des fondateurs de Service Games, qui deviendra après moult montages le Sega que l’on connai.ssait) :
Born in 1899 to Russian Jewish immigrants like so many of the early pinball magnates, Bromberg worked as a glass salesman as a young man and then served as president of the Greenpoint Motor Car Corp. in Brooklyn from 1923 to 1930 before leaving to establish a vending machine distributor called the Irving Bromberg Company.
Par « magnats du flipper » Smith devait penser à David Gottlieb et aux Stern père et fils. Outre Irving Bromberg et son fils Martin, en ajoutant Michael Kogan (Taito) et David Rosen (futur Sega encore), on voit que cela ne se limite pas au secteur du flipper mais à tout ce qu’on appelait à l’époque le marché de l’Amusement Machine.

Mon hypothèse serait que le secteur de l’arcade s’est construit d’une manière un peu similaire au nouveau divertissement qu’ont constitué les clubs de jazz aux États-Unis, et ce grâce à un nombre d’entrepreneurs juifs, peu nombreux mais surreprésentés par rapport à leur proportion dans la population globale. On pourrait objecter que mes exemples sont rares, mais ce secteur d’activités a lui-même été défriché par un tout petit nombre de commerçants, toutes nationalités, toutes origines et toutes confessions religieuses confondues.
Pas plus que Ronald Morris, je ne suis capable de proposer des statistiques et j’espère ne pas participer à un “ils sont partout” dont on a clairement pas besoin ces temps-ci. Je fais confiance au petit comité qui passe ici pour que personne ne se méprenne sur mes intentions.
Comprenons-nous : ce n’est parce qu‘ils étaient juifs qu’ils se seraient lancés dans le secteur, ce n’est pas non plus parce qu’ils étaient juifs qu’ils ont mieux réussi que d’autres (concernant le jazz, Morris fait des liens entre les cultures noires, juives et italiennes qui auraient permis une sensibilité musicale et comportementale proches, je ne serai pas aussi ambitieux ici) ; leur confession n’explique rien directement en elle-même.
En revanche, elle a joué un rôle indirect indéniable, à cause de la façon dont la société environnante percevait sa communauté juive : marginalisés parce qu’ils étaient juifs, ils étaient probablement plus que d’autres amenés à investir un secteur d’activités qui rencontrait lui-même une forme de désintérêt voire de rejet de la sphère dominante, et d’autant plus quand les professions qui leur étaient permises étaient limitées (comme en Allemagne, aux États-Unis…). Il en irait ainsi du secteur de l’amusement machine comme des jouets et même des comics :
Before and during the World Wars, the U.S. Toy Industry was new, unregulated, and devoid of institutionalized antisemitism (official or unofficial policies that restricted or prevented Jews from being admitted to college, hired in businesses, and government, for example) unlike some older and more traditional industries. This made it a place where Jews could pursue opportunities and support their families. The same held true for the emerging film and comic book industries, which got off the ground in the first decades of the 1900s.(Stephen Jacobs, « a brief jewish history of the toy and game industry in the United States »)
Bref ils ont tenté leur chance dans un secteur libre ou en déclin, et ceux dont nous parlons aujourd’hui l’ont fait d’une manière assez innovante pour persister (et là encore leur confession d’origine n’a rien déterminé, beaucoup d’autres avec la même religion ont pu échouer ; par contre, plus ils sont nombreux dans un secteur, plus les chances augmentent que l’un d’entre eux réussisse).
Si le judaïsme de Kogan n’explique donc rien de sa carrière et de sa réussite, en revanche, c’est bien son appartenance à la communauté juive qui a rendu possible ses études à Waseda, quand quelques officiels japonais cherchaient à donner des gages pour amadouer les juifs, en général et dans les territoires occupés en particulier. Lui que rien dans la tradition familiale ne semblait inciter à faire (en dehors d’une culture russe chevillée au gosier), Kogan a ainsi fini par faire carrière à partir de 1953, de la vodka aux jeux d’arcade en passant par les jukebox et les machines à sous, dans le monde interlope des bars japonais.**
Toutes les personnes qui ont vécu l’ostracisme ne sont pas devenus entrepreneurs, juifs ou pas, encore moins milliardaires en yens. Je ne prétendrai pas expliquer exhaustivement son trajet de vie et sa réussite. L’aisance de sa famille lui a permis d’étudier, il a également sûrement profité de l’aide pécuniaire de son père ainsi que de son expérience dans le commerce, au moins pour lui mettre le pied à l’étrier à l’ouverture de sa première entreprise à Shanghai et Tianjin.
Cependant, Kogan a surtout profité de la chance d’être étranger au Japon après sa défaite (un pays qui, pour la majorité de sa population, plaçait les juifs sinon dans le même rejet, du moins dans le même sac que les autres occidentaux) : après la guerre, l’import-export est interdit aux nationaux (Masumi Akagi, Game Machine n°254), laissant le champ libre à tous les immigrés. La désorganisation de la société, la disparition des rapports de force anciens dans un pays détruit et occupé font alors du Japon un monde d’opportunités commerciales à saisir, légales ou pas :
What they do for a living is in some cases a mystery. My best friend in the community, a New York veteran married to a beautiful sabra, left the country hurriedly when he was indicted for smuggling an enormous quantity of sugar. Few, if any, of the others are so clearly on the wrong side of the law, yet the distinctions between legal and extralegal are far from clear-cut in post-occupation Japan. A fast buck can be made and Jews, among many others, are not averse to making it.
(Arnold Wolf, « Tokyo’s Nipponese-Jewish Friendship League: The Emperor’s Brother Testifies to Israel’s Chosenness », 1953)
Il ne faudrait pas nier les mérites propres de Kogan pour autant : polyglotte par obligation (ce qui n’est déjà pas donné à tout le monde) mais aussi par goût, il a aimé passionnément le Japon, épousé parfaitement leurs manières et, racisé lui-même, su se préserver de toute attitude raciste envers les autres, ce qui n’est pas rien pour réussir dans un pays très sensible à la considération des autres. Sa résilience et sa capacité de rebond semblent des qualités qu’il a dû et su développer dans les trente premières années de sa vie, de la fuite d’Ukraine jusqu’à l’installation en Chine, de la vie dans les villes aussi cosmopolites qu’Odessa, Tian Jin et Shanghai à la relation avec les japonais, comme occupants puis comme partenaires.
La comparaison avec la thèse de Morris s’arrête là. Kogan (et Rosen et les autres) n’avaient rien de gangsters ayant enduré l’extrême pauvreté, bien au contraire pour Kogan, de même que la culture japonaise ne semble pas partager de connivences immédiates avec les manières expressives des Ashkénazes russophones.
Pour être complet, on devrait enfin mentionner l’effet d’entraînement et d’aubaine que peuvent favoriser les synagogues (ou tout autre lieu de rassemblement, communautaire ou pas) qui ne vont pas, à mesure des discussions, sans échange d’expériences, de contacts voire de mentorat. Il est ainsi probable que ce soit au Centre communautaire juif de Tokyo ou au « Chapel center » des Forces Alliées, que Kogan a rencontré David Rosen, la vingtaine et dix ans plus jeune que lui. Leur relation était en tout cas assez cordiale pour partager un même bâtiment à Tokyo à partir de 1955.
Voilà qui conclut tout ce que j’avais à dire sur Michael Kogan, après la question de sa caractérisation en « juif russe », son adolescence à Harbin et l’antisémitisme japonais inversé durant la guerre. Bravo à ceux qui ont supporté tous les posts (déso pas déso), et n’hésitez pas à corriger ce qui doit l’être.
* Florent Gorges, Yoshihisa Kishimoto - Enter the double dragon, p. 95, 2012, pour les deux citations.
** On trouve la trace sur le wikipedia japonais d’une arrestation de Kogan en juin 1941 pour jeu de mahjong illicite (c’était peut-être un moyen pour la police politique de justifier l’arrestation de son logeur, Masao Yonekawa, ancien professeur de l’académie militaire, traducteur de Tolstoï et Dostoïevski, soupçonné de sympathie communiste). Était-ce là le premier contact de Kogan avec le monde flottant du divertissement ? (Permettez une énième digression : trois ans auparavant, durant le procès de son ami l’écrivain Boris Pilniak qui aboutira à son exécution, le même Yonekawa était présenté comme un ennemi du communisme et un « représentant des services de renseignements japonais » par le régime stalinien. On est bien peu de choses face à la raison d’État.)
Source des photographies : pour la première, « 44 ans après son lancement… la recherche des origines du « Nagoya drop » ». La deuxième est tirée de la vidéo David Rosen 2023 Hall Fame Inductee. Faute de légende, d’après le sac d’un visiteur, la borne Geebee ainsi que d’autres photos où Rosen est habillé à l’identique (dont une, ci-dessous, où l’on voit les jeux Top Runner, Seesaw Jump et Heavyweight Champ), elle doit dater du 16e Amusement Machine Show à Tokyo, en octobre 1978. Je cherche encore l’identité des deux autres.

On peut s’en convaincre en feuilletant le numéro 108 de Game Machine (disposition de la borne Geebee, illustration de l’exposition). Space Invaders est sorti depuis 4 mois, Kogan a toutes les raisons de se réjouir.
Commentaires
J’ai tout lu !
C’est un peu compliqué le sujet des yakuzas dans les jeux vidéo, étant donné que ça repose énormément sur des on-dit et des témoignages de seconde main. Roy Ozaki balance pas mal à ce sujet dans The Untold History of Japanese Game Developers et un autre, anonyme, fait de même, mais ça se résume souvent à “si vous nous donnez pas une part du gâteau, on vous le fera payer”. Il y a aussi l’histoire du boss de Culture Brain, racontée par un ancien journaliste japonais parti vivre aux S, même si encore une fois le doute persiste un poil :
https://web.archive.org/web/2021110…
La suite dans les réponses :
https://web.archive.org/web/2021110…
Concernant les hommes d’affaires juifs, c’est une pure hypothèse mais je ne serais pas surpris que la diaspora ait joué en leur faveur dès qu’un marché impliquait plusieurs pays, soit par un phénomène de solidarité (j’ai découvert que des bretons faisaient de même dans un groupe Facebook il y a quelques années), soit parce que c’est un trait que leur prêtent les gens susceptibles de faire affaire avec eux.
En parlant des game centers de Sega, Yoji Ishii a indiqué dans une interview parue il y a quelques semaines que la boite en avait entre 1600 et 1800 au sortir de l’Invader boom. On comprend tout de suite mieux pourquoi l’arcade était un secteur important pour eux.
Merci infiniment pour ton commentaire et tes précisions ! Et ta résilience.
Je vais me plonger dans tes conseils de lecture !
N’y a t-il pas quelques coquilles de copier-coller dans l’article ? Dans la citation de Gorges, mais aussi en légende de la photo de Kogan avec Rosen (qui est celui qui fume le cigare ?).
Du reste, excellent article comme d’habitude, et je suis toujours réjoui de voir ce blog continuer à vivre. Bravo à vous.
Merci beaucoup de m’avoir signalé les grosses erreurs, j’ai rétabli les citations (ça m’apprendra à utiliser google lens par facilité) !
Merci aussi pour les encouragements, j’espère qu’on tiendra jusqu’aux 20 ans !