Dans leur dossier Sous les pixels la plage les meilleurs jeux pour passer l’été, la rédaction de Gameblog préconise entre autres jeux conçus réellement pour une consommation estivale fraîche, rapide, détendue, Big Bang Mini et Marche avec moi, le jeu avec les deux podomètres (50€).

C’est plutôt gonflé de leur part, aucun test de ces deux jeux n’étant disponible sur gameblog à ce jour. D’autant qu’il ne faut pas toujours croire les dossiers de presse, vérifier quotidiennement le nombre de pas effectués n’est pas une excellente idée pour connaître, en vacances, son propre rythme biologique (son quoi ?).

Car non, franchement, on ne peut pas honnêtement conseiller ce “jeu”. Dire qu’il est affligeant serait encore en-dessous de la réalité. Florilège :

  • La résolution de la 3D est si basse que les Miis sont hideux.
  • Les quelques boucles musicales deviennent rapidement insupportables.
  • Le podomètre est à peu près inutile sans console à portée. La seule information qu’il fournit passe par une diode, verte quand l’objectif de pas est atteint, rouge sinon. C’est court ; un écran ou quelques diodes supplémentaires pour estimer le nombre de pas n’auraient pas été de trop.
  • Pas la moindre trace de jeu dans le logiciel, même pas un Game & Watch comme dans DS Cooking, ou un mini Dr Mario comme dans Brain Training 2.
  • Le WPA n’est pas supporté alors que le jeu a été repensé avec les contraintes de la DSi en tête et qu’il est sorti en même temps qu’elle (selon la configuration des bornes wifi, on peut utiliser le navigateur web de la console mais pas les fonctions wifi du jeu).
  • Marche avec moi peut gérer jusqu’à quatre profils de marcheurs (chiens compris, deux autres podomètres vendus séparément). Mario incitant tous les membres de la famille à comparer leurs performances (voir les délicieuses publicités américaines), le premier joueur à s’inscrire doit renseigner son nom de famille… qui sera appliqué aux autres joueurs. Dans le pays magique de Nintendo, le concubinage n’existe pas, ni les divorces (et les femmes cuisinent et lavent le linge).
  • Le jeu n’aborde jamais frontalement la question de la dépense énergétique (calories ?) et de la santé, évacue toute prise en charge de l’activité physique elle-même (aucune proposition pour des étirements en fin d’exercice, aucune information sur la respiration, choses qui ne vont absolument pas de soi). Plus encore le jeu ignore totalement la notion de distance : nulle part on ne saura, même approximativement, la distance parcourue (ce que faisait le jeu d’Ubisoft). Seulement le nombre de pas.

Aucun système de coaching, aucune portée pédagogique, aucune incitation à améliorer ses résultats quotidiens (de surcroît pénibles à modifier : changer son objectif de pas se fait dans la même section que la modification de son profil et de son apparence).
À vrai dire, aucune incitation non plus à tenir ses objectifs (3000 pas par défaut, ce qui est vraiment très peu) : le jeu gratifie vos efforts de pauvres images pixelisées ! (Ma préférée pour l’instant c’est la tomate.)



Le jeu propose bizarrement deux cartes pour admirer ses bons points. La première, en 3D, est moche et peu pratique - images.

Marche avec moi est un ratage incommensurable et incompréhensible. Son développement a eu beau s’étaler sur plus de deux ans, rien n’y a fait. Ce jeu est essentiellement basé sur du vide : une fois les données du jour transmises et votre rythme “analysé” (“vous avez marché une minute plus tôt qu’hier”), plus rien à faire, ou si peu.

Malgré le battage médiatique, difficile donc en l’état de s’intéresser au bon côté du jeu, le voyage spatial : hier seulement 5209 joueurs participaient au classement “mondial” (il faudrait plutôt dire européen, le wifi était partiellement zoné).


Dans “Voyage spatial”, les pas de tous les joueurs sont cumulés pour atteindre de lointaines destinations (la Lune à droite).

Résultat : la zone européenne a atteint la Lune seulement hier soir, 42 jours après la sortie du jeu chez nous (mais en plein anniversaire de la mission Apollo 11…) alors que les Japonais l’ont atteinte en novembre, 15 jours après la sortie. Autant dire qu’à ce rythme et même si depuis le départ pour Mars les zones ont été fusionnées (51 462 joueurs ce matin) Neptune, à 6000 milliards de pas, ne sera jamais atteinte.

Malgré tout je l’aime bien ce logiciel, et le podomètre ne me quitte plus depuis dix jours. Léger, silencieux (le Pocket Sakura accompagnait la marche d’un tac-tac constant), à peu près précis (les vibrations dans une voiture ou un bus ne le trompent pas - mais un vélo si), il m’a fait découvrir un monde.

Je n’imaginais pas que s’épanouissait une telle vie dans le grand parc à côté de chez moi. Les couples et les familles heureuses s’y réfugient. J’ai découvert les différents types de foulées, l’énorme choix du rayon running des magasins de sport. J’ai découvert aussi que je pouvais courir une heure, ainsi que l’espèce d’abattement à chaque début de parcours, non, vraiment non, on ne tiendra pas alors que si, chaque jour non seulement on tient mais on court plus longtemps. Et puis ces minutes magiques où l’on ne sent plus sa douleur, le plaisir de croiser de belles joggeuses, le plaisir de trouver belles toutes les joggeuses que l’on croise, le soulagement immense enfin, quand la course est finie et que la diode clignote de la bonne couleur.
Quand bien même j’arrêterais de courir demain, les chaussures remisées au placard, le logiciel dans son bocal, je resterais longtemps redevable à Marche avec moi d’avoir été à ce point médiocre, si mauvais que le champ était libre pour s’ouvrir à autre chose. Il aura suffi pour cela d’une diode. Verte.