… en bouclant mes campagnes de pub 3 minutes avant de les livrer au client.

Je ne connais pas le nom de cet étudiant en psycho-socio qui a prouvé que les témoignages d’utilisateurs mettaient les gens en confiance et les poussaient à l’achat. Il doit bien exister, pourquoi sinon en subirait-on autant ?
En tout cas, il a dû se montrer très convaincant. Cependant, soit les publicitaires ne connaissent pas les conditions de production de ces recherches (inventées ou falsifiées l’avant-veille du dépôt du mémoire), soit ils désirent si ardemment vivre dans un monde merveilleux où de tels subterfuges feraient vendre qu’ils tombent eux-mêmes dans le panneau. Enfin, cette fois-ci, la naïveté n’explique pas tout.

Ubisoft a pourtant fait les choses sérieusement pour promouvoir Mon coach personnel : je garde la ligne. Un site, un dossier de presse de 90 mo, une figure d’autorité (Marie Marquis, nutritionniste), une caution politique (au Canada, l’institut de cardiologie de Montréal) et, surtout, un machin en plastique pour surfer sur la mode des périphériques.

Le jeu est en effet accompagné d’un podomètre. Évidemment, vu l’objectif annoncé du jeu (“garder la ligne”, suivez un peu !), c’est un atout ; enfin ça devrait.



Au premier coup d’œil, l’objet se révèle moche, rectangulaire et incroyablement encombrant.
L’argument sur la jaquette française n’arrange rien “connectez votre podomètre et vous saurez combien de pas vous avez faits”. Quel programme ! Comme si l’écran du podomètre ne l’affichait pas déjà…


Le logiciel utilise pourtant le podomètre de façon intéressante. Ici il compare les distances parcourues avec d’autres ordres de grandeur. Ici circuit de f1, ailleurs longueur de la muraille de Chine… Ça me rappelle le Pocket Sakura.

Revenons aux divers témoignages présentés sur le site officiel, et dans le dossier de presse). Prenons Pierre, 38 ans, agent commercial, qui donne son avis sur le site officiel :
Je suis sur la route en permanence, ce qui signifie que je mange très souvent au restaurant. Mon régime alimentaire ne faisait qu’empirer ! J’ai donc apprécié les conseils nutritionnels et les objectifs tout à fait réalistes qui contribuent à un mode de vie plus équilibré.
J’aime beaucoup sa façon de modaliser et de rationaliser son opinion j’ai donc apprécié. Le genre de types que je détesterais. Et quelle triste vie. Il y avait un réel besoin pour le logiciel d’Ubi, on nous en donne un autre exemple dans le kit de presse. Ainsi un autre Pierre, de 41 ans cette fois et homme d’affaires :
Dans le cadre de mon travail, je mange souvent au restaurant et j’ai adopté de mauvaises habitudes alimentaires. J’aime les conseils et les défis sur la nutrition, car ils m’ont aidé à trouver un style de vie plus équilibré. Le podomètre est amusant et me motive à sortir pour faire un peu d’exercice, même quand la température n’est pas clémente. Toute ressemblance…



Entre le site et le dossier de presse, Jeanne a non seulement perdu du poids, mais aussi 7 ans. Par contre, et c’est moins marrant, elle a aussi perdu son travail.

Je vous épargne Laura, mère de famille, 38 ET 42 ans, enseignante ou pas : elle raconte deux fois la même chose (bla bla fantastique), seule la photo diffère. À noter tout de même : Laura lui a piqué sa dernière phrase dans le dossier “…je l’ai toujours avec moi”.

Comme quoi il n’y a pas qu’à la faculté que les études sont bidonnées au dernier moment : les publicitaires font pareil.