J’ai relu le Temps de Botchan (éditions du Seuil) pour le truc d’à côté, et un passage me semblait parfait pour illustrer mes histoires de geta.

Malheureusement, tant la qualité de l’impression que l’imprécision de la traduction ne me permettaient pas d’être vraiment sûr de comprendre le passage (les types de socques de bois et de sandales de paille sont traditionnellement très nombreux — est-ce l’apparition des semelles à l’occidentale qui suffit à rendre le tout incohérent ? Ou l’était-il déjà ? Et c’est quoi cette histoire/métaphore du bambou occidental ?).

Sur ces entrefaites, j’ai découvert que le triste éditeur historique de Taniguchi en France reprenait actuellement la parution du titre. Pas de chance, c’est le 5e tome qui m’intéresse, pas encore annoncé (le tome 4 est attendu pour octobre). 

Une mention m’a quand même étonné, « en sens de lecture occidental », alors que l’édition du Seuil l’était déjà. Il ne m’aura pas fallu longtemps pour découvrir le pourquoi de la précision :

En 2011, Casterman avait déjà entamé la republication de la bd « traduite une première fois en français à partir de 2002 dans une édition (trop) discrète, cette oeuvre forte est ici proposée en sens de lecture occidentale, dans le cadre de la collection Écritures. » L’horrible collection Écritures.

Taniguchi s’était fait une raison semble-t-il, depuis Quartier lointain (Benoit Peeters, L’homme qui dessine: Entretiens avec Jirô Taniguchi, 2012, p.118):

J’ai d’abord dit ma préférence pour le sens de lecture japonais, mais Fréderic Boilet m’a expliqué que pour toucher le public auquel cette histoire [Quartier lointain] pouvait s’adresser, il fallait absolument adopter le sens de lecture occidental. J’étais d’accord sur le principe, mais je restais très inquiet du résultat car les tentatives précédentes — notamment pour Le journal de mon père — étaient loin de m’avoir convaincu. […] La première édition de Au temps de Botchan, publiée aux éditions du Seuil, était d’ailleurs en sens original japonais.

La médiathèque du coin n’avait pas cette version pour vérifier le massacre (et apprécier les différences de traduction), et de toute façon le cinquième et dernier volume, promis en 2012,  n’est jamais paru !

Comme quoi, malgré les découpages/inversions de cases, le succès n’en a pas été plus retentissant.

La version en cours de publication, qui reprend a priori la traduction d’Emilie Nogaro d’il y a 15 ans, “gagne” un nouveau lettrage, assez impersonnel, et des onomatopées francisées surajoutées aux cases laissées à l’identique, donc avec leurs onomatopées japonaises, là où le Seuil et la collection Écritures avait fait l’effort — et payé en conséquence le lettreur — pour redessiner les planches.

Ps : le Seuil n’est pas totalement vertueux non plus, ils ont quand même bizarrement inversé l’ordre de publication des tomes 2 et 3, ordre rectifié dès la publication chez Casterman.