Nintendo + lolcats
Par Game A le 14 février 2011 - Ça dénonce grave.2 minutes
Occupant l’univers médiatique comme il peut, Nintendo fait parler de lui en Espagne depuis jeudi. L’AFP relate aujourd’hui que l’Agence espagnole de protection des données vient de faire coffrer un « pirate informatique espagnol » à Malaga : pauvre Nintendo, qui « a été victime d’une tentative de chantage » d’après LeMonde.fr.
Devant la gravité de l’affaire (« une base de données de l’entreprise, contenant des informations personnelles sur 4 000 clients espagnols »), on comprend que le journaliste ait préféré l’indicatif à un prudent conditionnel passé (« aurait été victime ») ; l’heure était grave et la compétence de la courageuse police ibérique a évité la publication de cette liste en seulement huit jours (l’immonde intrusion aurait eu lieu dimanche 6).
Il suffit pourtant de connaître le savoir-faire de Nintendo en matière d’internet pour s’étonner devant la présentation si anxiogène de l’affaire : on parle tout de même d’une boite qui oblige à rentrer sa carte bancaire à chaque achat de points en ligne. Dans ces conditions, le potentiel de nuisance du pirate ne pouvait être que limité, ce qu’une rapide recherche permet de confirmer.
Outre que le vilain pirate, adan_gecko, clame sa bonne foi, l’expression de « base de données de l’entreprise » du Monde.fr est quelque peu abusive : il ne s’agit que d’une base de données de joueurs inscrits sur le site promotionnel ¡prueba y verás! développé pour Nintendo par 8media. Ce site mis en ligne depuis une dizaine de jours* proposait des invitations pour tester la 3DS avant sa sortie. Pour cela (et à condition d’avoir au moins 16 ans), on pouvait inscrire son nom, son code postal, sa date de naissance et un numéro de téléphone. Voilà le butin qui a failli ébranler Mario.
Devant ce pauvre site qui utilise des images pour afficher du texte, on sera peu étonné d’apprendre que (d’après adan_gecko) la grave faille de sécurité « ne nécessit[ait] aucune connaissance informatique particulière, contrairement à ce qu’ont affirmé ensuite les médias et Nintendo Espagne lors d’une conférence de presse. » Bien loin des « techniques de hacking » dont parle ABC, la faille se résumait « à une page d’administration du site sur laquelle aucun identifiant ou mot de passe n’étaient nécessaires ». Développeur web, ce métier déconsidéré.
Outre le ridicule un peu consommé de l’affaire, on pourra retenir qu’il n’y a pour l’instant que 4000 Espagnols pressés de tester la 3DS avant sa sortie fin mars.
Je serais Nintendo, c’est précisément l’information que j’aurais préféré cacher.
* Le nom de domaine a 33 jours aujourd’hui (source), tandis que le site officiel Nintendo.es rapporte son existence le 2 février.
Commentaires
Bwahaha ! J’ai pas vu venir la chute. ^^0b
C’est lui qui m’a volé mes points étoiles du Club Nintendo ?
Mon compte n’arrête pas de diminuer alors que je n’achète rien.
Game B: Il me semble que le solde qui diminue vient du fait que les étoiles les plus anciennes se périment… leur durée de vie est éphémère !
Comme de vraies étoiles, en fait. C’est ça que Nintendo appelle la “réalité augmentée”?
“Occupant l’univers médiatique comme il peut, Nintendo fait parler de lui en Espagne…”
Tu auras beau dire ce que tu veux, cette technique fonctionne puisque tu en parles, et que tu reparles de la 3DS.
Une preuve de plus, pour les derniers qui en doutaient, que Nintendo est définitivement plus doué en marketing qu’en core business…
(et pour les esprits maléfiques, je précise bien que je n’ai pas dit qu’ils étaient nuls en core business mais simplement qu’ils étaient meilleurs en marketing).
@Ouaicestpasfaux : je parle et reparle de la 3DS pour la seule raison que je compte me l’offrir en mai. ;)
Pour le marketing par contre je ne te suis pas, ils sont piteux, cette petite aventure en est une belle illustration.
@Ouaicestpasfaux : L’argument “parlez de moi en mal ou en bien, mais parlez de moi ça me fait de la pub” c’est bien un truc cynique de marketeux.
Je crois que c’est plutôt la piètre excuse d’incompétents qui ne maîtrisent pas leur communication qu’un vrai plan de communication autour d’un produit.
@Game A : Tu te fais pas un cadeau. Moi, si on me reprend ma Wii et mes DS qui bouffent tout mon budget Swifer, je veux bien une 3DS.
@Game B : C’est la magie du marketing.
Dès lors que tu ne vends pas un produit haut-de-gamme mais un produit de grande consommation, le cynisme marketeux (comme tu l’appelles) fonctionne.
Que tu parles en bien ou en mal d’un produit (m’enfin, pas qu’en mal tout de même), le simple fait d’en parler l’installe dans l’inconscient collectif comme un produit légitime, surtout lorsqu’il est adossé à une grande marque déjà bien implantée.
En gros, il vaut la peine qu’on en parle -> il vaut sûrement la peine qu’on l’achète ou au pire, qu’on s’y intéresse : il suscite l’intérêt.
Combien de mères de famille à court d’idées pour l’anniversaire du fiston, combien de pères divorcés souhaitant faire plaisir à leur gamin sur leur temps de garde vont “inconsciemment” se tourner vers la 3DS ?
Après, effectivement, ce genre de comm est peut-être davantage due à une incompétence notoire chez Nintendo qu’à une stratégie réfléchie.
Il n’en reste pas moins que d’un point de vue marketing, ce n’est pas optimal certes, mais c’est pas mal quand même.
Triste époque.