L'art au cabinet
Par Game A le 16 novembre 2011 - Ça dénonce grave.11 minutes

Ubisoft ne néglige rien pour séduire le plus grand nombres de personnes avec Assassin’s Creed. Afin de rendre plus crédible le contexte historique d’Assassin’s Creed 2 (AC2) et de Assassin’s Creed Brotherhood, deux universitaires spécialistes de la Renaissance, Margaret Meserve puis Marcello Simonetta, avaient ainsi rejoint les rangs de l’armée de contributeurs à la série.
Il faut les plaindre : les historiens font partie d’une étrange coterie comparable en hermétisme et en intransigeance aux Assassins et aux Templiers dont la lutte à mort constitue le noyau de la série d’Ubi ; à la différence que le crédo des historiens est la recherche méticuleuse de la vérité, quand les Assassins répètent que « rien n’est vrai, tout est permis »*, programme que le scénario d’une abyssale bêtise s’efforce de réaliser.
Qu’un jeu s’amuse avec l’Histoire n’est évidemment pas le problème : toute reconstitution historique rigoureuse serait de toute façon une chimère (la rigueur imposerait au contraire d’accepter que les incertitudes sont trop nombreuses). Le problème est que les deux Assassin’s Creed cherchent à jouer simultanément les cartes du scénario décomplexé et du détail historique : à la base on ne demandait rien, mais puisqu’ils s’en prévalent, on pouvait s’attendre à mieux. Prenons l’exemple des peinture dans le jeu.
Quand je disais qu’Ubisoft voulait séduire tous les publics, ils ont même pensé aux joueurs de Wii. AC2 possède en effet un mode d’acclimatation parfait mélangeant la colonie à reconstruire de Xenoblade et le musée d’Animal Crossing. Tout ce qu’il faut pour oublier sa nostalgie de la wiimote et de ces jeux où l’on n’égorge pas un passant en appuyant par mégarde sur le mauvais bouton.

Afin de se préparer un petit salon chaleureux, on peut acheter des œuvres célèbres de la Renaissance dans toutes les villes que l’on traverse, et c’est cool de se payer un Vinci pour 20 florins : c’est un investissement plus sûr que les navets, et on a l’impression d’être à la pointe de la critique d’art. Manque de chance, c’est précisément sur ce point que le jeu se révèle particulièrement léger.
AC2 se déroule essentiellement sur 23 ans, entre 1476 et 1499. Le souci du calendrier y est méticuleux, les dates souvent fixées au jour près (ce qui ne manque pas d’être impressionnant). Or il est étonnant de constater que le même soin scrupuleux n’a pas été apporté à tous les secteurs du jeu : des 30 toiles que l’on peut acheter, dix ont ainsi été exécutées bien après 1499.
C’est le cas de toiles de Vinci (Leda et le Cygne, peinte en 1508 et Saint Jean-Baptiste, produit après 1513), de Titien (l’Amour sacré et profane - 1513, la Vénus Anadyomène - 1520), jusqu’à une peinture du Corrège, 1530 tout de même.
Si on prend en compte l’année durant laquelle on peut acheter les toiles, c’est plus de la moitié d’entre elles qui sont anachroniques. Par exemple, on peut obtenir le Printemps dès 1476, alors qu’elle ne sera peinte par Botticelli qu’en 1482. Le foisonnement artistique de la Renaissance fournissait pourtant assez de peintures majeures dans l’intervalle des aventures d’Ezio di Auditore.
Par ailleurs, le choix des œuvres dans le jeu est parfois curieux. Par exemple, si la présence des toiles de Vinci s’impose étant donné la célébrité de l’artiste et son importance dans le jeu, pourquoi choisir précisément deux ébauches plutôt qu’une Vierge aux rochers (1483) ?
L’adoration des mages et Saint Jérôme, entrepris par Léonard vers 1481-1482.
De la même façon, pourquoi l’anachronique Portrait de Francesco Delle Opere et pas un autre tableau du Pérugin ? Et pourquoi deux portraits de Frédéric de Montefeltro ?
À droite, un des deux tableaux consacrés à Montefeltro. Pur hasard, Simonetta a écrit un bouquin sur un complot auquel le duc d’Urbin aurait participé.
On saisit mal les critères qui ont présidé à la sélection de ces toiles. Leur choix a-t-il été conditionné par les musées (les Offices notamment) que l’équipe créative a pu contempler pendant son voyage de préparation ? On aurait préféré qu’ils soient le résultat d’une réflexion esthétique sur la place de ces peintures dans l’histoire de l’art.
La même frivolité se retrouve dans les descriptions des tableaux, souvent trop lapidaires pour être justes. Leurs informations sont même largement datées, les historiens de l’art ayant invalidé l’attribution d’un portrait à Léonard de Vinci depuis plusieurs années maintenant.
Erreur d’attribution : le Portrait d’une dame a été peint par Giovanni Ambrogio de Predis, un élève de Vinci. Dans le jeu, c’est aussi un exemple de tableau anachronique (produit en 1490 mais disponible dès 81).
Ces approximations répétées ont fini par se voir puisque l’équipe de Brotherhood s’est échinée à en supprimer méticuleusement les traces.
La villa Auditore est ainsi détruite par les armées du pape au début du jeu, cabinet de peintures avec. Si des toiles de Vinci sont sauvées des flammes par les Templiers, ce n’est pas le cas des deux tableaux postérieurs à 1500, Leda et le Cygne et Saint Jean-Baptiste, qui brûlent opportunément avec la maison**. Le tour est joué.
Au début du DLC La disparition de Vinci, Ubisoft corrige également l’erreur d’attribution du Portrait d’une Dame : Salaï, l’élève préféré de Vinci, aurait menti pour le vendre plus cher à un marchand.
Enfin, dans Brotherhood, les toiles de Raphaël que le joueur pourra collectionner sont toutes exécutées entre 1500 et 1507, soit l’intervalle durant lequel se déroule le jeu.
Ces signes manifestes de bonne volonté n’ont malheureusement pas empêché Ubisoft de se louper lamentablement avec le seul portrait qu’il ne fallait pas rater, La Joconde.

Le célébrissime tableau s’était pourtant fait désirer. Sans doute trop connu pour l’inclure dans AC2 (l’anachronisme aurait sauté aux yeux, après tout, Lisa -Gherardini- Giocondo est née en 1479, et Vinci n’entame son portrait qu’en 1503), le portrait a dû apparaître comme une valeur ajoutée décisive pour le DLC de Brotherhood (La Disparition de Vinci donc, qui se déroule en 1506).
Le joueur n’est pourtant pas récompensé de sa patience et de ses 8€. L’ébauche de La Joconde que l’on découvre dans l’atelier de Vinci étale surtout à quel point le graphiste d’Ubisoft a manqué le sens ou les enjeux de l’œuvre, réduite à des teintes, une pose et un sourire.
Ce sourire justement, qui barre un visage sur lequel ne sont portées que des ombres. Il est outré, caricatural, ce qui donne l’occasion à Ubisoft d’un aparté raté comme il en a le secret**. Une esquisse qu’on attribue à Vinci montre pourtant une Monna Lisa bien différente : la jeune mère tient un rameau symbolique et a encore des sourcils que le temps ou un peintre effaceront bien après la mort de Vinci. Par-dessus tout, elle ne sourit pas.
En effet, le sourire n’a dû apparaître que tardivement dans la genèse de l’œuvre. C’est que le sourire de la Joconde, s’il n’a pas le mystère dont on le pare, est par contre tout à fait révolutionnaire : avant lui, seuls deux portraits osent montrer un modèle souriant, tous deux d’Antonello de Messine : encore l’un n’est-il qu’esquissé (1474), quand l’autre est plus grimaçant que souriant (1470).
Vinci invente le sourire dans la peinture européenne, dans un temps où les convenances le réprouvent : sourire, c’est manquer de contrôle sur soi. Il est donc fort probable que Vinci n’ait peint le sourire qu’après avoir décidé de garder le tableau pour lui, sans le livrer à son commanditaire, Francesco Giocondo (à moins que Giocondo l’ait refusé justement à cause du sourire ?).
L’arrière-plan pose également problème. Il est d’abord très approximatif. Par ailleurs, comme le sourire, ce décor fantastique est tardif : d’après Daniel Arasse, il participe lui-aussi à rendre ce tableau « scandaleux » :
Aujourd’hui c’est le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, mais en 1503-1505, c’est un tableau inadmissible. Pourquoi ? Voilà un bon bourgeois florentin, et pas n’importe qui, qui commande au plus grand peintre du moment le portrait de sa femme parce qu’elle lui a donné des enfants, et ce peintre lui présente, comme portrait, une jeune femme qui sourit, ce qui est incorrect, toute proche de nous, […] et ensuite il la plante devant un paysage pré-humain affreux, terrible. Or, comment voulez-vous qu’un mari souhaite voir sa femme charmante, aimante, qui lui a donné deux enfants, devant un tel paysage et non pas devant des prairies, des arbres et des petits oiseaux, ce qu’on trouve dans les fonds de portraits de Raphaël contemporains de Léonard.
Dernier problème, les couleurs maronnasses de l’ébauche, très proche sur ce point du portrait tel que nous le connaissons aujourd’hui, assombri par son vernis (le voile qui recouvre son épaule à droite est ainsi déjà opaque). Or, au milieu du XVIe, Vasari louait au contraire leur vivacité :
Les yeux ont ce brillant, cette humidité que l’on observe pendant la vie; ils sont cernés de teintes rougeâtres et plombées qu’on ne peut rendre qu’avec la plus grande finesse ; les cils qui les bordent sont exécutés avec une extrême délicatesse. […] Le nez, avec ses belles ouvertures roses et délicates, est vraiment celui d’une personne vivante. La bouche, sa fente, ses extrémités, qui se lient par le vermillon des lèvres à l’incarnat du visage, ce n’est plus de la couleur, c’est vraiment de la chair.
Ces couleurs, le travail de Pascal Cotte et son équipe a permis de les retrouver en 2006. Les résultats, fascinants et dérangeants, ont fait le tour du monde, sans arriver jusqu’à Ubisoft manifestement.
La Joconde dans ce DLC de Brotherhood a donc été produite à partir d’une reproduction contemporaine, sans aucune réflexion sur la génétique du portrait, ce qui n’est clairement pas la bonne méthode pour recréer une ébauche. Comment ont-ils pu se montrer si dilettantes avec ce monument de la peinture mondiale, alors même qu’ils en font le premier moment fort du DLC ?
Cet exemple contient en fait tous les paradoxes du traitement historique dans Assassin’s Creed. Sur certains détails très visibles qui auraient pu renforcer considérablement l’effet de réel et l’impression de reconstitution, le jeu montre une paresse incroyable. Marcello Simonetta, un des consultants, a beau jeu de signaler qu’il a fait abandonner l’idée anachronique des gardes suisses protégeant le pape Alexandre VI. Il y a des détails plus essentiels que d’autres.
* Ezio est traité d’« ennemi de la connaissance » par un hermétiste à la fin du DLC La Disparition de Vinci. Ezio répond, dans une sorte d’éloge de la bêtise démocratique, que « la recherche de la vérité doit rester un choix ».
** à la fin du DLC La disparition de Vinci, celui-ci annonce à Ezio sa volonté de recommencer un Saint Jean-Baptiste en prenant Salai pour modèle. Quant à Léda, pas besoin : l’original a de toute façon lui-aussi été perdu.
*** « je sais bien que ce portrait est raté. Et ce sourire, impassible, figé [la version anglaise dit meaningless]. » Ubisoft devrait éviter ces clins d’oeil appuyés destinés au joueur, ils tombent chaque fois à plat (Ezio qui invente le café latte, la fin de AC2, etc.)
Le texte de Daniel Arasse provient de Histoires de peintures (Folio essais, 2004). Les images proviennent de gamepressure, Assassin’s Creed Wikia, fr.assassinscreed.wikia et Envydream. Le walkthrough de Ath0r64 sur le DLC de Brotherhood m’a bien été utile. A propos, le premier chapitre de ce DLC, un coup de dés jamais n’abolira le hasard, est nommé d’après un poème de Mallarmé (1897). Je me demande encore pourquoi.
Relevé des tableaux commercialisés par année dans AC2 (entre parenthèses, date réelle approximative d’exécution, les titres en gras sont anachroniques) :
1476 : Saint Chrysogonus (Michele Giambono, 1450), Madone à l’enfant (Filippo Lippi, 1452-1453 ou 1465), La Cité idéale (Francesco di Giorgio Martini ou Piero della Francesca, vers 1470), Saint François en extase (Giovanni Bellini, 1475), Frédéric et Guidobaldo (Piero della Francesca, 1475), Le baptème du Christ (Andrea del Verrocchio, 1475), Annonciation (De Vinci, 1475-1480), Le Printemps (Botticelli, 1482) , Pallas et le Centaure (Botticelli, 1483), Dame à l’hermine (De Vinci, 1489–1490), Portrait d’un musicien (De Vinci, 1490), Francesco delle Opere (Pérugien, 1494), Saint Jean-Baptiste (De Vinci, 1513-1516).
1478 : La Naissance de Vénus (Botticelli, 1485), Les Trois Grâces (Raphaël, 1504-1505), Eve (Dürer, 1507), Leda et le Cygne (De Vinci, 1508, détruit), La Fornarina (Raphaël, 1518-1519), Jupiter et Io (Le Corrège, 1530).
1480 : Frédéric de Montefeltro (Pedro Berruguete, 1475), Simonetta Vespucci (Piero di Cosimo, 1480), Portrait d’une Dame (Vinci Amborgio de Predis, 1490), Vénus endormie (Giorgione, 1510), Vénus au miroir (Mabuse, 1510), Vénus Anadyomène (Titien, 1520).
1481 : Saint Jerôme dans son cabinet de travail (Antonello de Messine, 1474), Saint Sébastien (De Messine, 1476-1477), Adoration des Mages (De Vinci, 1481), Saint Jérôme (De Vinci, 1482), L’Amour sacré et l’Amour profane (Titien, 1513-1514).
A propos de ces tableaux, j’ai ignoré le lieu d’exécution et le commanditaire. Tous ces tableaux étant réalisés sur commande, on était de toute façon dans la licence artistique de la part d’Ubisoft.
Commentaires
Pourquoi toutes ces erreurs ? Et bien tout simplement parce qu’elles n’en sont pas puisque “rien n’est vrai, tout est permis”.
Faut suivre un peu, ils sont vachement plus cohérents que ce que tu crois :)
Plus sérieusement, c’est très intéressant. Bravo pour ton article et ta curiosité/culture. Sur la Joconde, c’est tout simplement passionnant.
En revanche, si ces erreurs et ce flagrant manque de méticulosité est à blâmer, je ne pense pas que ça ait gâché l’expérience de jeu de beaucoup de joueurs (en tout cas, moi, je ne m’en suis même pas aperçu, je suis une bille en peinture).
@Ouaicestpasfaux : content que ça t’ait plu.
Je suis un joueur Wii sinon tu sais, je me suis trop fait rouler par Rounard pour ne pas développer des trucs pour détecter les faux tableaux. :3
Là (source) par exemple c’est un faux. Je crois.
Passionnant !
Surprenant paradoxe que cette obsession du contexte historique et le manque de rigueur dans le détail de son rendu. C’est aussi flippant car on sent qu’on peut ignorer les détails historiques sous couvert d’un loisir, et ensuite présenter ces jeux comme autant de produits culturels (ça aide pour les subventions).
J’enregistre cela comme un reproche supplémentaire à une boîte qui ne démords pas des DRM, et qui ne fait aucun suivi sur ses jeux buggés (Child of Eden, Scott Pilgrim).
Super article, en effet !
Assassin’s Creed me fascine aussi pour ce sens du détail, des instants de haute érudition, qui cohabitent avec les pires aberrations imaginables… même si c’est assez anecdotique, ici !
Et bravo, maintenant, je regrette de ne pas avoir casqué pour le DLC, j’ai l’impression d’avoir loupé des trucs.
Le choix des œuvres, même anachroniques, peut peut-être s’expliquer par l’envie de montrer les plus connues ? Je ne suis pas un gros crack de la peinture italienne, mais j’étais content quand je les reconnaissais, je me sentais culturé et tout ! Ou alors, les musées ne voulaient pas les laisser mettre certaines toiles — je crois qu’ils peuvent s’y opposer, même si c’est du domaine public.
Pour le sourire, c’est peut-être un peu fort : beaucoup de peintures et sculptures, dans l’Antiquité déjà, représentaient des modèles souriants (c’était même une convention pour les kouroi, par exemple). Mais ok, depuis que le Moyen Âge était passé par là, ce n’était plus trop la mode…
Oh, et puisque le sujet a l’air de t’intéresser, je te suggère la lecture d’un ouvrage d’André Chastel, Chronique de la peinture italienne à la Renaissance, présenté sous forme d’enquêtes tournant autour de diverses œuvres. :)
Ce genre d’articles commençait à me manquer :’)
Sinon en tant qu’historien, même étant aussi un bon geek qui respecte plus la cohérence du jeu qu’autre chose, par moment, moins chez AS, on a envie de se flinguer.
Punaise, je me sens beaucoup moins bête d’un coup. Merci ^_^
Superbe article, ça faisait longtemps que j’avais envie de relire un texte comme ça !
C’est effectivement assez surprenant de voir que les Assassin’s Creed peuvent à la fois toucher au sublime comme au bâclé dans leur réalisation… Recréer les villes passées, l’architecture… Et négliger l’art, dans le contexte de la Renaissance ?
Si l’histoire de l’ébauche de la Joconde est vraiment poussée (mais vérifiable par quiconque, comme tu nous le prouves ici, donc par Ubi aussi ;) ), on ne peut pas en dire de même pour la date des tableaux. Un problème qui aurait été excessivement simple à régler avec Wikipédia, puisque l’histoire du jeu est parfaitement calée dans le temps… Bref, des erreurs stupides qui font dire que les développeurs ont le sens du détail, mais vraiment pour le vernis de surface, pas trop en profondeur…
@6π : merci pour l’indication du bouquin, je le lirai sans faute !
Sur le sourire inventé par Vinci, j’ai remplacé “occidentale” par “européenne”, ce sera peut-être moins trompeur. C’est vrai que je ne pensais pas à ces sculptures, je suivais l’idée d’Arasse, qui pensait à la civilisation européenne et chrétienne.
Merci à tous pour vos gentillesses, je pensais plus être accueilli à coups de cailloux. :)
Très intéressant. Je me souviens lors de ma partie, j’étais tout jouasse de voir qu’on peut vraiment acheter des tableaux incroyables et se faire un musée de l’impossible. Et puis finalement, j’ai topé La Bataille de San Romano qui est mon préféré du quattrocento, et tout aussi impossible à acheter que les autres, tout ça pour découvrir qu’il n’était absolument pas (dans mes souvenirs) à l’échelle. Meh
Sinon love éternel à Daniel Arasse <3<3
La bobox t’inspire ! J’attends une analyse critique de Deadly Premonition du même acabit.
Très interessant. Je n’ai pas joué aux Assassin’s Creed, mais mon frère y joue, il m’a aussi parlé de problèmes concernant les Borgia(s).
J’ignorais complètement que la série jouait sur le côté “culturel”, et puisque c’est le cas, ils auraient pu apporter un peu plus de soin aux dates et aux commentaires de tableaux!
Pour les couleurs de la Joconde, ça me choque moins, non pas que tu aies tort (au contraire), mais je pense qu’ils ont du vouloir s’adresser au grand public qui se serait dit “Hé ! C’est pas les bonnes couleurs pour la Joconde, elle est marron normalement”.
Il faut reconnaître que malheureusement peu de personnes feront l’effort d’aller voir plus loin que le jeu, et si c’est le cas, ce seront certainement des amateurs déjà éclairés.
Justement, si leur objectif est de s’adresser au grand public, la moindre des choses serait de le tirer vers le haut et non pas de s’abaisser vers lui.
Accessoirement, c’est une bonne occasion d’intéresser les gens à la peinture (par exemple) en leur apprenant des choses qu’ils ne savaient probablement pas sur des oeuvres que “tout le monde” connaît. Les couleurs de la Joconde est un exemple.
Et même si je vois mal Ubi se risquer à placer des commentaires d’historiens de l’Art sur les oeuvres, ce ne sont pas les options de narration qui auraient pu intégrer ces connaissances comme moyens de faire le pont entre le personnage contemporain et ses avatars à capuche qui manquent.
Article hautement intéressant !
Je ne suis pas fan d’assassin’s creed, et le serai encore moins après ces erreurs.
Superbe travail ! C’est toi qu’Ubi aurait dû embaucher ;)
Je me range toutefois dans le camp du verre à moitié plein. Même si un soupçon de rigueur historique eût été bienvenu (mais n’est-ce pas le travail des experts mandatés par Ubi ?), la présence d’une invitation à mieux connaître l’histoire de l’art est louable et apporte une dimension supplémentaire au jeu et à son univers.
Et puis, ce n’est pas la première fois – ni la dernière – que Mona Lisa est malmenée par un jeu vidéo. Sega lui avait en son temps infligé (à elle comme à d’autres) une tripotée de tourments dans une scène du jeu (?) Switch.
Outre un recadrage assez violent, la pauvre Joconde subit entre autres une ascension sexualisée de la face nord et quelques déformations sympathiques.
(Et donc je n’ai apparemment pas compris comment fonctionnait le bloc code.)
J’aurais une suggestion, mais comme je n’ai joué qu’aux deux premiers opus, sans DLC, je n’en connais pas la validité.
Toutes ces erreurs ne pourraient-elle êtres des réminiscences, une projection des souvenirs et connaissances de Desmond dans le monde virtuel créé par l’Animus ?
Peut-être la mémoire génétique n’est-elle pas suffisante pour reconstituer pleinement certaines scènes, et l’Animus piocherait dans la vision que Desmond a de l’Italie du XVième siècle.
Comme Desmond n’a rien d’un historien - pour rester courtois ^^ - cela n’a rien d’étonnant de trouver une Joconde aux couleurs sombres ou un Leda et le Cygne quelques années avant sa réalisation.
Cela expliquerait également le “It’s-a me, Mario” qu’un Desmond, vieux gamer Nintendo, n’a pu s’empêcher d’injecter au sein de l’Animus.
Maintenant, peut-être suis-je trop naïf à chercher une raison diégétique à toutes ces erreurs. L’explication qui veut d’Ubisoft ait bâclé sa copie paraît bien plus crédible :-D
Au final, il en reste un article qui a su m’intéresser, moi qui ne connaît rien à la peinture et l’Art en général. Cependant, je savais déjà que la Joconde avait changé de couleurs au fil du temps :P
Et sinon, il t’a plu le jeu ?
Personnellement, j’ai hâte de tester Revelations car, au-delà de ses errances historiques comme scénaristiques, je trouve que la série n’a fait que s’améliorer en terme de mise en scène et d’aventure (diversité des quêtes, phases de plate-forme dans les cathédrales, appel des assassins qu’on a formés etc).
Malgré ses défauts évidents, j’ai toujours pris un grand plaisir à jouer les AC.
@Cédric :
Tu es effectivement probablement trop gentil avec Ubi mais j’aime beaucoup l’idée!
@Ignis : malheureusement, on ne peut plus ajouter directement une image à partir du formulaire, mais je peux corriger après coup. ;)
Même si un soupçon de rigueur historique eût été bienvenu. En fait le soupçon y est : j’ai été bluffé de prime abord (d’autant qu’on m’a prêté un jeu sans version française du coup j’y ai joué en italien -contemporain, ça le faisait). Pour reprendre ton image, parfois le verre est plein et parfois complètement vide. J’aurais préféré un entre-deux constant.
@Cédric : Comme Pixoshiru, j’adore ton idée ! Si tu leur envoies, je suis persuadé qu’elle serait intégrée dans les prochains jeux (dans une sorte d’erratum discret comme celui sur le tableau de Predis).
@Ouaicestpasfaux : le scénario, à mesure qu’il confirmait mes craintes, m’a tout gâché après la moitié. J’ai trouvé le complot/histoire de l’humanité tellement nul… Comme j’ai fait tous les achievements, je ne me suis épargné aucune de ses nuances, ça n’a pas aidé.
Par contre, me balader à Florence (et à Venise qui m’a moins plu, je trouve qu’ils ont échoué à reproduire la folie/bizarrerie/ambiance de la ville), c’était vraiment génial.
@Game A : Tu vas adorer te balader à Rome dans Brotherhood alors !
Ce que j’aime dans AC, c’est la dualité qui existe entre l’incarnation virile d’un héros sûr de lui et tout-puissant d’un côté et le désenchantement qui suit chacun de ses assassinats de l’autre.
Le mec est imbattable, ultra-fort, épis d’idéaux dans un monde qu’il trouve injuste et pourtant… A chacun de ses meurtres, il se rend compte que sa cible croyait, elle aussi, faire le bien ou protéger de nobles intérêts. J’aime la façon dont la complexité de la cohabitation entre gens de rangs sociaux, religions, civilisations et intérêts différents tisse une toile moins manichéenne que les convictions stupides des héros.
Ils se pensent légitimes dans leurs actions mais sont dans un monde qui les dépasse et qui, derrière leur apparente maîtrise et noble quête de justice, leur fait comprendre qu’il est des conflits inévitables et des causes qui valent peut-être qu’on prenne un peu de recul avant de trancher des gorges à tout-va (même si, pour le besoin du jv, on tranche à tout-va quand même).
Bravo, super de développer un thème finalement rare : le jeu vidéo étant vaguement considéré comme le 10e art, il aurait été judicieux de rendre hommage au 3e art en évitant au moins les anachronismes.
C’est vrai qu’en général, on passe trop rapidement sur ces détails en négligeant l’intérêt qu’une cohérence approfondie peut apporter. De façon générale, les développeurs ne doivent pas oublier que l’immersion dans un jeu ne se fait pas nécessairement parce que les graphismes sont magnifiques, mais avant tout parce que l’univers respecte une logique (réaliste ou propre au jeu) cohérente.
Tout ceci est vrai, ceci étant, je trouve un peu grossier d’en faire une critique du jeu, alors que clairement son objectif n’est pas de respecter à la lettre l’histoire de l’art à la renaissance. C’est choquant pour un oeil averti, peut être, mais faut pas exagérer non plus.
Ce qu’on ne pourra jamais enlever à cette série, d’un point de vue historique, c’est justement de donner à certains joueurs l’envie d’approfondir leur connaissances historiques. Ce fut mon cas, et même si après de nombreuses lectures, de nombreux documentaires, j’ai pu m’apercevoir que beaucoup de choses étaient très très très arrangées, j’ai trouvé sympathique l’arrangement qu’Ubisoft a pu faire sur des faits historiques réels. C’est inédit dans le milieu des JV, et pour une fois, on ne pourra pas enlever l’aspect éducatif d’un jeu vidéo :)
PS : J’ai suivi des études d’art, loin d’être passionné et ultra conservateur, je ne suis pas offusqué par ces anachronismes.
@6π : « Et bravo, maintenant, je regrette de ne pas avoir casqué pour le DLC, j’ai l’impression d’avoir loupé des trucs. »
C’est marrant, j’essaie de lire un bouquin sur les hermétistes de la Renaissance (France A. Yates, Science et tradition hermétique, 6€), et du coup le DLC Da Vinci prend encore plus de sens. Un bon point pour Ubi. Et comme le disait @Ouaicestpasfaux, on hésite encore davantage sur le bien-fondé des actions et des assassinats d’Ezio, les hermétistes cherchant ouvertement l’amélioration du sort des hommes.
@Imrage : je ne suis pas en désaccord total avec toi sur le fond même si je “n’exagère” pas il me semble, et que ce n’est pas l’arrangement des faits historiques réels qui me gêne quand ça sert le scénario du jeu. Ce n’est pas le cas de ces peintures.
Et puis, comme je cours désespérément derrière les sujets et que le scénario était trop risible pour me tenir éveillé, fallait bien que je m’occupe.