J’ai toujours bien aimé Q-Games, même si jusqu’ici c’était pour de mauvaises raisons : leur patron se nomme Cuthbert (ça ressemble à Q*Bert, c’est bien la classe) et puis je les confonds constamment avec Q-Entertainment (dirigé par Tetsuya Mizuguchi, le gars qui a développé Rez et produit Meteos sur DS). Enfin ce Cuthbert est un ancien d’Argonaut, le studio anglais qui s’est fait sucer la moelle, la compétence puis quelques employés par Nintendo, à l’époque de la puce Super Fx et de Starfox.

Avec leur nouvelle production sur DSiWare, Art Style: Intersect, j’ai enfin une bonne raison de les apprécier.

Intersect est l’adaptation d’un jeu gba sorti au Japon en 2006, dans la collection Bit Generations (Orbital, Soundvoyager) : Digidrive. Rapidement soldé, le jeu n’a pas reçu un accueil très enthousiaste à l’époque, comparé aux autres jeux de la gamme (développés, eux, par Skip) ; son gameplay relativement obscur n’aidait pas beaucoup il faut dire.

Il aura donc fallu une nouvelle commercialisation pour que je sorte finalement Digidrive de son emballage et que j’en comprenne les règles : on y ventile la circulation de trois types de véhicules à un carrefour, pour en empiler au moins 5 identiques dans une file puis les convertir en fuel. En fait c’était plutôt simple (mais aussi gai qu’un échangeur autoroutier).

En cassant une file, on transvase son stock de carburant dans les files constituées restantes (plus exactement on le multiplie à partir de deux files), stock que l’on enflamme avec un propulseur aux apparitions intermittentes (on peut l’appeler jusqu’à 3 fois avec le bouton A). On éloigne ainsi un noyau d’un piston menaçant constamment de Game Over. Évidemment la vitesse d’écoulement des véhicules accélère à mesure qu’on augmente ses réserves (surtout quand on enclenche le mode overdrive, dès que l’on accumule quatre files), on fait des erreurs stratégiques, on crie, on perd… la vie quoi.

Dit comme ça, ça ne paraît sans doute pas génial génial, et pourtant c’est diablement efficace. D’ailleurs, après avoir passé quelques heures sur Digidrive en une semaine, j’ai acheté sa version DSiWare, par curiosité et pour prolonger le plaisir. Et parce que vous mourez d’envie d’en connaître les différences.


Les véhicules cumulés dans une file apparaissent maintenant sous forme de pastilles à côté de la route (à gauche). Sur gba (à droite) il fallait compter les traits, c’était moins évident.

Intersect a le bon goût de ne pas être une reprise au pixel près comme tant d’autres sur DSiWare. Les changements sont superficiels mais tout a été refait. Par malchance, le résultat est globalement moins réussi :

  • L’avancée du piston occupe désormais un écran (en haut ou en bas selon la maniabilité choisie), et paradoxalement la situation est moins lisible : il faut détourner l’oeil et risquer l’accident (le double écran est de toute façon la plus mauvaise idée du monde) ;
  • le sprite du piston a été refait, et pour le coup ça ressemble davantage à une piste de curling ;
  • le plus gênant est sans doute cet espèce de rémanence autour des sprites (un peu comme sur Game Boy quand un objet allait trop vite). Tout semble un peu flou, ce qui est très inconfortable quand on avait l’habitude de jouer sur Game Boy Micro.


La qualité des images lâchées par Nintendo donne une idée involontaire du léger flou du jeu.

À part ça le jeu est beaucoup plus lent en mode normal (au point d’être ennuyeux) et légérement plus facile en mode versus (l’I.A. est moins incisive en expert : j’ai gagné). Il y a tout de même un ajout notable (deux avec la possibilité de jouer au stylet, mais je n’ai même pas essayé) : le niveau de fuel maximum a été multiplié par 2 pour atteindre 20 unités, ce qui permet d’envoyer le noyau à plus de 30 000 mètres en un coup.

Enfin, comme tout bon DSiWare qui se respecte, le jeu est moins fourni que la version originale. Le nombre d’habillages moches est ainsi limité, sept au lieu d’une quarantaine. Rien de bien grave donc, l’essentiel est là : un mode score infini et le jeu à deux (contre l’I.A. ou via le téléchargement DS). On peut quand même regretter l’absence d’un classement “mondial” : on atteint les scores nécessaires pour débloquer musiques supplémentaires et habillages moches assez rapidement, et la motivation peut manquer pour se replonger dans cet enfer urbain.

Art Style: Intersect, sorti le 2 octobre en Europe et en Australie, DSiWare, 500 points (5€). Digidrive est sorti le 27 juillet 2006 sur Game Boy Advance, 2000 yens à l’époque (environ 15€) avec une très jolie boite.