Je m’intéresse rarement à un sujet sans acheter trop de choses le concernant : chaque article sur la manette s’est immanquablement accompagné d’un tas de bouquins ou de goodies (ce qui aboutit, à chaque désencombrement, à tout revendre)(toujours à perte, à bas le capitalisme).

Si je ne cherche pas encore à me procurer une pièce de slot game Taito avec Michael Kogan côté face, ou un des albums de clichés de son fils, je suis tombé ce mois de septembre en plein dans les Machine Robo — ou Robo Machines ou Gobots pour nous.

Certes plusieurs choses m’ont mené sur cette voie : avoir grandi en bavant sur les robots die-cast des années 80 ; avoir aimé jouer avec Gold Lightan dans Tatsunoko vs. Capcom (j’aimerais bien qu’il ressorte dans une compilation)(ou parvenir à configurer l’émulation sur mon Steam Deck) ; suivre un peu les rééditions récentes de Chogokin en espérant une bonne affaire (jamais), hésiter par dépit devant le prochain Rubiks Cube transformable, dont la tête moche s’avère être l’œuvre d’un designer industriel émérite (Kazuo Oishi, qui a conçu plusieurs Gobots justement - Vampire, Pathfinder - et des jouets Sentai - Maskman, Liveman, à en croire son fond de compte twitter).

Le vrai déclencheur est cependant une tentative de bafouille autour de Virtual On et du designer Hajime Katoki. Faute de trouver un joli Virtuaroid dans le commerce à prix décent, et après hésitation devant certains Gunpla Ver.Ka (pour « version Katoki »)(cela veut dire notamment avec de longs tibias et des centaines de décalcomanies à poser sur l’appareil), cela m’a amené à m’intéresser davantage au métier de mecha designer, depuis Katoki donc jusqu’à Kunio Ōkawara (Gundam, Ideon) et au designer industriel en coulisse qui en fait un jouet commercialisable. C’est ainsi que le nom de Katsushi Murakami m’est apparu et donc que j’ai acheté un livre le concernant, puis un second, et je découvre son implication dans beaucoup des choses que j’ai connues, appréciées, parfois désirées depuis tout jeune : le scaphandre d’X-Or, le Biorobo et justement, plus récemment, Gold Lightan.

Au gré des recherches, j’ai reconnu des jouets que j’avais reçus, mais bizarrement mon intérêt ne se porte ni sur eux, ni sur ceux que je désespérais de posséder (parce qu’alors je craquerais mon PEL pour le Biorobo DX et le Biodragon, ou pour racheter Denziman, Pathfinder ou Leader-1)(je n’ai pas de PEL mais en vrai j’ai failli). Non, je préfère compulser les petites annonces de jouets que j’ai soigneusement dédaignés à l’époque : des Robo Machines DX, des Rocklords, et même le Machine Buffalo pour la seule raison que j’ai désormais un nom de designer à lui apposer (Kazuo Oishi donc, pour le dernier).

J’apprécie par dessus-tout ce qui a été produit entre 1982 et 1984, par Popy puis Bandai ; dernières années du die-cast, solidité et transformations astucieuses, design de la tête du robot, voilà pour les raisons intrinsèques. Plus que mon enfance (parce qu’alors je préférerais retrouver ce que j’ai eu non?), je les soupçonne de m’évoquer un certain Japon Shôwa, symbole d’une puissance économique en avance technologique pour celui que j’étais, et image nostalgique d’un pays idéalisé pour celui que je suis aujourd’hui.

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À l’époque, comme beaucoup d’autres, j’étais plutôt Transformers que Robo Machines. Ce genre de prise de position consumériste, aussi vaine que sincère, préparait quelque part la guerre des consoles à laquelle j’allais passionnément participer quelques années après.

Les Transformers d’Hasbro, de prime abord plus séduisants, forts d’une aide médiatique très au point, c’était la Playstation de Sony.

Les Robo Machines, cela me semble évident aujourd’hui, étaient plus simplistes apparemment, moins chatoyants assurément, mais n’en restaient pas moins plus robustes, astucieux et très élégants dans leur ingénierie. Bref c’était la Saturn des années 80, à laquelle je n’ai su alors donner mon suffrage.

Comme quoi non seulement on ne gagne toujours ses combats, et qu’on ne choisit pas chaque fois le bon côté.

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Passant probablement trop de temps sur les sites de seconde main, je découvre que certains des premiers Transformers sont dits « made in France ».

Takara envoyait-il les moules en France pour les produire ? (Est-ce parce qu’aujourd’hui la désindustrialisation et à la délocalisation sont si générales que je m’étonne que des entreprises françaises en aient eu le savoir-faire dans les années 80 ?) 

Ou bien la législation d’alors définissait-elle moins strictement la notion de fabrication nationale ? (Produire le carton d’emballage sur place suffisait-il ?) 1983 c’est en tout cas le début de la « taxe magnétoscope » (arrêté du 22 octobre 1982 par Laurent Fabius, Ministre du budget), donc une période où les importations japonaises étaient accusées de fuite de devises.

Si j’arrive à convertir le temps passé sur Vinted en recherches plus sérieuses et moins vaines (encore que), je chercherai également ce que désigne ce « 1974 » (la création de la filiale française d’Hasbro ?).