EW_iphone.jpgDans le bordel de l’appstore, sous l’onglet “productivité”, on peut trouver EpicWin. L’application permet de transformer les tâches quotidiennes en autant de quêtes payées en points d’expérience et butins de guerre; pour être enfin récompensé d’avoir descendu ces ordures.

Ce qui est fait n’est plus à faire

Pour sa propre santé mentale, notre cerveau nous cache l’ampleur de nos devoirs. Il nous en présente moins d’une dizaine à la fois pour ne pas nous terroriser.
On peut cependant tromper cette sécurité grâce à un large choix d’applications dédiées à la gestion des listes de corvées (“to-do lists”). Faire l’inventaire et hiérarchiser ces informations permet une procrastination active. C’est ce premier pas qui compte; mais aussi celui qui coûte, vu le prix que peuvent atteindre certaines des applications les plus complexes (comme OmniFocus à 15,99 euros).

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A faire : une liste de trucs à faire (50xp)

Des logiciels élaborés aux multiples paramètres se battent donc dans la section “productivité” d’iTunes. Rien que la dénomination du genre est elle-même une promesse d’être un homme meilleur et enfin rentable. Mais une fois adoptées les applications deviennent vite ce chef de service qui en fout pas une, mais qui sait très bien ce que doivent faire les autres.
On finit donc par les ignorer l’un comme l’autre, pour ne pas avoir le courage de s’en débarrasser (dans le parking, avec une pelle).

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A faire : jeter l’anneau dans le volcan pour le vieux barbu relou (300xp)

EpicWin gagne déjà la bataille de la présentation avec graphismes travaillés et adaptés à un univers où les corvées vont se changer en quêtes de fantaisie héroïque. La première d’entre elles sera de franchir les étapes d’un tutorial de tâches basiques (“appuyez sur ce bouton pour modifier le nom de la quête et gagner 50 points d’expérience”). On apprend ainsi comment faire la liste des activités pénibles, leur associer une date limite ou pas, une répétition dans le temps (jour, mois…), leur champ de compétence (force, intelligence, volonté), et on juge soi-même de la récompense en expérience; de cinquante à trois-cent points.
L’utilisateur à le choix de quatre avatars (le cinquième est payant) : le nain, l’amazone, le squelette, et le guerrier. Il peut les renommer, en changer à tout moment, et choisir d’en privilégier un ou de les faire tous levéler à tour de rôle; en gardant la même liste de tâches.
La résolution des corvées fait augmenter lentement les niveaux de compétences, mais aussi se déplacer le héros le long d’une route. Il y trouvera régulièrement les butins légendaires d’une mystérieuse collection en ombres chinoises.


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Si EpicWin est un jeu, le joueur peut tricher à tout moment en s’attribuant des sommes folles pour chaque chaussette mise. Il peut même devenir un imposant guerrier en quelques heures de quêtes fictives et de fausses déclarations.
Le logiciel ne fonctionne ainsi qu’en tant que compromis entre l’utilisateur et les coups de pied au fesse de sa propre conscience. On se met en fait soi-même des petites tapes de reconnaissance, que le logiciel met en images et en histoire en utilisant les ficelles bien connues des joueurs de RPG. Tout ça n’a de sens que si ça peut aider à se motiver à avoir le courage de s’y mettre.
Pour l’instant l’application est muette et souffre de bugs sur certains appareils, pour un prix qui ne doute de rien. Quand les auteurs auront fini de râler (à propos de l’application FaceBook et de ses mises à jour quotidiennes qui encombrent les tuyaux de validation d’Apple), leur update sera certainement disponible avec le son et sans les premiers défauts de jeunesse.

EpicWin, édité par Supermono Ltd sur l’appstore, en anglais uniquement, 2,39 euros, 11Mo. Version testée : 1.0.
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