Des années qu’on nous bassine sur la prétendue humilité du bonhomme. Qu’il est sympa, et toujours simple hein, comme la fois où il s’était déguisé en Link. Un type formidable.

Depuis quelques mois pourtant, les Iwata Asks témoignaient ici et là de son caractère impitoyable. Sa récente entrevue avec Wired le dévoile dans toute sa bassesse. En seulement trois réponses, ce qui est une belle performance. (Photo : David Cheung pour Wired.)

pwned Gunpei Yokoi

Wired: La manette traditionnelle est-elle morte ? [le journaliste dit joystick mais doit confondre]
Miyamoto: Et bien, étant celui qui l’a inventée, je ne vais sûrement pas en dire du mal ! Ce que nous essayons de faire est de développer des interfaces plus simples, plus attirantes pour le grand public. Toutefois nous avons fait un pari très risqué en développant la Wii remote.

Depuis quand a-t-il inventé la manette traditionnelle ? De mémoire, vous confirmerez, il n’a apporté “que” les boutons sur la tranche de la Super Nintendo. Et cette affreuse manette de l’affreuse Nintendo 64, avec sa croix analogique complètement pourrie[1].
L’inventeur du moustachu est très stalinien à refaire ainsi l’histoire en effaçant l’apport d’autres personnes.

Changement de sujet

Wired: vos titres les plus importants [je souligne] ressemblent plus à des logiciels qu’à des jeux.
Miyamoto: Wii Fit est pour moi un outil de communication pour la famille. C’est un nouveau type de loisir [“play” = jeu] qui vous rend plus conscient de votre corps et de son bien-être. Vous pouvez appeler cela un jeu [“game”], mais en dernier ressort, c’est une sorte de divertissement interactif.

Soit il n’a pas compris la question, soit il bullshite. Soit les deux.

Ad personam

Wired: Nintendo est une entreprise énorme aujourd’hui. Comment maintenez-vous un contrôle qualité [de tous vos jeux] ?
Miyamoto: Je rappelle constamment à mes game designers l’histoire des personnages et des mondes que nous avons créés. Souvent, alors que nous sommes en développement, je leur dis “on dirait un jeu Sega. Faisons-le ressembler davantage à un jeu Mario.”

Mais bon dieu, que vient faire Sega dans cette galère ?
La plupart des sites qui ont repris cette assertion ont relevé la perfidie, mais ont peu fouillé son sens. Après tout, c’est quoi un jeu Sega ? Un jeu où les personnages et les mondes dans lesquelles ils se déplacent seraient inconséquents ou incohérents ? Franchement, depuis toutes ces années, ça ne m’avait jamais sauté aux yeux.
Venue d’un type qui balance un personnage en salopette et groles en cuir explorer des galaxies, cette remarque est juste complètement imbécile.

Et puis moi, au contraire, j’aurais tendance à regretter que les jeux ne ressemblent plus assez à ces anciens jeux Sega (y compris les jeux développés par Sega aujourd’hui), comme le résumait UK Resistance, dans leur campagne “ciel bleu dans les jeux vidéo” : par exemple, “à partir de maintenant, tout le monde porte des chaussures rouges” (ou bleues). Et plus ces affreuses groles en cuir.