MARIO BROS.
Par Game A le 8 juillet 2007 - Now playing.2 minutes
La première fois que je l’ai vu, ce jeu m’avait paru magique. C’était il y a des années, aux débuts de la NES ; j’étais enfant ; c’était bien.
Il tournait sur un petit téléviseur, dans une sombre boutique d’électronique, à Bonn. Le magasin donnait directement sur le Rhin. Dans mes souvenirs, la nuit était déjà tombée, tout était noir, sauf les quelques téléviseurs en marche ; l’hiver sans doute.
Le fond noir, l’eau en bas… En y repensant le décor du jeu reproduisait celui de ma vie, au moment même où je le regardais, comme une parfaite mise en abyme ; des correspondances alchimiques se sont opérées là, qui finalement m’ont rendu ces quelques dizaines de seconde seul devant la démo de ce jeu inoubliables, uniques.
J’ai eu un coup de foudre.
Ces jours-ci, j’y ai enfin joué, à ce Mario Brothers, dans la collection Famicom Mini sur GBA, gentiment ramené par Game B du Japong. Mais pour moi, c’est comme une déception amoureuse.
Évidemment, ce jeu je l’aimais sans le connaître. Je n’y avais même pas joué, alors cette semaine la décristallisation a été franche.
Mario, je l’imaginais vif, souple, réactif, c’est un lourdaud, lent au démarrage et qui dérape à chaque arrêt. Je le voulais bien dans sa peau, c’est un chieur psychorigide (pour sauter, il faut lui imprimer une direction avant, sinon il saute à la verticale, ce qui dans ce jeu ne sert à rien pour sauver sa peau, les plafonds étant trop bas pour éviter un ennemi de cette manière ; et une fois qu’il a sauté, pas question de changer la direction, c’est trop tard).
Pas facile non plus de revenir sur l’amour inconditionnel que je portais à Gunpei Yokoi. Comme Metroid, auquel j’ai essayé de jouer après avoir terminé la Mission zéro sur gba, Mario Bros. est un jeu poussif, triste voire oppressant. Autant le dire, pas un bon jeu.
Pourtant la déception n’est pas totale, et c’est le plus bizarre à accepter.
Emballé trois fois, cartouche bicolore comme l’originale sur Famicom. trop beau pour être vrai.
Le packaging est très soigné et le jeu lui-même, identique à mes souvenirs ; il n’a pas bougé d’une ligne, il s’est même enrichi de quelques options (mode veille, sauvegarde des high scores). Tout y est, tout ce qui a fait naître mon désir y est encore déposé, à se laisser approcher, sûr de lui et de ses effets. Mais moi je n’y suis plus. Mon regard a changé, et je me sens coupable d’avoir prêté à une apparence des propriétés qu’elle n’avait pas.
Comme si la jeune fille palpitante, fraîche, aimable et neuve de la veille, s’était révélée être une vieillle du Barry, endormie, frivole et trop fardée.
Commentaires
C'est très joliment écrit. :)
Merci, c'est gentil.
Par contre, après un petit échange avec Game B, promis, j'arrête de pourrir l'ambiance à faire des billets cryptiques sur mes déboires sentimentaux du moment.
À la place, je parlerai de la Game Boy Camera ou de KISS, ça au moins je sais que ça vous plait :)
ah non n'arrêtes pas c'est juste génial ...bien écrit et émouvant (si, si je te jure)
un truc qui n'a rien à voir, je viens de finir Super Mario Land 3: Warioland, et je ne sais pas si tu l'as fini mais y a clin d'oeil à la gueguerre qui se trame entre la RD1 de gunpei et l'équipe de miyamoto ...Wario vient juste de botter le cul aux pirates, le chateau des pirates s'écroule et on découvre alors une énorme statue en or de peach, Wario ne sent plus de joie et à ce moment là Mario arrive en avion et embarque au bout d'un grappin la dite statue, fait un salut à Wario et se tire laissant le pauvre wario tout seul comme un con ... bref ... ça finit bien malgé tout puisque Wario va enfin avoir son château mais le clin d'oeil était sympa
Pareil que Ampir, ce blog reste un espace privé, t'es chez toi, vous avez la gentillesse de nous inviter, et en plus la lecture est agréable. Pour une fois qu'on peut parler de jeux vidéo autrement qu'en termes techniques... Keep on being sentimentaaaaaaal...
Pixo.
(ps hors sujet: Hey, merci pour le message, Game A, je ne me souvenais pas avoir linké mon blog ici. :) Ravi que le contenu te plaise! Teuchousse!)
(Tu ne l'as pas fait, et je te lisais avant ça.)
L'oeil de Moscou... °__O