Une séquence pornographique est cachée dans cette publicité. La trouveras-tu ?

Rentrons finalement dans le coeur du sujet. La Game Boy Camera permet de prendre des photos (j’avais oublié de le dire la dernière fois). Enfin de photos, entendons-nous, il s’agit plutôt de timbres postes de 128 pixels par 112, en 4 niveaux de gris. Bien sûr ça ne fait pas lourd, mais c’est bien plus riche qu’il n’y paraît de prime abord.

Déjà, les possibilités de prise de vue sont nombreuses : réglage du contraste, de la luminosité, inversion horizontale, verticale, déformante de l’image, vignettage de l’écran (qui peut être splitté en quatre maximum, répétant un même cliché, ou des prises de vue successives), retardateur, prise de vue panorama (le logiciel affiche le bord de l’image précédant pour réussir des raccords), possibilité de prendre de courtes vidéos (muettes) en minutant les prises de vue. Le tout complété de diverses options de modifications, de dessin, de quelques tampons, vous avez un micro-laboratoire de purikula (en moins drôle).
Pour une fois, Mario n’a pas été chiche, c’est foisonneux jusqu’au foutraque, mais ça j’en ai déjà parlé.
Mais oui, ok, 128 x 112 pixels. 14 136 pixels, en 4 niveaux de gris. Quel intérêt quand tous les appareils photos numériques en ont plusieurs millions, en couleurs ? Restez, je vous en ai trouvé un. Un bon.

Les génies marketing de Nintendo ont nommé l’intérêt du machin dans leur publicité : la funtography. Bien sûr J’aurais vu la pub avant, jamais je n’en aurais acheté. Maintenant que j’en utilise, “fun” est bien le dernier mot qui me vient, tellement le logiciel est pénible (au fait, je vous ai dit que la musique était insupportable ? Non ? Décidément…). Ce n’est absolument pas “fun”, c’est à l’inverse laborieux au possible (pour les prendre, pour les récupérer sur l’ordi, ah tiens, il faudrait en parler de ça), pour des résultats décevants souvent, jolis parfois….

En fait, la Game Boy Camera, ce n’est pas fun pour un sou, c’est hype. Exactement le credo de la lomographie.

Ce mouvement photographique tire son nom de la marque (Lomo) des appareils soviétiques que les “lomographes” utilisent. Ces appareils sont d’assez mauvaise qualité, et ils sont justement utilisés pour cette raison : les “limites” techniques de l’appareil seraient autant de signes d’une (soi-disant) prise de distance par rapport aux canons (soi-disant) castrateurs de la photographie (les contrastes, le sujet, le cadrage, etc.).
Une de leurs devises est justement qu’à l’inverse d’un appareil numérique récent, coûteux, mais dont la plupart des clichés part directement à la corbeille, un Lomo est un appareil rudimentaire et bon marché mais qui produit des photos précieuses, uniques (du fait des “règles” contournées et de l’originalité des clichés - cadrage dû au hasard, effet tunnel sur les bords de l’image, saturation des couleurs en utilisant un autre réactif au moment du développement, objectifs spéciaux, genre le fisheye).

Je ne vous cacherai pas que je suis très influençable et que depuis que j’ai lu cette formidable critique, la lomographie, j’aime moins ; mais que, par contre, la Game Boy Camera, j’aime d’autant plus, car elle ne coûte en effet que deux sous (contrairement aux Lomos désormais vendus à prix d’or), et qu’elle applique finalement à la lettre les principes de la lomographie.

Tellement que je me demande si ce ne sont pas les lomographes qui ont chippé le vieux slogan de la Game Boy (“Et vous, où jouez-vous avec le vôtre ?”) pour en faire trois de leurs règles d’or (“Prends ton Lomo où que tu ailles”, “”Utilise-le tout le temps - jour et nuit”, “La lomographie n’interfère pas avec ta vie, mais en fait partie”).