Dieu dit “Que la lumière soit” et la lumière fut. Quelques jours après, il chargea Adam de nommer toutes les choses qui peuplaient l’Eden : parlant la langue de Dieu, les noms qu’Adam leur donna coïncidaient tellement avec les choses, que prononcer le mot, c’était faire apparaître la chose. Pratique. Le paradis quoi.
Et puis bon, vous savez, la chute, Babel. L’humanité était moins en veine avec Dieu qui, finalement, les priva de son langage : les hommes étaient condamnés à manquer éternellement les choses avec leurs mots. Il ne leur restait plus que des mots imparfaits, sans caractère divin, sans correspondance alchimique avec les choses qu’ils désignaient. D’où la honte des hommes, le désespoir des hommes, des histoires d’amour qui ne se feront jamais car mal dites, la poésie qui cherche à rénumérer le défaut des langues. Et Pokémon Pinball mini.

Pokémon Pinball mini. Que peut-on attendre d’un titre de jeu pareil ? Pour le “Pokémon”, pas de surprise, le jeu utilise la licence. Le “mini”, c’est pour le Pokémon mini que vous brûlez tous de posséder depuis plusieurs jours. Ça se corse avec le “pinball”.

Parce qu’un flipper, finalement, c’est quoi ? Un jeu d’arcade composé d’une table inclinée où l’on doit marquer le plus de points, le plus longtemps possible. Pour cela, on renvoie un boule grâce à deux flippers de part et d’autre d’une fosse. En gros.
Donc voyons ce qu’il y a de “pinball” dans Pokémon Pinball mini (PPm).

Pas de table digne de ce nom dans PPm, mais 70 mini-épreuves qui proposent soit de remplir un objectif le plus rapidement possible (une trentaine de secondes au plus), soit d’obtenir le plus gros score dans un temps limité (3 minutes au plus). Avouez, niveaux objectifs de jeu, ça part mal pour un soi-disant flipper ; d’autant que toutes ces épreuves se réalisent en envoyant la boule dans un trou !


Commençons une partie. Pas de lance-bille dans PPm, elle apparaît à droite ou à gauche au-dessus de votre pokémon. Avant le début de l’épreuve, on peut choisir le côté de mise en jeu en appuyant sur le bouton de la tranche (je vous ai parlé du bouton de la tranche la dernière fois ?).
Une fois qu’elle tombe, on la renvoie en appuyant plus ou moins longtemps sur… le bouton de la tranche. Ça n’a l’air de rien, mais chaque remise en jeu devient particulièrement crispante : appuyer trop tôt sur la tranche pour charger le coup, et hop, elle apparaît de l’autre côté, ruinant votre belle stratégie. Sinon, je vous ai dit qu’il n’y a pas de fosse dans les 3/4 des épreuves ? Non ? Et bien il n’y a pas de fosse.

Parlons du flip’ maintenant, qui n’en est pas vraiment un. En fin de compte, il réagit plutôt comme un lanceur de bille (votre pokémon, parmi un choix à débloquer de 5, rentre la tête et tac, selon l’angle de percussion, la bille part à gauche, à droite, etc.). Dans certaines épreuves, vous en avez plusieurs qui vous permettent d’amener la pokéball (c’est une pokéball) au bon endroit.

Un seul flipper, pas de fosse, aucune table digne de ce nom (oubliez la joie des rampes donc)… Là, vous allez me dire, “Game A, et le tilt ? Le pokémon mini a un détecteur de chocs, ça doit être super !” Et ben non, pas du tout, il n’y a pas de tilt. Je vous jure que c’est vrai ! Les gars (Jupiter[1]) n’ont pas utilisé la fonction, allez savoir pourquoi.

Le moteur de vibrations, par contre, est utilisé, mais bizarrement : il ne fonctionne que lorsqu’on frappe la boule avec le pokémon. Pour l’identification j’imagine : on vit pokémon, on ressent comme le pokémon, on est le pokémon. “Ceci est mon corps, ceci est mon sang”. Dommage que l’indentification se fasse au détriment de l’immersion, on aimerait vraiment qu’il se passe quelque chose quand la boule rebondit sur des bumpers (il y a parfois des bumpers).

Conclusion. Malgré son nom, Pokémon Pinball mini n’est pas un jeu de flipper. Malgré sa dénomination, le Pokémon mini n’est pas vraiment une console. On est toujours pas de retour dans les petits papiers du Seigneur. Dur.

Notes

[1] Jupiter a, entre autres, développé le Pokémon Pinball, Sakura Wars sur Gbc, Kingdom Hearts sur Gba, Picross DS, Spectrobes, It’s a Wonderful World, qui a l’air formidable, sur DS. Pas des mauvais jeux quoi, au contraire. Mais Pokémon Pinball mini n’est pas lui-même un mauvais jeu, après tout. Comment ça j’aurais dû le dire avant, et pas dans une note de bas de page ?