Lisé des livres
Par Game B le 7 juillet 2010 - La Vie vs les jeux vidéo(s).3 minutes
Il y a un genre littéraire fait pour les fanboys : “le roman tiré du jeu vidéo”.
Difficile à défendre intellectuellement et ne s’adressant qu’à un public de niche (les joueurs du jeu) dans un secteur déjà spécialisé (les gens qui jouent au jeux), on en entend rarement parler que ce soit dans les colonnes littérature ou dans la presse consacrée au vidéoludisme. Et quand c’est le cas, il est affublé de la mention traditionnelle et désespérante d’inutilité : “à reserver aux fans”.
Tout ça pour vous parler de Gears of War : Aspho Fields, un livre avec rien que des mots dedans que j’ai lu récemment.
En avant propos, je signale que j’avais découvert et lu le roman de Heinlein “Starship Troopers” juste avant. Et si la prose de l’inventeur de l’exosquelette est beaucoup plus prenante et agréable que celle du bouquin dont on va parler, je n’ai pas eu l’impression de rater une marche de dix mètres dans l’escalier de la littérature. Pas au point de me péter une rotule au cerveau en tout cas.
Grounaaade ! (dixit un locuste décédé)
Une fois cela dit, parlons du livre. Il approfondit les personnalités et le background de l’équipe Delta (c’était pas difficile oké) avec une narration croisée entre deux époques. D’une part celle de l’engagement de Marcus et de sa rencontre avec Carlos Santiago et son frère Dom avant une bataille majeure des guerres pendulaires . D’autre part une période située entre Gears of War 1 et 2 détaillant les retrouvailles de Dom et Marcus et les non-dits entre eux et la vie désespérée et -pérante de l’humanité après l’émergence Locuste.
L’auteure, habituée à écrire des bouquins pour Star Wars, tombe forcément dans la facilité du fanservice en décrivant un peu trop des actions typiques du jeu comme la prise d’otage (nouveauté du deuxième jeu mise en avant par le marketing de l’époque) ou la mise à couvert. Mais ça lui passe vite et, comme cette fois elle est à l’origine de l’univers qu’elle décrit, elle arrive à donner vie à la planète Sera et aux gros tas en armure qui courent à sa surface. Certains détails sont bien utilisés et mettent le lecteur en léger décalage, avec par exemple les journées de vingt-six heures.
De fait, tout est extrêmement en accord avec le jeu. Chaque action et chaque pensée dévoilée se tricotent parfaitement dans la trame mise en place de manière très condensée dans les jeux. Le style de l’auteur est néanmoins assez pénible à comprendre dans les premières pages. Le narrateur et ses pensées en italique variant selon l’action, on peut se retrouver dans l’esprit de plusieurs soldats en quelques pages, ne comprenant plus que la fureur et le sang. Une désorientation qui rappelle involontairement les premières parties sur le jeu.
A noter aussi que le traducteur se plaint à demi-mots de n’avoir pu utiliser la dénomination de Gears pour les soldats. Situation probablement due à un nouveau cafouillage des équipes de localisation, car le jeu l’utilise bel et bien dans sa version françoise.
Niveau profondeur littéraire, la critique de ce genre d’adaptation est facile mais le média livre est pertinent quand il permet d’aborder des aspects inaccessibles à l’action soutenue que s’impose le jeu pour son propre succès. Ainsi, on arrive à un semblant de réflexion quand un Hoffman à la personnalité très réussie s’inquiète de l’influence sur l’humanité de combats contre une race indéfendable comme les locustes.
Car ces adversaires monstrueux permettent aux soldats sous son commandement une cruauté qu’ils s’interdiraient contre d’autres humains.
De là à y voir une mise en abîme du joueur rageux qui ne se soucie plus de morale ou d’éthique une fois dans l’anonymat du jeu en ligne, il n’y a qu’une roulade.
“Gears of War : Aspho Fields” disponible en français aux éditions Milady, pour dix fois moins cher que le jeu original avec une durée de vie équivalente.
Commentaires
Peut-être vais-je me tourner vers les romans de Gears of War. En attendant, je découvre depuis quelques temps déjà ceux de Halo, que je préfère lire en anglais pour me déculpabiliser un peu. Après lecture des deux premiers, c’est pas trop mal en fait, mais le deuxième a trop tendance à jouer cette fameuse carte du fan service que tu dénonces dans ton billet.
Les romans de jeu (vidéo ou de figurines) ne sont pas de la grande littérature.
J’en veux pour preuve la lecture assidue des romans de la Black Library, basés sur les univers de Games Workshop Warhammer et Warhammer 40.000.
Mais honnêtement, entre nous, nous ne demandons pas à ce type de lecture d’être un chef d’oeuvre de la littérature mais de nous replonger dans un univers que nous sommes bien obligés de lâcher quelque temps pour replonger dans la vraie vie.
PS: lisez des livres et non “lisé”
@AArghal:
Cette faute est sans doute volontaire, c’est comme «faisez gaffe aux pigeons bourrés»…
En l’occurence, c’est même ironique, et laisse à penser que l’auteur n’est qu’un jouer abruti par sa passion et se cloisonnant dedans, ce qui est donc en contradiction avec le message…
Voilà voilà, j’espère ne pasme planter, si non c’est qui passe pour un con… *siffle*
Le “lisé” c’était clairement fait exprès, hein ;)
Je savais pas que des livres étaient tirés de jeux vidéo. Ça m’intrigue, du coup. J’ai surtout envie de voir par moi-même d’autres exemples que celui abordé par l’article de ce que donne “le média livre est pertinent quand il permet d’aborder des aspects inaccessibles à l’action soutenue que s’impose le jeu pour son propre succès”.
J’ai quand même le sentiment que si la plupart des développeurs de jeu ne développent pas leurs scénarios, c’est pas tellement pour ménager le rythme de leurs jeux, mais plutôt juste parce qu’ils n’ont rien à dire. Le dialogue entre Vincent et Heather dans la bibliothèque à la fin de Silent Hill 3 me semble au moins aussi percutant de ce qui est rapporté ici du discours de Hoffman.
En tous cas, merci à la Faute à la Manette de me secouer les neurones encore une fois !
@Aarghal : Je crois que la “faute” est volontaire…. Bon après ptet que je me fourvoie la gueule…
Mais j’ai aussi entendu parler du roman d’Assassin’s Creed II, qui s’éloigne quelque peu du jeu… . Bon après je pense que je vais le feuilleter, histoire de.
C’est dingue, je vois qu’une suite (Les Vestiges de Jacinto) vient de paraitre. Tu comptes la lire aussi ?
Je me creuse la tête depuis tout à l’heure pour me rappeler si j’avais déjà lu un roman adapté d’un jeu, impossible d’en trouver un.
Si quelqu’un a des exemples (vieux de quelques années), ça m’intéresserait.
si je me souviens bien, Resident Evil a eu droit aussi à sa série de roman vers la fin des 90’s - début 2000…
Je me souviens avoir dévoré il y a une dizaine d’années les trois romans tirés de Myst.
Un souvenir trop lointain pour que je puisse les recommander à coup sûr, mais je sais que j’avais beaucoup aimé à l’époque.
Exploités intelligemment, livres et jeux peuvent s’avérer parfaitement complémentaires. Une piste un peu (beaucoup) négligée par le mouvement transmédia, qui se fixe surtout sur la dualité jeu/film. Dommage :/
Du coup on se contente de livres dérivés de jeux. Ou, plus rarement, de jeux dérivés de livres.
La série Diablo a eu aussi droit à des bouquins. (Tout comme de nombreux jeux Blizzard..)
Je pense que la qualité de ces œuvres dépendent des auteurs..
Même si, comme au cinéma, la licence exploité est généralement souillé, certains “écrits” sortent du lots. (cf. Diablo: la loi du sang)
@PepMint : Comment tu me comprends trop bien. Marions-nous \u3u/
@Game A : Oui, j’avais vu le 2ème livre. Je viens de me rendre compte que la pouffe amazone n’avait pas enregistré ma commande, d’ailleurs.
Ca me changera de La Route que je me tape en ce moment, seul à la maison en errant dans les plaines de Red Dead Redemption.
C’est un peu déprimant.
Parce qu’il y a une intrigue dans Gears of Lag ?
A force de déprimer devant l’interminable “faiseur de match”, j’en venais presque à chercher des clés de l’histoire dans la rubrique “Quoi de neuf”.
Et puis, pour assister à des envolés lyriques, alimenter ses oreilles en douces paroles, inutile de se tourner vers la littérature, c’est has been, mieux vaut se tourner vers le multi et s’équiper d’un casque. Résultat garanti.
Final Fantasy (basé sur le XI), Mass Effect et Dragon Age ont leurs bouquins aussi.
dés qu’il y a un univers un peu ouvert.. qui offre des possibilité d’aventures.
@Game B:
Désolé, je peux pas j’ai poney.
Et pour commenter l’article, je dirais que la conclusion offre une reflexion assez inattendue et ma foi fort à propos.
Faudrait que je persuade un pote fan de l’acheter pour pouvoir le lire.
@shin : Il n’y a malheureusement pas de version françoise des livres de Mass Effect ;__;
Sur les bons conseils de B, j’ai lu le premier roman sur Gears (et je suis en plein dans le second).
Bien que dubitatif sur la qualité de ces romans, je me suis lancé. Est-ce que ce n’est pas que du mauvais fan service ?
Oui et non en fait.
On ne peut pas lire ces romans sans avoir joué aux jeux, ça c’est clair. Mais en même temps, ils sont plutôt bien écrit, et ce n’est pas aussi bourrin que l’on aurait pu croire. Certes il y a des scènes d’action qui sont là pour nous rappeler où nous sommes, mais elles vont très vite et en fait le bouquin ne fait qu’approfondir la psychologie (sissi) des persos et leurs background.
Ça marche tellement bien qu’au bout d’un moment on se pose la question “je joue à un jeu aussi intelligent, moi ?”.
Des persos comme Dom ou Hoffman s’en trouvent vraiment épaissis et on les regarde autrement dans le jeu après…
Franchement une bonne surprise, je le conseille à tous ceux qui ont passé des heures et des heures à découper du Locuste…
Je viens d’apprendre que Milady ne publiera pas la 3ème volume de la série de livres. C’est bien dommage.
Pour les anglophones, il reste la VO.