Sorti trop cher pour un genre de jeu que je n’étais pas sûr d’aimer (une sorte de R.T.S. vu de côté) et sans les lunettes 3D prévues, je n’avais acheté Glory Days 2 que l’an dernier, alors qu’il remplissait les bacs à soldes de jeux DS.

Comme je l’avais trouvé finalement formidable, j’avais conçu un peu de honte de profiter d’une si belle réussite à vil prix.

Bref je me sentais en dette, et ça m’aurait bien ennuyé d’avoir des réserves à formuler sur Pop Island, le dernier jeu du studio odenis sorti il y a quelques semaines sur DSiWare.

D’autant qu’en lisant Olivier Denis, le fondateur du studio, on pouvait craindre le pire : il annonçait rien d’autre qu’un jeu en 3D à 60 images par seconde, soit une réalisation comparable à Mario Kart DS (qui, de mémoire, souffrait lui-même de quelques ralentissements, vous me corrigerez). Sauf qu’au lieu de neuf karts en concurrence, Pop Island en gère jusqu’à vingt-neuf (en mode “fou”).

On est donc à l’affut lors des premières parties, en cherchant le moindre accroc à la fluidité du jeu. Après quelques dizaines de manches, aucun ralentissement sensible, le jeu n’est jamais pris en défaut (en tout cas en mode solo, aucun joueur de DS dans les parages ces temps-ci pour essayer le mode multijoueur). Il est vrai que la modélisation des personnages est moins complexe que dans le jeu de Nintendo (même s’ils « sont loin du simple cube : entre le châssis, les roues, et la crinière […] il y a plus de 100 polygones animés » pour le seul lion par exemple). Ça n’empêche pas en tout cas les batailles d’être impressionnantes : les projectiles fusent, la mer monte puis se retire, les nuages se reflètent dans l’eau, Pop Island est un bijou de programmation, utilisant « tous les polygones disponibles sur DSi ».

J’ai beau être plutôt heureux sur DSiRare, c’est bien la première fois qu’on profite d’une telle performance technique sur la plateforme de Nintendo, d’habitude réservée au recyclage et aux jeux de carte - le développement du jeu ayant prix deux ans, il est d’ailleurs probable que le jeu ait été prévu au départ pour la DS (l’icône du jeu dans le menu de la console n’est à ce propos pas animée, comme tous les jeux DS et à la différence de presque toutes les autres applications DSiWare).

Quoi qu’il en soit l’avantage du support dématérialisé par rapport à une cartouche est évidemment le prix, 5€ c’est non seulement donné pour un jeu DS, mais surtout modique au vu de sa qualité.


Trailer de sortie du jeu.

Donc Pop Island c’est bien beau, mais quel est le but du jeu vous vous demandez. Le principe est aussi simple que le savoir-faire technique est immense : deux équipes (Colorful Rainbow contre Almost Black) se disputent des drapeaux sur un des huit environnements (chacun porte le nom d’une planète - et non, pas de combat sur Pluton a priori). Le jeu utilise un point de vue à la Axelay (avec la même brume au loin qui atténue la visibilité du clipping), comme un Animal Crossing avec du rythme.

On choisit son personnage parmi trois espèces (différentes selon les planètes), chacune ayant ses qualités et ses défauts sur l’eau, les surfaces planes, le relief et le match commence en deux manches de trois minutes.
Deux modes sont proposés. Dans le deuxième (qu’il faut débloquer), plutôt qu’en ramener le plus grand nombre dans son camp, il faut les conserver dans son équipe le plus longtemps possible. Simple, frais et frénétique.

Comme Glory Days 2, Pop Island propose une maniabilité bien pensée au stylet comme au pad, et comme pour Glory Days 2 le jeu avec la croix directionnelle est le plus agréable selon moi. Il révèle cependant un défaut de la DSi. Depuis la DS Lite le pouce avait déjà tendance à glisser sur la croix, trop fine et sans les encoches du premier modèle ; c’est encore pire sur DSi (XL comprise) où la croix et les boutons sont moins saillants, on le devine sur la photo ci-dessous (source introuvable).

DS DSi
DSi à gauche, DS Lite à droite. On remarque que la croix et les boutons sont moins saillants sur la console de gauche.

Ça n’a l’air de rien mais pourtant les diagonales passent encore moins bien que les précédentes versions de la DS, et le confort de jeu en souffre un peu. Voilà pour l’aparté.

Outre les drapeaux, on peut aussi ramasser des options qui étoffent le gameplay (tirer un pétard ou sauter). On peut regretter que l’icône correspondante soit un peu trop discrète : affichée sur l’écran du bas dans des couleurs ternes à gauche de la carte du niveau, bien souvent qu’on l’active avant de l’avoir identifiée. D’un autre côté c’est assez typique d’un jeu où la bonne humeur règne et où l’on s’amuse y compris en faisant n’importe quoi (on est bien loin du gameplay et des stratégies exigeantes de Glory Days 2)

Pop Island a beau proposer une rejouabilité conséquente en solo pour débloquer tous les personnages et toutes les planètes, c’est évidemment contre des joueurs humains qu’il doit révéler son potentiel. Si le jeu ne propose pas de mode online, le multijoueur supporte jusqu’à huit DSi avec le jeu ou trois DS en mode téléchargement sans fil (console du possesseur du jeu compris). Impossible de croiser quelqu’un avec une DS ces derniers jours pour l’essayer, vous savez ce que vous risquez si vous me voyez…




Pop Island est sorti le 12 mars sur le DSiRare européen à 500 points, et depuis trois mois sur la plateforme américaine. La musique composée par Raphaël Gesqua (les Glory Days mais aussi Fade to Black, Mr. Nutz…) est particulièrement réussie. Le jeu est chaudement recommandé si ce n’était pas clair, et parfait pour de petites sessions. L’interview complète d’Olivier Denis est disponible sur Nintendolife. Les deux dernières captures d’écran proviennent de jv.fr.