On dit en effet que le caresser avant une mission attire la faveur divine et les récompenses les plus précieuses. Appelez ça de la superstition, je m’en fiche : moi, il me faut des cornes de lagiacrus pour forger un nouvel équipement, mais elles sont si rares, je veux mettre toutes les chances de mon côté.

Bien sûr les sceptiques persiflent : comment ce cochon pourrait-il connaître les éléments dont j’ai besoin ? Et quand bien même, en quoi cela pourrait-il influer sur ce que je glanerai sur le cadavre du dragon ? Comment leur répondre ? ces choses là me dépassent. Ce que je sais, c’est que je n’ai quasiment jamais ramené un objet de valeur sans avoir caressé le porcelet. L’expérience ne peut pas mentir.

Un professeur d’université m’a soutenu l’autre fois qu’on ne peut rien affirmer sans établir un protocole scientifique, qu’il faudrait scrupuleusement accumuler les observations. Caresser le cochon mille fois, l’ignorer mille fois. Établir des séries statistiques. Que sans elles, prétendre que le cochon peut avoir une influence sur la chasse n’est qu’élucubrations d’ignorants et de brutes. La brute je lui ai dit, la prochaine fois elle laissera le barroth vous piétiner, et je lui ai étalé ma main sur la figure, histoire de mettre un terme à la discussion.

Est-ce qu’il pense, cet abruti, qu’on tue les lagiacrus comme on cueille les champignons ? Mon premier leviathan m’a coûté trois semaines de traque et presque toute ma fortune, pour financer mon matériel et m’inscrire à la guilde. Les Félynes ont dû m’évacuer une bonne vingtaine de fois, au seuil de la mort, alors je ne risquerai clairement pas ma peau pour établir la “vérité” sur le pouvoir du cochon.

Si les antithéistes veulent vraiment en avoir le cœur net, qu’ils les alignent eux-mêmes, leurs observations, et qu’ils ne viennent pas me chercher, je ne les aiderai pas : chasser les dragons, c’est trop périlleux pour me priver du moindre bon présage.

D’autant que je les connais, ces lettrés : à la taverne ou face à leurs étudiants, ça discute raison, vérité et grands principes, mais à notre place, dans le doute, ils n’oublieraient jamais de passer par la ferme. Suffit de peser le pour et le contre, c’est à la portée de n’importe qui : soit le cochon est vraiment un émissaire de Dieu, et ils reviendront riches, soit il n’a aucun pouvoir et ils auront perdu tout au plus quelques minutes de leur temps (et vu les chances de mourir face à un monstre long de trente mètres, ce seront toujours des minutes de vie de gagnées).

Tout à gagner, rien à perdre, mais vous pouvez aller leur dire, ils douteront encore. Il y a certains cochons qu’il sera toujours inutile de flatter.

Poogie (on peut changer son nom dans Monster Hunter Tri sur Wii) est présent dans tous les Monster Hunter et en est bien vite devenu la mascotte (avec une race de chats humanoïdes, les Félynes).

Outre d’être particulièrement craquant dans son costume pastèque, son rôle dans la série fait débat entre joueurs sur un point précis : a-t-il ou pas une influence sur le butin obtenu après une mission (lire ici, là ou encore là - « the pig is like God (oink) and the costume is like church. you think your snuggling (donations) is going to a good cause (rare itemz) but in reality, 90% is going to the vatican (the pig isnt feeling most of it because of the costume) »).
Sans complètement lever le doute, Ryozo Tsujimoto (producteur de la série, frère du président de Capcom et fils du PDG) a récemment plongé les fidèles du culte du cochon dans l’enfer d’un monde sans Dieu (source) :

Q: à quoi sert Poogie ?
Tsujimoto: Poogie est là pour le soutien moral. (rires)
Q: vous êtes sans doute au courant que sur les forums occidentaux, Poogie est devenu une sorte d’objet de superstition : « j’ai caressé ce satané cochon une centaine de fois ! La seule fois où je ne le fais pas, j’ai obtenu la récompense que je voulais ! »
Tsujimoto: au Japon aussi, on spécule sur la nature diabolique de Poogie. Il est exactement ce que vous faites de lui.

On remarquera en passant qu’il existe plusieurs doctrines autour de Poogie ; celle à laquelle Tsujimoto fait référence ici croit voir en Poogie une manifestation du Malin. Hérétique, elle est vigoureusement combattue par la majorité des croyants. L’illustration provient de Monster Hunter G (comme la publicité ci-dessus), la capture d’écran (épisode Wii) de jeuxvideo.com et les images du lagiacrus et du barroth du blog Floating Moon. Pour ceux qui n’ont pas joué à Street Fighter III, le parry est une technique de défense risquée mais qui permet parfois d’impressionnants retournements de situation.