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L’employé de gauche observe sur un grand écran la partie du joueur de droite, lui-même concentré par l’écran de sa manette. 

Ils ont assisté au même spectacle côte-à-côte, mais là encore qu’ont-ils réellement partagé ? Le type de gauche dira à l’autre que c’est formidable. Il a été engagé pour le faire. L’autre acquiescera sans doute, par politesse ou par nature, s’il est américain. Chacun retournera chez lui sans aucun souvenir du visage du deuxième.

La scène est d’un ridicule absolument consommé (et consumériste), dans tous les sens qu’on la prenne : à quoi bon allumer un écran HD d’un mètre de diagonale pour jouer sur l’équivalent d’une feuille A5 ? Et de toute façon, à quoi bon jouer sur un écran lcd banal en face d’un écran sept fois plus grand ? Le comble est sans doute que cette petite tablette accompagne une console enfin capable de produire un signal vidéo pour écran HD.

Longtemps les constructeurs ont justifié les sauts de génération par un plus grand nombre de boutons, davantage de couleurs, de sprites affichés et une puissance de calcul plus élevée. Avec son écran supplémentaire, Mario tente ici une surenchère d’un genre nouveau : l’innovation de la ouiyou n’apporte pas tant quelque chose en plus que quelque chose de redondant. Autant dire que plus que jamais auparavant, ça part mal.


Edit : la première photo qui devait illustrer un discours vaseux sur la société du spectacle a été retirée : elle ne m’appartenait pas et, par ailleurs, elle a froissé une personne qui s’y est reconnue malgré le floutage, ce qui n’était évidemment pas mon intention. Avec toutes mes excuses à Pantomime.

La capture d’écran provient d’un reportage de Nolife.