Capcom pris en flag
Par Game A le 8 août 2024 - Fautographie.2 minutes
Quand l’autre a dit le sport ne devait pas être politique, évidemment personne ne l’a cru. Encore moins avec les JO. Il en va de même pour les jeux vidéo, où l’on retrouve aussi les mêmes demi-mesures et, souvent, des lâchetés comparables.
Préférant accumuler mes propres succès au compte des médailles françaises, j’ai acheté Capcom Sports Club*. Les spectateurs sautent de joie à chaque point comme dans mes souvenirs, mais quelque chose m’a titillé à la troisième partie : Capcom a tout bonnement supprimé la nationalité de la tenniswoman taïwanaise.
Rien d’incroyable en soi, l’éditeur est coutumier du fait : on ne compte plus les changements de drapeau de Fei Long (source de l’image) au gré des ressorties de Street Fighter 2.
Le changement est cette fois plus radical : Fang-Ming joue carrément sous bannière neutre.
Que l’on sache, Taïwan n’a pas envahi son voisin, ni visé sciemment des populations civiles, rien qui mérite donc une sanction pareille — à propos, Katrina, la joueuse russe, a toujours son drapeau dans le jeu, et il n’y a pas de joueur israélien, la question ne se pose donc pas.
Ci-dessus la version originale du jeu, où le drapeau apparaît bien. Dans la version sortie en 2022 sans drapeau taïwanais, Capcom a supprimé les mentions explicites des pays pour tout le monde, c’est toujours plus discret.
Il y avait pourtant moyen de faire plus élégant : Capcom Sports Club a connu de nombreuses déclinaisons à sa commercialisation en 1997 (Asia, Hispanic, Europe…), qui modifiaient au minimum l’ordre des sports et des drapeaux ; dans l’une d’elles, Singapour et les Philippines « remplaçaient » l’Australie et le Mexique, dans d’autres on aura une joueuse argentine ou anglaise.
Remplacer Fang-Ming par une autre joueuse aurait évité ce qui ressemble bien à une démonstration d’allégeance à l’(autre) Chine, démonstration par ailleurs imposée aux joueurs du monde entier. Une décision aussi visible est d’autant plus étonnante que Capcom a une division taïwanaise, qui a rudement dû apprécier l’initiative.
*Disponible dans la compilation à DLC Capcom Arcade Stadium 2. Le jeu permet de choisir entre rom US (le basket est proposé en premier, les Américains, grande nation du football, remplacent les Français) et japonaise (le tennis et les personnages japonais sont mis en avant), ce qui ne change rien à ce qui nous occupe, le drapeau taïwanais y a été altéré de la même manière.
Commentaires
Les personnages qui sautent à chaque point gagnant, c’était sacrément audacieux et engageant. Le design des sportifs était aussi original par rapport aux autres productions de Capcom.
Je me souvenais juste de la joueuse au drapeau chinois avait ses doubles chignons colorés en blanc. Et la possible référence à Chun Li prenait bien sûr le pas sur toute lecture géopolitique…
Une version sortie en 2000 sur Dreamcast existe aussi (300€), avec des modes 4 joueurs et création de personnages. Le drapeau de Taiwan y était présent.