Image originale : CHOKOCAT ©

Si comme moi vous titillez une petite collection de jeux électroniques, vous avez sûrement très vite buté contre trois massifs imprenables, trois joyaux rares qui ne s’offraient qu’aux plus chanceux des chercheurs de trésors : les Game & Watch Crystal Screen.
Aux plus fortunés aussi : ils sont rares, bien beaux, et tous les trois horriblement chers (ne tablez pas sur moins de 100€ pour un jeu en bon état, même sans boite).

Avant de dire que c’est excessif, il faut dire que cette gamme est magnifique : plat, tout en longueur, le corps de l’appareil est gainé d’une fine couche de plastique transparent, ça en jette. (Cela dit, c’est excessif.)




Les trois jeux qui composent cette série sont sortis durant l’année 86. Super Mario Bros d’abord, le 25 juin, puis Climber en juillet, et Balloon Fight en novembre.

25 juin. Ce jour-là, tout bonnement, sous la chaleur estivale de plus en plus harassante, le Nintendo que l’on connaît est né, comme ses fanboys les plus absolus.

Si la date est mémorable, c’est d’abord que Super Mario Bros est tout bonnement le meilleur jeu électronique de la cinquantaine de Game & Watch - Climber est juste derrière. Jingle reconnaissable à la place des bips des ancêtres et de la concurrence (certains sont disponibles chez le Parachuter), un scénario, 8 niveaux et différents gameplay, un boss, des warp zone, une fin… Bref une véritable progression, ce qui manquait cruellement à la plupart des autres jeux de la marque.


Scénario de Super Mario Bros. Source  :In the Attic

Cependant, avec le premier des Crystal Screen, c’est aussi le jour de naissance des mauvaises habitudes de Nintendo.
Outre le prix plus élevé, Nintendo organise avec cette gamme une incitation à la collection. Pas seulement pour leur faible nombre qui attise l’envie de les posséder tous, mais aussi parce qu’ils sont complémentaires : chacun a en effet un sens de scrolling particulier, reprenant celui des versions NES d’origine : horizontal vers la droite pour Mario, vertical pour Climber, horizontal à gauche pour Balloon Fight (dans ce jeu inverti, l’ennemi se nomme d’ailleurs OIRAM REPUS).
Et puis, surtout, Nintendo entame avec les G&W CS la première d’une longue série d’innovations à la con, et pas la moindre : l’écran transparent.

C’est aussi la naissance des arguments marketing/technologiques foireux, car la nouveauté principale de la série est de proposer un écran LCD sans la surface réfléchissante. Protégé sous deux lamelles de plexi, il est donc transparent. Évidemment, tant que l’idée d’y jouer ne vous vient pas, c’est splendide. Ensuite c’est moins pratique.


Constitution normale d’un écran à cristaux liquides. Dans les Crystal screen, la dernière couche (6) est omise. Source wiki

Je ne résiste pas à citer le manuel tellement c’est beau :

As the display of the Game & Watch “Crystal Screen” is transparent, you will be able to enjoy playing with your favorite background. Light colors are recommanded.

Ça vous donne aussi des frissons, de pouvoir choisir votre fond uni pour jouer ? (Mine de rien s’annonçait une des spécialités de Nintendo, les écrans illisibles.)



Non seulement on voit derrière, (image : Andy Cole’s Games), mais en plus on se reflète dedans… (image : Crunkgames)

Le concept ne s’arrêtait pas là : ils avaient la gentillesse de fournir une sorte de fourreau en plastique avec un fond imprimé. Ce qui annulait l’intérêt d’un écran transparent au passage, mais ne soyons pas mesquins.

Au fil du temps, ces fourreaux sont d’ailleurs devenus encore plus rares que les Crystal Screen eux-mêmes. C’est ma seule consolation quand je vois partir ces jeux électroniques vers des sommets bien trop élevés pour mon porte-monnaie : sans eux, les jeux seraient presque injouables et avec, quitte à jouer avec un fond, autant préférer leur réédition en New Wide Screen, bien plus abordables. Je vous en reparle très vite.
PS : merci Ukyo de m’avoir laissé jeter un oeil sur ton beau Climber Balloon Fight^^/.