Où l’on apprend qu’il suffit d’avoir aperçu un jeu comme KISS Pinball pour lui consacrer tout un article et qu’il serait même inconvenant, pour ce jeu et quelques autres, de procéder autrement.

La faute à la Manette, ce n’est pas seulement des plaintes, c’est aussi des coups de coeur et une histoire d’amitié. Le dernier superbe cadeau que Game B m’a offert, KISS Pinball, méritait quelques mots de remerciements. Une fois pour toutes.

La première chose que l’on remarque, c’est la pochette. Elle est superbe, et richement composée.
A l’arrière-plan, les quatre bonhommes maquillés, c’est le groupe. Les fans auront reconnu les pochettes de leur album solo (en 1978, le lead guitariste à gauche et le batteur, tout à droite, sont sur le point de quitter le groupe. Les deux chefs, le “guitariste” Paul Stanley - celui qui a l’étoile, et le “bassiste” Gene Simmons, au miyeu, leur proposent comme compromis de chacun sortir un album solo).
Continuons dans le temps. A droite, le squelette de la liberté, c’était leur décor pour la tournée Revenge, en 1992. En 92, vous ne les aviez pas reconnus parce qu’ils avaient abandonné leur maquillage dix ans avant, et que le guitariste solo et le batteur étaient nouveaux et en CDD. Ce squelette, c’est aussi une célèbre affiche italienne de propagande fasciste contre les Alliés. Mais ne me faites pas dire que, je suis sûr qu’ils ne sont pas au courant.
Sur la boule de flipper (ah oui, c’est un jeu de flipper), le logo du groupe est rempli de flammes. Là, on est bien de retour en 2000, la date de sortie du jeu ; à l’époque, les flammes, c’était tendance : rappelez-vous les gif animés d’explosion sur tous les sites du web qui se respectaient. Et donc, en 2000, KISS est en pleine promotion pour leur retour en costume, dans les bacs (Psycho Circus, 1998, avec plein de flammes dans leurs clips), et avec les deux membres d’origine réengagés pour l’occasion.

On parle du logo, c’est marrant, celui du cédé est modifié : les SS de fin sont y moins connotés. J’imagine que les cédés, contrairement aux jaquettes, sont destinés à tous les pays d’Europe, ce qui a obligé la modification : en Allemagne en effet, depuis les années 70, KISS doit changer la police de ses “S”, qui ont (là encore) des relents désagréables pour la conscience germanique. Ne me faites pas dire que, KISS n’a sûrement jamais vu le rapport.

Donc KISS Pinball est sorti en 2000. L’an 2000… rappelez-vous, c’est à la fois loin et proche. Proche, parce que c’était déjà la mondialisation : le jeu a été développé par un studio australien, édité par Take Two américain et converti par un studio anglais pour la PS1. Proche aussi parce que les manettes PS1 étaient déjà analogiques. Loin parce, de toute façon, KISS Pinball ne les gère pas.
Bon, allez, on met la galette. Après avoir choisi la langue (à chaque lancement du jeu), et fait un tour dans les options (le son est déjà à fond, mais heureusement, vous pouvez le baisser), deux plateaux sont disponibles. Et là, très vite, 3 idées vous viennent.

  • La première, les musiques sont insupportables comme du vrai KISS, mais elles n’en sont pas. Pas même un riff.
  • La deuxième : les flips pixellisent.
  • La dernière, et là vous abandonnez la manette : les trajectoires des boules font n’importe quoi. Illustration : vous en calez une avec le flipper droit ; vous relâchez le flipper, hop, elle fait un petit saut directement dans la fosse.
    Mais, après tout, la pochette annonçait la couleur, regardez :

    la trajectoire légèrement courbe (!) est difficilement raccord avec son rebond sur le squelette (ah oui, la statue, ce n’est pas seulement ce que vous voulez que ça soit, c’est aussi que le groupe vient de New-york, et qu’il ne va pas forcément chercher très loin ses références).


Finalement, le jeu est incroyablement cohérent avec le groupe : de la même façon que depuis 30 ans, Simmons et Stanley jouent de la gratte sans avoir jamais appris à lire une partition, Take Two a pondu un jeu de flipper sans jamais étudier les réactions d’une boule, et une franchise KISS sans se préoccuper de l’histoire ou de la musique du groupe.
Ah, j’oubliais le nom des deux plateaux disponibles : Netherworld et Oblivion. Si c’est eux qui le demandent, promis juré.

Notes
L’introduction reprend un sous-titre de chapitre de Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? (LP+). Ses 160 pages (enfin surtout les 100 premières) vous en feront économiser des milliers.