Bon, ça ira vite. Je me plaignais dimanche dernier : et blabla mes jeux, et blabla mes colis, et blabla mes sous. J’ai finalement tout reçu ces deux derniers jours, dont ce bon dieu de Virtual Boy. Qui ne marche pas le salaud.

Gunpey m’a tuer

Je déballe, c’est gros, c’est moche, ça ressemble à une blague (et il manque le cache pour les yeux, j’avais pas fait attention sur la photo de l’annonce). 6 piles AA. Et oui, rappelez-vous, on est en 1995 - le Game Boy Printer en utilise autant pour faire des impressions toutes moches, la Game Boy Pocket n’est pas encore sortie.
Bref, les 6 piles chargées dans le pad moche ressemblant très fort à la future manette Game Cube (“on va pas gâcher”), j’allume le machin avec Mario Tennis dedans (toujours à partir de la manette). Je colle mes yeux, je règle la distance et l’inclinaison des écrans, et tac, l’écran gauche s’éteint. Fin de la partie.

Quand je pense à la réputation de solidité et de fiabilité qu’a Nintendo, j’ai envie de mordre. Entre les contacts des cartouches NES, les DS lite qui se fissurent et les dragonnes Air-Sol, que cette réputation tienne encore c’est cocasse (bon, aussi, vu l’autre branque japonais du secteur… - combien de retours-magasins pour les PSX ? Un tiers ? Plus ?).
En regardant cette mocheté un peu vaine de Virtual Boy, je me rends compte que si Nintendo est considéré comme un constructeur fiable, c’est que, contrairement à l’air d’innovateur qu’il veut prendre ces derniers temps, l’entreprise n’a toujours fait que de l’old-gen bien maîtrisée et technologiquement peu risquée.
Les prétendues innovations des consoles ont toutes été préparées par de petites réalisations antérieures. En fin de compte, une Wiimote c’est quoi ? Rien qu’une sorte de Pokemon mini avec une touche de Wario ware twisted dans un Power glove (et une Wii, sinon deux gamecube scotchées ensemble ? Je plaisantais, détendez-vous).

Par contre, donnez lui un vrai défi à relever, quelque chose de vraiment innovateur (oui je parle du Virtual Boy), il a les mains moites, des sueurs froides, il bredouille un oui (“oui nous sortirons un câble pour permettre le jeu à deux”) puis un non. Et finalement il sort n’importe quoi n’importe comment.

La bonne Gunpaie

N’importe quoi car manifestement, le Virtual Boy est sorti avant d’être prêt : le design de la manette tout en courbe, avec un gros cache-pile rectangulaire au milieu , la cartouche qui s’enfile dans la console mais à l’envers (étiquette contre le corps de la machine, et pas vers l’extérieur, bien la première fois que je vois ça), sa taille, le principe idiot de la faire fonctionner avec (beaucoup) de piles et pas sur secteur (genre c’est une console portable. Les cons).
Sans parler des jeux, qui sont tous un peu baclés : ils sont souvent infinis (dont Mario Clash et paraît-il, le plus mauvais jeu du monde, Waterworld) ou, en tout cas, n’ont pas de fin digne de ce nom.

En allant sur le site ricain de Mario, on sent cet espèce de gêne face à un matériel pas totalement assumé. Ils ne réparent plus les consoles, trop vieilles qu’ils disent, et ne fournissent plus les pièces détachées (ils conseillent les puces et les prêteurs sur gage pour ça, véridique). C’est une chose. Mais on les sent aussi un peu dépassés par la bête sur leur page de résolution des problèmes :
Si votre image n’est plus alignée :

  1. mettre un jeu
  2. s’assurer que le virtual boy est posé sur une surface plane, puis regardez dedans comme si vous jouiez à un jeu puis allumer la console.
  3. bla bla sur le réglage
  4. bla bla sur le code à faire
  5. Une fois que l’écran avec les lignes horizontales et verticales est affiché, détournez votre vue un petit moment, puis regardez l’écran un nouvelle fois en positionnant votre visage sur le masque.
    Note: il est important de regarder ailleurs un moment pour permettre à sa vue de se réajuster et mieux juger de l’alignement de l’écran.
  6. Le Virtual Boy est aligné normalement si les lignes verticales et horizontales se croisent. Si elles ne le font pas, alors le Virtual boy n’est pas aligné.”
CQFD. Ne cherchez pas un conseil pour le réparer, ça ne se répare pas.

Alors forcément, un tripode aussi moche (tiens, je me rends compte à quel point le masque ressemble à une DS panzer, hop une idée de tuning) et fragile, ça ne pouvait pas fonctionner, et ça n’a pas fonctionné.
Ce qui est particulièrement bon, la cerise, c’est que Nintendo a fait porter toute la responsabilité de l’échec du machin sur Gunpei Yokoi, alors que lui ne voulait pas le sortir dans cet état. Cette boite est formidable.