No Logo ? Nintendon't ! sources gameone.net

Ces derniers mois, il est de bon ton de s'extasier sur tout ce que fait Nintendo. La DS, formidable. La Wii, à coup sûr formidable. Ses jeux itou. Sa formidable longueur de vue sur l'évolution du marché du jeu vidéo, etc. Dernièrement, ces Japonais ont eu l'idée incroyable de draguer les non-joueurs. Formidable. Mais en se tournant vers eux, Nintendo ne se détourne-t-il pas du jeu vidéo lui-même ?

Avant d'être l'Apple du jeu vidéo, Nintendo en était plutôt le Microsoft : position dominante, prix prohibitifs, censure, aucun sens du geste commercial. Big N. se comportait comme le roi de la montagne, et à chacun de nos achats, il ne manquait pas de profiter de son droit de cuissage. C'était pas notre copain quoi.
Depuis, si Nintendo n'a pas changé (les jeux coûtent toujours 400 francs, les consoles sont toujours vendues 10% plus chères en Europe), les acheteurs énormément : ils sont devenus corporate.

Etre corporate, c'est par exemple trouver formidables Wii Sports et Wii Music Orchestra[1], malgré la 3D Sega Saturn et le gameplay simpliste[2].

Wii Sports Tennis

Or le jeu vidéo a toujours fonctionné par transposition et par abstraction : un jeu de foot n'avait de foot que le nom, et les compétences demandées (timing, dextérité) n'étaient évidemment pas transposables dans le jeu réel. Avec la Wii, on se rapprochera d'une gestualité systématiquement mimétique. C'est-à-dire que pour jouer au tennis, il faudra gesticuler comme au tennis.
Mais si pour jouer, on doit répéter ce que font les "vrais" dans la "vraie vie", ça n'a plus rien de drôle : au mieux, c'est du mime, au pire c'est du travail au noir.

Notes

[1] Un jeu de chef d'orchestre existe déjà sur PS2, Mad Maestro, rythm game bien fait et disponible en France pour pas cher. Pas aussi fun que Gitaroo Man (c'est de la musique classique quoi), en particulier à cause de son gameplay à base de pression de boutons, éprouvant et pas très précis, mais tout de même très sympathique.

Mad Maestro sources 8bitjoystick.com

[2] Les personnages se dirigent seuls sur la balle dans le jeu de tennis, il suffit de frapper.