J’ai passé quelques jours avec une fille début juillet, voir si oui ou non on se plaisait ; enfin vous voyez le genre. Bon, ben non, finalement non, après réflexion (même si ce n’est pas moi qui ai réfléchi). Enfin vous voyez le genre.
Cette fille, elle avait notamment une angoisse, c’était de regarder le ciel étoilé. Elle aimait également le pain frotté à l’ail et à la tomate, et aussi Qui veut la peau de Roger Rabbit. Moi c’était elle que j’aimais bien. Pourquoi je raconte ça… Ah oui, le ciel étoilé. Son angoisse du ciel étoilé.

Sur le moment, j’avais pas relevé, vous pensez bien, mais j’avais trouvé ça bizarre. En jouant à Galactic Pinball, je comprends mieux, maintenant ; c’est vrai que ça fait peur, les étoiles.

Le flipper, c’est mon nouveau dada. Sans blague. Deux boutons, pas de scénario, des parties courtes ; à se demander comment j’ai pu passer à côté tant de temps. Et Galactic Pinball sur Virtual Boy est plutôt un bon jeu de flipper. Vous êtes soulagés pour moi ? Attendez un peu, quand même…


Parmi les bons points, j’aime bien l’angle de vue asymétrique adopté, qui fait rentrer tout le flipper sur un seul écran sans pour autant se sentir à l’étroit (comme quoi, pas besoin de 3 écrans pour ça). Et puis il y a quatre tables ; et une apparition du vaisseau de Samus Aran en bonus - c’est assez rare les bonus sur cette console tellement les jeux sont sortis précipitamment.
Aussi, et c’est bien, la musique est insupportablement géniale ; géniale si on aime la chiptune 8 bits, insupportable sinon (morceaux téléchargeables ici). D’habitude, l’équivoque n’est pas possible, les musiques sur Virtual Boy sont seulement insupportables.

Galactic Pinball est aussi le premier jeu de flipper que je touche ces mois-ci qui passe le test du trapping de la bille. Le trapping, c’est bêtement quand on coince la bille entre la rampe et un flipper relevé.

Pour tester le moteur de déplacement de la boule, c’est la meilleure chose à faire ; sur Game Boy, dans tous les jeux testés jusqu’à présent (Revenge of the ‘Gator par exemple), la bille a beau être coincée contre un flip immobile, elle n’arrête jamais de trembler. Dans Kiss Pinball, rien à dire, elle ne bronche pas ; sauf quand on relâche le flip, moment que la coquine consacre à sauter directement dans la fosse, dans une rapide trajectoire en cloche.
Rien de ça dans Galactic Pinball. Bon si, à vrai dire, un peu de ça quand même : le palet stoppe trop nettement sa trajectoire et se piège un peu trop facilement. Et dans l’ensemble, la bille réagit très mollement… Rien de franchement rédhibitoire pourtant. Enfin, disons que ça le serait peut-être, en l’absence de quelque chose de bien plus gênant. J’y viens d’ailleurs.

Quand on y pense, c’est vertigineux comme le concept central du Virtual Boy, le relief, se révèle peu exploité ; pour les jeux que j’ai essayés, il n’est jamais utile effectivement dans le gameplay (par exemple pour se positionner dans l’espace par rapport à quelque chose, jauger les distances, etc.) ; comme si le relief ne commençait qu’en deçà et au-delà d’un jeu par ailleurs tout à fait classique, comprenez pensé en 2D.
Par exemple, dans Mario Tennis, ce n’est pas la sensation de proximité de la balle qui vous fait décider du moment de frapper (et pour ça, c’est d’ailleurs très mal fait), c’est la taille du sprite de la balle - (et un timing pénible à saisir les premiers temps). Idem pour Teleroboxer, où les patterns fonctionnent exactement comme dans un Punch-Out ; le relief (entre vos poings et l’adversaire, l’adversaire et l’arrière-plan essentiellement) reste purement ornemental.
C’est tout de même un comble que le gameplay de jeux basés sur le relief manquent de profondeur non ?


Ça ressemblait à une digression ? C’était juste un long paragraphe pour dire que dans Galactic Pinball, l’impression de relief est essentiellement apportée par l’arrière-plan étoilé ; c’est pas forcément très joli à regarder, ça ne sert à rien, mais oui, ça fait “relief”, pas de problème. Tellement même, que cet espace infini derrière votre table, il finit par vous coller un vague à l’âme sévère.
De quoi vous sentir perdu, mais perdu… devant ce décor d’une tristesse infinie ; et puis vain, mais vain… à renvoyer sans cesse un palet aussi mou et à plat que vous. J’en viens parfois à regretter qu’il n’y ait pas un moustachu ou deux pour traverser l’écran avec des champignons qui sourient. Si si, je vous jure.

Je ne vous démonte pas le moral au moins ?

Finalement, le Virtual Boy n’a pas été un échec commercial parce qu’il est gros, moche et cher ; même pas non plus parce qu’il abîme les yeux (les consoles rendaient déjà épileptiques, ça ne nous a jamais fait peur). Si personne n’en a voulu, c’est que ce casque est un puissant machin télépathique qui vous fait adopter aussi sec le point de vue sur l’existence de Marvin, le Paranoid Android du Guide du routard galactique.

Les chaussettes appartiennent à la soeur de Temperance Brennan. Dingue comme l’univers est petit.

Pas une perspective à vous faire dépenser des centaines de francs, c’est bien compréhensible.