Avant, les listes de souhait étaient un moyen de savoir quoi acheter au tonton qu’on ne voit qu’à Noël, ou mieux : de profiter de notre mariage nul pour enfin obtenir le service à poisson de nos rêves. De nos jours les “wishlists” décident juste de qui vit et qui meurt dans les jeux vidéo.

J’ai “les amis de Ringo Ishikawa” depuis des années dans ma liste de souhait Nintendo. Il n’est jamais descendu très bas.
C’est marrant ce rapport aux listes d’achat, ça donne l’impression de boursicoter : quel frisson d’attendre que le travail des gens coûte temporairement moins cher !

Mais passé la promo, hors de question d’être le pigeon qui achète à un prix normal. Je suis pas débile. Je sais que c’est pas comme ça qu’on devient riche avec des grosses voitures…

Mais pendant que je me prends pour le roi des bonnes affaires, cette sélection de jeux très personnelle sert surtout à nourrir de belles bases de données. Des gros paquets de datas qui, en plus de refléter combien de personnes sont intéressées par un jeu, permettent aux développeurs d’évaluer si un concept ou une campagne marketing attire l’attention sur leur produit.
Avant la sortie d’un logiciel, ça permet d’estimer les résultats financiers potentiels. Les éditeurs et investisseurs peuvent s’en servir comme métrique avant de financer ou de signer un projet. Et un développeur peut choisir quand sortir son jeu, ou quand repousser une sortie s’il manque d’attention.



Les plateformes comme Steam se servent également de ces données pour recommander les jeux en fonction de leur activité (nombre de wishlists, ajouts récents, etc.). Du coup, c’est l’effet boule de vice : plus de wishlists → plus de visibilité → encore plus de wishlists.
Mais comme beaucoup de joueurs ajoutent des jeux sans intention ferme d’achat - voire même que certaines campagnes marketing visent uniquement à gonfler artificiellement les wishlists - un jeu très suivi mais avec peu de ventes à la sortie sera perçu comme un échec.

Et là, tout le monde est viré (sauf le chef et le marketing).
Tu récupères tes Funko et tu libères le poste de travail, merci.

De mon coté, je vais peut-être enfin économiser deux euros après cinq ans à surveiller ma petite liste. Et il y a de fortes chances pour que je ne joue pas au jeu. Parce que soit mes goûts ont changé, soit j’ai joué à mieux dans le genre, soit j’ai claqué 500 balles pour le nouveau Mario Kart et que je ne pense qu’à ça.