Lego Rock Band

L’année 2009 a été marquée par la formidable baisse des ventes de jeux musicaux, et Rockband s’est mangé un bon moins soixante pourcent dans la face.
Si l’engouement 2007-2008 était de toute façon bien exagéré -à l’image des chiffres de ventes record du honteux Guitar Hero 3- il faut aussi dire qu’une fois les intruments en plastoc vendus, les licences peinent à se renouveler en dehors des morceaux à télécharger.
Après les déclinaisons par groupes (Aréosmif, Biteulsses, EssDéss), les deux monstres capitalistes opposés dans la bataille que sont Electronic Arts et Activision se sont lancés dans des versions pour toute la famille. Nintendo arrive bien à réunir les jeunes, les filles, et les vieux grâce à des jeux sans substance; les recettes périmées de synesthésie musicale ne devraient pas être moins efficaces…
Pour s’opposer à Band Hero, qui lui a quand même piqué la moitié de son titre, Rockband décida d’ajouter des briques à son potage.

Une autre brique dans le mur

J’ai un a priori déjà pas fameux sur les jeux estampillés LEGO. Je trouve que les briques y servent d’excuse à des graphismes simples et un gameplay sans tension grâce à l’absence de Game Over. Je les vois le plus souvent utilisés comme Cheval de Troie pour faire une place à la console au milieu du couple. La simplicité faisant écho au niveau d’aptitude vidéoludique de la gente féminine, il permet de lui donner la gratifiante illusion d’une activité commune dans le cocon. Et donnera surtout un peu de mou à Monsieur pour la prochaine soirée PES.
Le but avec la licence Rockband est d’en faire un jeu “familial”, pour cette fois réunir le couple avec ses chiards ivres d’ingratitude qui ne veulent plus regarder Julie Lescaut avec leurs parents. Parce que les LEGO on y jouait quand on était petits, et que ça reste des jouets donc ça va leur plaire. Au pire, on leur parle de la Starac en leur montrant le micro (ah non, c’est Band Hero ça).
Qu’est-ce qu’il faut pas faire quand même ! C’est quoi tous ces gens qui se marient et font des gamins avec des moitiés qui ne partagent pas leur goûts, voire qui méprisent certains de leurs loisirs, pour ensuite passer leur vie à trouver des choses à faire ensemble ? Enfin, passons…

Trois miyons de polygones pour faire une brique

Ce que j’aime bien (sarcasme) en lançant le jeu pour la première fois, c’est qu’il n’a strictement rien à foutre des réglages effectués sur Rockband 2. On commence donc par refaire tous les tests sans fin pour essayer de caler le son avec l’image [1].
Ensuite on attend. Parce que le jeu doit prendre plusieurs minutes pour analyser les morceaux déjà téléchargés… Dont les trois quarts sont refusés, jugés impropres au cadre 3+. Bah oui, le Rock’n’Roll des fois, ça dit des gros mots. Même si ces gros mots, et les autres sujets pas très politiquement corrects, sont chantés dans une langue qui reste mystérieuse pour la plupart des enfants français. Cette censure est inamovible bien sûr (première leçon Nintendo : pas de menu pour changer les paramètres de jeu = pas de plaintes des familles).
Et puis on attend encore, parce que ça charge.
Et bon sang, qu’est-ce que ça charge ! Que ce soit pour passer du menu principal à la boutique, ou de la boutique au manager : chargement, chargement, même avec le jeu installé : chargement. Tout ça pour afficher des briques, c’est fou.
Gears of War, Street Fighter, Modern Warfare, tous ces gens ont choisi la facilité avec leurs textures et leurs particules. Le vrai exploit technologique c’est l’affichage de pièces LEGO ! La preuve, ça ne tourne qu’en trente images par seconde.
Ou alors le jeu est programmé avec les fesses.

lego-rock-band-wii-088.jpg
La fausse bonne idée : des briques LEGO à la place des gros cubes d’origine sur la partition. Usant pour le regard et rendant difficile la lecture des rythmes décalés.

À block and Roll

J’avoue qu’à un moment, ça a été plaisant cinq minutes malgré tout. Avoir enfin quelque chose à regarder de nouveau en jouant ramène un peu de fraîcheur au vieux Rockband 2. Jouer Ghostbusters dans une maison hantée amène la mise en scène au jeu musical, ce qui lui manque cruellement et donnerait presque un espoir pour le genre.
L’autre nouveauté intéressante est la possibilité de jouer des “versions courtes” des chansons du jeu. Pour palier au manque de concentration des enfants modernes, probablement. Malheureusement, le jeu en tournée multipliant des concerts doublons avant de débloquer les nouvelles chansons, cette option est finalement surtout utilisée pour accélérer une pénible progression solo. Et vu qu’on ne peut pas écourter les chansons téléchargées, elle ne servira que rarement à autre chose.

avoir la cerise sans le gâteau

Autant le dire tout net : le jeu ne vaut que pour ses chansons inédites. A croire que Harmonix garde certains titres hyper populaires pour les intégrer à différentes déclinaisons, et ainsi assurer un minimum de ventes. Des monuments comme The Final Countdown, Song 2, We Will Rock You, auraient pu être proposés en téléchargement depuis bien longtemps (avec les titres de Blur ou l’album de Queen déjà disponibles). Mais maintenant pour pouvoir les jouer en soirée, il vous faudra raquer pour le jeu… dans un premier temps.
Le jeu étant ce que j’expliquais, on a vite hâte de balancer les meilleurs titres sur le disque dur de la console, pour y jouer sur un Rockband correct. Mais cette opération complexe demande d’abord d’entrer sur le site officiel un code unique fourni avec le jeu. Code qui vous donne droit à un autre code, cette fois-ci à entrer dans la console, et qui vous permet d’acheter l’autorisation de transfert au prix éhonté de dix euros.
Oui, des briques dans le rectum, ça fait encore plus mal.

LEGO Rockband Xbox360 est vendu autour de 45 euros par les moins escrocs. L’export des chansons coûtera 800 points Microsoft et un espace disque de 1,3 Go insécable. En effet, les chansons s’y trouvant en pack, vous ne pourrez en effacer les pires (P!NK, ergh).
La playlist est la suivante :

  • All American Rejects, “Swing, Swing”
  • The Automatic, “Monster”
  • Blink-182, “Aliens Exist”
  • Blur, “Song 2”
  • Bon Jovi, “You Give Love a Bad Name”
  • Boys like Girls, “Thunder”
  • Bryan Adams, “Summer of 69”
  • Carl Douglas, “Kung Fu Fighting”
  • The Coral, “Dreaming of You”
  • Counting Crows, “Accidentally in Love”
  • David Bowie, “Let’s Dance”
  • Elton John, “Crocodile Rock”
  • Europe, “The Final Countdown”
  • Everlife, “Real Wild Child”
  • Foo Fighters, “Breakout”
  • Good Charlotte, “Girls & Boys”
  • The Hives, “Tick Tick Boom!”
  • Iggy Pop, “The Passenger”
  • Incubus, “Dig”
  • Jackson 5, “I Want You Back”
  • Jimi Hendrix, “Fire”
  • Kaiser Chiefs, “Ruby”
  • Katrina & The Waves, “Walking on Sunshine”
  • The Kooks, “Naïve”
  • KoRn, “Word Up!”
  • KT Tunstall, “Suddenly I See”
  • Lostprophets, “Rooftops”
  • P!NK, “So What”
  • The Police, “Every Little Thing She Does Is Magic”
  • The Primitives, “Crash”
  • Queen, “We Are The Champions”
  • Queen, “We Will Rock You”
  • Rascal Flatts, “Life is a Highway”
  • Ray Parker Jr., “Ghostbusters”
  • Razorlight, “Stumble and Fall”
  • Spin Doctors, “Two Princes”
  • Spinal Tap, “Short & Sweet”
  • Steve Harly, “Make Me Smile”
  • Sum 41, “In Too Deep”
  • Supergrass, “Grace”
  • Tom Petty, “Free Fallin”
  • T-Rex, “Ride a White Swan”
  • Vampire Weekend, “A-Punk”
  • We the Kings, “Check Yes Juliet”
  • The Zutons, “Valerie”

Notes

[1] Ou utiliser la guitare qui se règle seule devant la télé, sortie il y a deux ans aux USA et jamais vue chez nous.