A un certain stade du mode tournée en groupe, on ne peut plus gagner de fans sans augmenter de niveau de difficulté. Ils pourraient le dire plus poliment.
%!@? toi-même...

Si Rock Band fourmille de bonnes idées, comme l'OverScan qui permet un vrai plein écran HD, il n'est pas exempt de petits défauts.
Un petit tour des manquements, en attendant de parler de la batterie.

Les modes d'emploi sont un vrai foutage de gueule. On se souvient avec tendresse du faux carnet de Guitar Hero 1 et sa galette maquillée en disque vinyl. Ici, le livret du jeu est en noir et blanc, et se limite au strict minimum avec une double page par instrument et trois lignes sur le Xbox LIVE. Le kit instrument, à un million de dollars rappelons-le, ne contient que de pauvres photocopies multilingues dans le plus pur style IKEA. Honteux.

L'arborescence des menus est pourrite. On s'y perd facilement, du titre jusqu'à ceux de l'interface de création de motif. Et la sélection des personnages peu claire entraine un multiplicateur de confusion augmentant avec le nombre de joueurs. Ajoutons à ça que chaque musicien peut prendre le contrôle de la navigation, et l'engueulade n'est pas loin.

Chaque personnage créé est limité à un seul instrument. On doit ainsi se prévoir un perso pour chaque activité, et gagner séparement l'argent nécessaire à leur look.

L'animation des musiciens et les jeux de caméra n'ont pas tant évolués que ça. Il arrive encore d'avoir un jeu scénique similaire et simultané pour le bassiste et le guitariste, et en mode solo on aimerait bien que la caméra s'intéresse un peu plus à nous. On imagine avec envie un futur mode régie, pour avoir des replays à modifier et des mouvements de caméra à programmer.
Il y a les prémisses de quelque chose de terrible dans le ralenti à la 300 (le film) mis en scène avant un solo. Mais c'est encore trop discret.

Le mode carrière en groupe n'est pas possible en ligne. Tout l'intérêt d'être un musicien itinérant est donc réduit à l'espace du salon. Il est impossible de jouer en ligne avec un groupe de notre création. On peut juste choisir un de nos personnages, et il ne gagnera pas un kopek pour ses prestations. Evidement, l'apparition d'un tel mode est la première promesse de Rock Band 2. Bonjour frustration, en attendant.

L'étendue du niveau de difficulté à la gratte est assez limitée. Dans Guitar Hero 1 et 2, le passage du mode Normal à Difficile ajoutait la frette orange et augmentait la vitesse. Disons qu'ici, le niveau difficile ajoute le cinquième bouton tandis que le niveau Expert augmente la vitesse.
Cela adoucit énormément la progression, en proposant assez de choix pour garder le défi sans subir l'humiliation d'un GH3. Mais en contrepartie, le jeu de guitare en solo offre peu de challenge aux gratteurs fous formés aux pires chansons de GH2. Et l'écart avec les partitions à notes gratuites de GH3 devient autant abyssal qu'idéologique.
À noter que le tir à été un peu rectifié pour les chansons téléchargeables, à la difficulté un peu plus marquée.


Moi, comme ça, ça me suffit : j'aime pas la douleur, et j'aime bien me la péter pour rien. Prout prout, je joue en Expert-yeuu, chuis trop t'un ouf...

Les tournées en solo sont beaucoup moins dynamiques que la tournée en groupe. Là où l'aventure à plusieurs rebondit par les missions données par le manager, et les sets de 2 à 5 morceaux d'affilée pour gagner un bus ou un avion; en solo c'est le vieux schéma de setlists GH qui est en vigueur. On joue plus pour s'habiller que pour finir la tournée.

En solo, il faut débloquer les morceaux bonus à chaque niveau de difficulté. Cette fois-ci on ne doit pas les acheter mais les débloquer un à un, et on retrouve l'aspect découverte et bonnes surprises de "petits" groupe comme dans GH1 et 2 ( genre les mioches de Crooked X et leur morceau Nightmare >0<w). Mais se retaper les mauvais pour pouvoir jouer ses préférés à chaque changement de difficulté, c'est relou.
Oh, je pourrais le faire en mode partie rapide. Mais sans mon alter ego à l'écran c'est pas drôle. Non, on ne peut pas choisir son perso en partie rapide.

Pour chipoter, parlons vite fait du passage incandescent en transe qui rend les notes jaunes et orange (genre la grosse caisse...) plus dures à discerner pendant un court instant. Ou les longs chargements avec un .GIF animé digne de la Neo Geo CD. Il y a aussi l'impossibilité de retenter un morceau en carrière, quand on l'a fini limite, sans passer par le menu principal. Et dans les meilleurs cas, on voudrait aussi pouvoir enchainer avec le morceau suivant sans repasser par le menu. Enfin, il y a le simili bruit de grosse caisse, qui marque la réussite d'une série de notes spéciales, donne l'impression gênante au batteur débutant d'avoir dérapé sur la pédale (et perdu son multiplicateur).

Mais malgré tout ça Rock Band reste pour moi bien au-dessus de Guitar Hero 3. Hormis les différences concernant la guitare, opposant joueur Shredder (qui aime gratter comme un malade des trucs inhumain) et Stoner (qui aime tripper sur la rythmique et le jeu de scène), le jeu d'Harmonix a un gout d'original. Neversoft/Activision ont une autre vision du rock -visible dans leur marketing- y incluant une notion de ridicule assumé. C'est peut-être comme cela que les américains appréhendent le genre musical, dans la démesure des concerts pyrotechniques.
Alors que, comme pour No More Heroes, Rock Band permet une identification dans l'air du temps. Les personnages sont proches des Sims et autres Miis dans l'ampleur de ce que le joueur peut y investir en émotions par l'outil de création. Le gameplay est axé sur le plaisir en groupe plutôt que le performance personnelle. Et le suivi, avec une mise à jour hebdomadaire d'une boutique claire à la navigation agréable, crédibilise l'économie numérique bien au-delà du service de téléchargement minimal de GH3.