On l’a dit, le trentenaire de la pub New Super Mario, on l’aime pas trop par ici. On devrait pourtant se sentir concernés, vu l’âge du type, foutu temps qui passe, mais non.
Déjà il a les cheveux courts, une chemise et une cravate : c’est un commercial, voire un cadre. C’est mal parti pour l’identification : Nintendo ne s’adresse pas à tout le monde, mais à une catégorie sociale au sein d’une classe d’âge.
Publicité très ciblée de Mario donc, en plein dans son idée géniale (des gens ont été payés chers pour l’avoir eu) d’augmenter leur audience en amenant au jeu des personnes qui ne jouaient pas ; et le type de la photo, c’est sûrement plus le genre à faire le requin ou le lièvre, qu’à se déguiser en tortue.

Vous avez vu la pub ? Il parle touuuut dooooucement, il murmure un “super” presque inaudible (ce Mario mérite pas mieux, en même temps), il a l’air tout gentil, tout attendri ; très discret dans son bonheur. Qu’est-ce à dire ? Que ce type capable de se donner à fond dans son boulot (sa chemise très froissée, assurément par la sueur d’une dure journée de labeur), qui possède forcément, en tant que cadre ou commercial, des qualités certaines d’expression, de rhétorique ou d’autorité serait aussi timide dans ses loisirs ?
Bien que trentenaire, régressif[1] et nostagique (retrouver son enfance, c’est beau comme du knacki herta), ce type, il ne sort manifestement pas en gloubi-boulga night ; il ne gesticulerait pas non plus devant une Wii : vu ce qui l’entoure, c’est même le genre à ne rien faire du tout en dehors de son travail : aucune personnalité, aucun élément original sur lui ou dans son appartement ; juste un léger sourire abruti sur son visage de joueur honteux : le loup qui rêve de (re)devenir une brebis.

Drôle de cible que celle du nouveau Mario : un trentenaire, actif, en plein plaisir coupable, jouant en cachette.
Dis Mario, t’es sûr que ça existe encore ? Parce qu’entre ses 10 ans et ses trente ans le bonhomme, il a sûrement acheté une Playstation, vu qu’on pouvait pas trop compter sur tes grosses fesses pour pondre une console valable à l’époque. Et la Playstation a marché du tonnerre pour déculpabiliser les gens de jouer, et de dire qu’ils jouaient.
Mais c’est vrai que sur Playstation, on ne déplace pas un petit gros en salopette qui lance des carapaces.

Notes

[1] Il est assis comme un enfant, ramassé, au sol, malgré le beau canapé aux couleurs froides qui s’oppose aux tons chauds du cliché de ses 10 ans, il semble flotter dans sa chemise froissée, la cravate desserée, comme devenues trop grandes pour lui.