Continuons notre petit tour de la gamme Bit Generations de Nintendo, la gamme des petits jeux fauchés sur GBA (tellement que le site officiel était déjà fermé 2 mois après leur sortie).
Cette fois-ci, Soundvoyager, qui est très bien. Vraiment. Et quand c’est bien, je n’ai rien à dire, donc on fera court.

Soundvoyager aurait pu être un concept, genre Electroplankton. Heureusement, c’est surtout un jeu. Soulagement.
L’originalité du jeu vient de la place laissée à l’environnement sonore, qui, tout bonnement, remplace tout le reste.

Mine de rien, de voir un jeu pareil déboulé sur une console Nintendo, ce n’est pas rien : le son a toujours été la dernière préoccupation du gros (ne me répondez pas Koji Kondo ou F-Zero, je parle du hardware). La meilleure preuve étant que pour jouer à Sound Voyager, il faut un casque, car pour visualiser l’emplacement d’un son, un haut-parleur unique c’est assez peu pratique.

Concrètement, Soundvoyager, cela revient à se déplacer à droite ou à gauche selon qu’une musique provienne de la droite, de la gauche ou du miyeu, pour l’éviter ou, au contraire, s’en rapprocher.
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Le jeu décline quatre épreuves en scrolling vertical selon plusieurs bibliothèques sonores (styles musicaux, sons de caisses, d’animaux, etc.). Le premier mini-jeu, “Sound Catcher”, propose de récupérer et d’accumuler un certain nombre de boucles musicales. Même principe pour le “slalom”, sans l’accumulation des boucles sonores, ce qui le rend assez peu intéressant (même si là vous pouvez accélérer ou ralentir pour améliorer votre temps). Dans “Sound drive”, il s’agit du contraire : sur une route, il faudra zigzaguer entre les voies pour éviter les collisions. “Sound Chase” y ajoute un soupçon de Chase HQ : il faudra rattraper un son particulier.
Quelques autres mini-jeux sont en scrolling multidirectionnel (Sound cannon (repérer et détruire des onis) et Sound cock (attraper des poulets) notamment.

Et là vous me direz : ” Game A, c’est bien beau, mais pour la durée de vie, ça donne quoi ?” Et bien pour un bit generation, pas trop mal. Bien plus qu’Orbital en tout cas, que j’ai torché en une journée[1]. Bon aussi je deviens dur de la feuille (l’âge), et le jeu me résiste. Pas sûr que j’y reviendrai souvent une fois terminé.

A vrai dire, je n’ai rien à reprocher à Sound Voyager (JP++), sinon l’essentiel : le son. Parce que la visibilité étant l’avant-dernière roue du carrosse du hardware des portables de Nintendo (la dernière étant ?… Le son ! Bravo, y’en a pas un qui suit…), je me disais chouette, avec un jeu basé sur le son, je pourrai enfin jouer avec ma console quand il y a du soleil. Ben, malheureusement, pas du tout : pour y jouer, il faut un silence complet et de l’obscurité, tellement la concentration demandée est importante.

Jusqu’à maintenant, on jouait surtout aux jeux vidéo à la place des choses super importantes que l’on aurait dues faire pendant la journée, bref pendant notre semblant de vie active. Or avec le contexte exigé par ce jeu, le silence, la concentration qu’il nécessite, les jeux vidéo finissent de s’immiscer dans les rares moments à soi que l’on parvenait plus ou moins à se dégager : un peu avant ou après le sommeil. Ces moments où le monde nous laisse enfin un peu de répit, où l’on parvient à lire quelques pages d’un bouquin, ou à réfléchir sur le désastre de sa vie.



Non, après tout, c’est LE jeu que j’espérais depuis des années.

Notes

[1] Bon d’accord je n’ai pas terminé Orbital à 100%, je n’ai pas eu la passion de débloquer les derniers niveaux bonus. Mais après tout, que veut dire “terminer un jeu” ? Dans Comment parler des livres que l’on a pas lus, Pierre Bayard développe une nomenclature assez provocatrice : refusant la distinction livres lus/non lus, il distingue les livres parcourus (LP), les livres oubliés (LO), ceux dont on a entendus parler (LE) et les livres inconnus (LI), abréviations qu’il assortit d’un avis plutôt ou très positif (++), neutre (+-) ou plutôt ou très négatif (—).
Je me demande depuis quelques jours si on ne pourrait pas l’appliquer aux jeux vidéo (J). En effet, de la même façon qu’on ne garde d’une lecture que quelques images, qu’un avis général et parfois rien du tout, “finir un jeu” est une notion problématique : terminer un RPG sans achever toutes les quêtes secondaires, sans récupérer tous les objets, est-ce vraiment le terminer ? Et quand bien même on épuiserait tout son potentiel, qu’en reste-t-il vraiment en mémoire ? De Panzer Dragoon Saga (JO ++), terminé d’après ma sauvegarde, je ne me souviens vaguement que des bivouacs au coin du feu avec le dragon).