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La marotte des journalistes de jeux vidéo, en mal de polémique ou trahis par le peu d’innovation du dernier jeu de Capcom, reste toujours le racisme dans Resident Evil 5. Même si le jeu est maintenant sorti et que le contexte peut être jugé dans son histoire, certains comme Overgame s’amusent encore à faire peur avec des noirs.

Mélangeons tout, sauf les couleurs

Je ne vais pas refaire l’historique complet de la polémique depuis le premier trailer du jeu. Si vous y avez échappé, c’est une bonne chose. Mais en gros, ça donnait ça : un blanc qui tapait des noirs en Afrique c’était le retour du colonialisme, une femme blanche agressée par un noir c’est conforter la peur du bourgeois, et des zombies de couleur c’est une métaphore du Sida.
Et c’est au jeu qu’on reproche les raccourcis faciles…

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Polémique-mique-mique s’enlisait tout simplement

Le pays d’Afrique où prend place l’action de RE5 n’est jamais nommé. Contrairement à un Desert Strike sur Mega Drive, qui nous plaçait clairement dans un hélico des forces américaines durant la première guerre du Golfe, ici seul le continent est suggéré par un “Welcome in Africa” de Sheva, votre partenaire de couleur.
C’est donc l’évocation d’un contexte et non sa description qui est faite dans le jeu. Comme un Double Dragon qui se passe dans les bas-fond d’une grande ville occidentale, ou un Ninja Spirit dans un Japon médieval flou, ou encore un Call of Duty 4 dans un Moyen-Orient alternatif mais pourtant très proche de l’actualité.
On peut tous retourner en train au Pays des Champignons de Nintendo, évacué de tout signe ostentatoire et du moindre lien avec la réalité. Mais reprocher une insensibilité au problème du tiers-monde dans le jeu de Capcom, c’est mélanger indignation politique et langage vidéo-ludique.

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Virtual Politic

Le racisme dans les pays industrialisés et la situation en Afrique sont des problèmes sérieux et des responsabilités politiques graves. Normalement on élit, dans la vraie vie de la réalité, des gens compétents pour nous représenter et défendre les droits de l’Homme qui nous sont si chers. Et, entre nous, ce n’est pas Chris Redfield qui arrive avec gardes du corps et journalistes dans le niveau 93 du jeu pour évoquer une marque de nettoyants à haute pression.
Alors pourquoi demander au secteur du loisir de régler ce problème délicat avant de pouvoir placer l’action dans la savane ? Pourquoi demander au peuple souverain que nous sommes de défendre ses idées à travers des choix de consommation ? Pourquoi reprocher à une industrie de ne pas prendre les responsabilités que nos hommes politiques fuient comme la peste ?

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Le Droit de s’asseoir

Et pourtant, en pointant du doigt une utilisation du continent noir comme laboratoire de grands groupes pharmaceutiques, Resident Evil 5 en fait plus niveau investigation que nos médias généralistes. En ce sens il dépasse le cadre de simple jeu vidéo en évoquant un sujet fâcheux; là où d’autres nous placent sur le dos d’un dinosaure à la langue démesurée pour sauver une princesse enlevée par des tortues. Lequel de ces deux jeux est le plus hypocrite ?
Il est cependant reproché au jeu de zombies de ne pas régler le problème, de ne pas en aborder tous les aspects, et de ne pas donner la parole à tous ceux qui ont quelque chose à en dire. Ce n’est pas son rôle, et malgré tout le jeu fait déjà preuve de bien plus de délicatesse que, par exemple, l’Envoyé Special de France 2 de la semaine dernière sur la communauté chinoise à Paris.

Pour ma part je ne vois là-dedans que des citoyens, déboussolés entre révolte et impuissance, qui demandent à un média populaire de prendre en charge les problèmes qu’évitent soigneusement journalistes et hommes politiques. Après le problème des jeunes qui se tirent dessus à cause des jeux vidéos - et non à cause de la société injuste et sans avenir dans laquelle on leur somme de se démerder - c’est maintenant au tour du racisme d’être amplifié par l’utilisation d’une manette.
Par contre, si vous croisez des gens qui marchent sur la tête ce n’est pas un bug du jeu, vous êtes dans la réalité.