Les Berkman se séparent
Par Game A le 8 novembre 2007 - Fautographie.4 minutes
Là, de suite, si vous me demandiez comment je me sens, je vous dirais pas bien. Un peu mélancolique.
C’est bien simple, devant cette nouvelle publicité Nintendo, reçue dans ma boite aux lettres (perversité sans limite de Mario), je suis aussi chafouin que devant une nature morte morbide. D’ailleurs tiens puisqu’on en parle, regardez au fond, les belles fleurs épanouies : bientôt elles seront à terre, fanées, décomposées.
Dans ce bas monde, rien ne dure, tout s’inverse, tout meurt, finalement. Et le bonheur, s’il est possible, n’est que passager ; et puis tellement fragile.
Pourquoi cette tristesse devant une famille apparemment si joyeuse ? Mais regardez mieux. Vous voyez ? Oui, vous le ressentez aussi maintenant. Ces quatre-là n’ont que l’apparence du bonheur.
Vous avez comme une sorte de déjà-vu devant cette famille j’en suis sûr. Comme vous avez raison, vous en connaissez déjà certains !
Regardez mieux les deux enfants. Le blondinet, par exemple. Oui, il s’agit bien de celui qui s’amusait tant sur Wii Fit en juillet. Et la jeune fille au regard un peu éteint, la même qui regardait, mi-envieuse, mi-admirative, son frère faire des têtes. Comme tout a changé…
Source : Go Nintendo
Qu’est-il arrivé à ce dynamique buteur, à ce polisson beau comme nous dans les années 80, si à l’aise dans son corps ? Maintenant son sourire semble feint, son poignet droit est cassé, mou, sans vigueur ; sa main gauche est presque resserrée en poing, presque, comme une colère rentrée que l’on ose pas exprimer autrement que par une pose incommode (regardez encore, sa façon de coller son bras à sa cuisse, sa colonne tordue vers sa soeur). Oui, indéniablement, quelque chose cloche ici.
Ce qui nous fait le plus mal, souvent, se tient juste devant votre nez. Ou à vos côtés, en l’occurrence.
Rappelez-vous, juillet, le père formidable de ces beaux enfants. Comparez avec celui qui sourit à pleine dent à sa gauche. Vous avez remarqué ? Oui, il ne s’agit pas du même !
Dire que je l’aimais tellement, leur père. Vous aussi hein ? Vous vous souvenez, les efforts qu’il faisait pour rester séduisant ? Il se donnait du mal.
Sans doute on ne saura jamais ce qui a amené sa femme à le quitter et à se remarier en moins de 4 mois. Sans doute a-t-elle des raisons qui nous échappent, qu’il nous faut respecter.
Peut-être la procédure de divorce était-elle engagée depuis longtemps. Peut-être son mari était assez formidable pour accepter le choix de sa femme sans discuter, garder le sourire et continuer une vie de famille la plus équilibrée possible, le plus longtemps possible, pour les enfants. Peut-être.
Par contre, ce que je ne crois pas, c’est que le type à sa gauche ait été son amant. Ou seulement dans les dernières semaines, au moment où chacun préparait ses bagages et sa prochaine vie. Regardez-le bien, sa bonne santé agressive, la manière dont son visage agrippe la lumière : ce n’est pas un homme de l’ombre. Il est jeune, arrogant, assez crâneur pour ne pas se sentir ridicule à tenir une wiimote sans regarder l’écran.
Non, je ne crois pas qu’elle ait eu un amant. À la voir, à droite du canapé, légèrement voûtée, j’ai de la peine. Et puis ce sourire un peu bêta, cette façon éperdue de s’adosser à son nouveau mari, soulagée… Elle ressemble à une adolescente en fugue, sauvée de justesse.
Son précédent mari était tellement présent, tellement sans faille. Elle ne supportait plus sa perfection, tout bonnement. Elle ne s’en sentait pas digne, même si elle ne l’avouera jamais. Le problème, finalement, c’était ça : il était trop bien pour elle.
Pour autant elle ne pensait pas que se défaire de lui serait si difficile.
Elle n’y avait pas pensé, ne s’y était pas préparée. Et n’a pas supporté pas le célibat.
Dès les premiers jours, elle a dû connaître la dépression, la profonde solitude. Dès la sortie du tribunal même, elle a dû s’inquiéter de son pouvoir de séduction, même avec une nouvelle coupe de cheveux. Alors bien sûr, quand l’autre est arrivé, enjôleur, sûr de lui, ressemblant physiquement tellement à son ex, elle s’est laissée marier, sans réfléchir. Sans voir qu’en s’abandonnant à lui, en lui laissant la place du milieu, elle abandonnait un peu ses enfants.
Voilà sans doute la signification du sourire du type. Il ne sourit pas à cause du jeu sur la télé. La Wii, très peu pour lui. Les jeux vidéo c’est pour les débiles. Pour l’instant, il accepte de jouer histoire de faire bonne figure devant les mioches - suffit que des mômes vous aient dans le nez pour faire de votre vie un enfer, ça il le sait, c’est son deuxième mariage avec une mère de famille. Alors aujourd’hui il a accepté. Demain, il fera tomber la console en branchant sa platine cédé, c’est prévu déjà.
Non, voilà la signification de sa joie : il a le sourire carnassier de celui qui a fait une bonne affaire en exploitant les faiblesses de l’autre, presque du vol hein, mais il sait y faire. Et là, il a toutes les raisons d’être content de lui, il a choppé un beau petit lot.
Il n’y a qu’une seule chose qui me soulage dans cette affaire. C’est que le père, s’il n’a pas gardé la Wii lors de la séparation des biens a au moins conservé le canapé.
C’est déjà ça.
Commentaires
Grandiose!
Cher Game A, vos vanités sont exquises.
(tant que j'y suis : regarde bien la tête de la femme. Il semble que son chagrin l'ait poussée vers une solution qui, hélas ! amène plus de problèmes qu'elle n'en résout : la drogue. Ah ! maudit appel des paradis artificiels...)
Jouissif tout simplement, pour ma part je pense que la cocaïne et l'héroïne y sont peut être pour quelque chose et puis dans les familles "parfaites" on cache les problèmes "pour les enfants". Mais bon elle ne perd pas de temps madame Berkman bizarre, bizarre
tu es un grand malade :)
moi je pense que t'a pas tout saisé, en fait la mère aussi c'est pas la même en fait les parents ont vendu les enfants à l'arche de Wiié et à des nouveaux parents pédomaniaque :D
Juste merci.
Si tout cela était vrai... finalement la situation serait presque acceptable, tristement ordinaire, même... Mais il n'en est rien. La réalité est tout autre. La réalité n'est que la vase glauque qui ternit l'eau d'une rivière qui s'efforce d'être aussi éclatante qu'une machoire de top modèle après le passage d'Email Diamant.
Cet homme dont nous admirions ici même la pugnacité, dans sa volonté supposée de séduire encore sa femme, cet homme n'est pas celui que nous croyions.
Depuis plusieurs mois déjà, pendant que sa femme vaquait à Dubai ou sur le green du golf de St Tropez, lui ne sortait pas. Il restait cloîtré dans la grande maison au murs blancs qu'il avait achetée, un peu pour elle, un peu pour fuir la frénésie de la grande capitale internationale où ses affaires le conduisaient pourtant encore souvent.
Elle ne travaillait plus depuis la naissance de leur garçon, un enfant fragile et frêle, qu'un accouchement difficile à rendu instable. Souvent elle repensait à sa vie d'avant, elle se disait que peut être cet enfant qu'elle avait souhaité plus que son mari était la cause de leur éloignement. Elle ne pouvait pas en vouloir à son mari, c'était un père modèle et un homme aimant, mais depuis l'arrivée de leur fils, il n'était plus le même. Il travaillait beaucoup, jusqu'à tard, voire tôt, s'absentait parfois quelques jours sans donner de nouvelles, paraîssait distant, de corps et de coeur.
Mais la réalité glisse entre les doigts de ceux qui cherchent à la saisir et la comprendre. Madame, fâchée de ne plus avoir d'emprise sur la vie de son mari, se met à l'assommer de reproches continuellement, presque autant pour le blâmer pour son absence que pour se blâmer elle de ne pas arriver à le comprendre ni à le retenir.
Lui subissait les scènes sans réagir, arrondissant les angles tant que possible. Il ne pouvait pas lui en vouloir non plus, elle ne savait pas, elle était perdue, frustrée. Mais il était trop tard, il ne pouvait plus faire marche arrière.
Pourtant, s'il avait été moins habile dans la dissimulation, si elle avait moins cherché à fuir le foyer quotidiennement pour noyer ses craintes dans la contrex et le thé citron face aux yachts des ports huppés, elle aurait peut être compris. Elle se serait rendue compte que ses absences à elle lui servaient à lui. Elle l'aurait vu passer des heures à suivre un entraînement physique intensif dans le salon, pendant ses heures de bureau, lui qui pourtant se targuait de devoir, comme Churchill, sa bonne santé à un mépris farouche de toute pratique sportive.
Pourquoi un homme encore beau dans sa cinquantaine, au visage presque embelli par quelques rides rappelant plus une virilité tranquille qu'une peau fletrissante, pourquoi se donnerait-il le mal de suivre un tel entraînement, via une machine enregistrant toutes ses performances sur le réseau?
Son mari n'est pas l'homme qu'elle croyait. D'ailleurs ce n'est plus son mari désormais. Des hommes son venus, un matin froid d'automne finissant. Ils sont entrés dans la grande maison au murs blancs, et les ont emmenés, elle, sa fille, et son fils, fragile au point qu'il se brisa le poignet en se débattant, appelant au secours son père, debout devant ce canapé, un regard vide porté sur le décor, de l'autre coté de la fenêtre. Sa mission devait être sa seule pensée, désormais. On l'avait prévenu que l'on s'occuperait de tout. On prendrait soin de sa famille. On le remplacerait auprès d'elle, tout se passerait pour le mieux, personne ne détecterait rien dans la famille ou les amis. De toutes façons, des amis, ils n'en avaient plus depuis longtemps.
La réalité est parfois amère et sale. Mieux vaut la laisser au fond de l'eau.
Ben, tu vois, le fait que j'ai refusé de t'accompagner au festival Chiptune, ça t'a foutu la niaque, et pan ! tu nous ponds 2 articles d'une centaine de ligne en moins de 24 heures !
Et ba je l'ai revendu à temps ma wii hein...