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Depuis les deux manettes livrées avec la NES, j’ai toujours cherché les jeux à deux en coopération (et je courais déjà après les promesses de potentiel de Nintendo). Je différenciais déjà les Balloon Fight et Ice Climber de la coopération d’un Double Dragon. Avec les frères Lee, le jeu de bagarre nous figurait - nous, jeunes enfants s’adonnant à des machines accusées d’abîmer le cathodique familial - luttant à deux contre un monde injuste et autoritaire.
Bien des années plus tard, cette menace inéluctable prend forme et nom à travers un nouveau mode de jeu : LA HORDE, et met à mal la confiance et l’esprit d’équipe des joueurs de Gears of War 2, CoD 5 ou Left 4 Dead. Comme quoi le repli communautaire a toujours du succès quand l’apocalypse se fait pressante.

Ils arrivent…

On pouvait penser que la panacée du gameur serait l’accession au multijoueur total; avec le rêve d’un jeu dans lequel on n’affronterait plus une intelligence artificielle ennemie qui vient se cacher à coté de vous, attendant bêtement son headshot. Pouvoir ainsi feinter l’adversaire à gauche, passer dans son dos, le prendre à revers (en profitant de sa visibilité réduite sur un 36cm cathodique contre mon 1080pi), rend le jeu plus immersif par la nécessité d’une vigilance de tous les instants.
C’est peut-être cette pression systématique, ajoutée aux hystériques de 13 ans s’obligeant à découvrir tous les bugs dans des parties publiques, qui pousse les joueurs à se serrer les uns contre les autres dans l’affrontement de l’ennemi héréditaire : l’ordinateur.
Parce qu’on sait tous que c’est un enfoiré de tricheur numérique depuis qu’il nous a servi le premier Sonic Boom sans charger deux secondes en arrière. Il est le Mal dont tout le monde convient, aussi indéfendable qu’une cigarette dans un lieu public.

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L’ordinateur c’est qu’un fasciste…

attends j’te relève

Team Fortress a su nous faire goûter à la coopération comme indispensable à la victoire. Le genre FPS, bourrin de réputation, arrivait ainsi à faire s’aimer les joueurs. Et les appels au secours “médic !”, et les “merci, tu m’as sauvé la vie”, et que “vas-y, j’te couvre !” apportaient une nouvelle dimension. Le jeu d’action en soutien et à l’arrière des lignes apparu aux masses, et la victoire appartenait maintenant à toute l’équipe. Une escouade soudée de débutants peut ainsi venir à bout d’une troupe de one-man-army désorganisée.
Pour les joueurs PC de Counter Strike, ce n’est rien de bien nouveau. Mais dans l’individualité et la solitude des jeux japonais qui régnaient sur console, la notion d’équipe est une sensation nouvelle.

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Laisse-le crever ce boulet

L’Autre n’a jamais été aussi important que dans ce mode de jeu, où les vagues d’ennemis s’enchaînent sur votre bunker de fortune ou vous traquent dans votre course vers le prochain abri.
Face aux infectés de Left 4 Dead, un survivant pourra vous libérer facilement d’un coup de crosse de l’étreinte d’un ennemi. Mais seul, il n’y a aucun moyen d’interrompre l’agonie. Et on se retrouve à chouiner à l’aide dans son micro.
Dans Gears of War, fi de la barre de vie, une fois à terre il ne vous reste que la possibilité de ramper jusqu’à un coéquipier, pour qu’il vous relève avant qu’un adversaire ne vous marche sur la tête.
Dans l’afflux de prédateurs, tenir sa position et protéger ses coéquipiers n’est plus un choix tactique mais la seule manière de survivre. Réservez-vous toutes les munitions et soins, et regardez l’équipe se réduire à votre seule personne. Et là, c’est pas les cachets ou la tronçonnette avidement récupérés qui vont vous relever.
Mais -ressort tragique- le gameur joue surtout contre l’ennui et pour le désir. Il viendra donc toujours un moment où l’un d’entre nous se donnera le but d’aller récupérer un objet, ou d’assouvir une vengeance personnelle contre un bot. Et on le regarde trébucher au loin, tiraillés entre l’envie d’aller le secourir et le besoin de garder le reste de l’équipe soudée et en vie.
On obtient un sentiment de survivance bien émulé, que vous pouvez encore chercher au pays des princesses et des champignons.

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Trust Test

Il n’échappera à personne que ce genre de mise-en-scène doit certainement une partie de son succès à l’ambiance de crise mondiale actuelle. A l’heure libérale du on-va-droit-dans-le-mur associé au chacun-pour-sa-peau, qu’il est bon d’être obligés de s’épauler et de se soutenir contre une tempête de merde.
Mais je vous rassure tout de suite : ça finit la moitié du temps en engueulade.

NB: ne possédant pas CoD5 je ne peux parler du gameplay de son mode contre la horde de zombis nazis (qui vient de se faire patcher pour être accessible sans avoir à finir le jeu).