Qui aurait cru en extirpant le premier épisode des bacs à solde PS2 qu’EDF existerait encore en 2017 et que la série serait devenue la poule aux œufs d’or de D3 Publishing ?

Des trois (!) jeux de la franchise présentés au TGS cette semaine (dont un shmup qui n’a pas l’air si mal), Earth Defense Force: Iron Rain mérite d’ores-et-déjà une attention particulière.

Le détail a sans doute échappé à beaucoup mais par son « Force » au singulier, l’éditeur nous signale discrètement que le jeu ne sera pas canon, la série principale prenant un -s depuis Earth Defense Forces 3 (« 2017 » chez nous).

Méticulosité toute japonaise passée par-dessus bord à l’export (tous les titres étant invariablement au singulier chez nous), elle témoigne cependant de l’intérêt maniaque que D3 porte à sa franchise dans l’archipel.

Earth Defense Force: Iron Rain est donc, sinon une suite, du moins la poursuite de la démarche lancée par Earth Defense Force: Insect Armageddon en 2011 : mieux implanter la série aux Etats-Unis.
Le premier avait été développé par Vicious Cycle, un développeur de Caroline du Nord (fermé en 2016), celui-ci le sera par Yuke’s, basé à Osaka mais dont l’adaptation au marché américain est totale depuis 15 ans qu’ils développent des jeux de catch pour la WWE (éternelle reconnaissance à eux pour avoir remplacé à l’époque les purges ludiques éditées par Acclaim ou Electronic Arts).

Canon ou pas, le jeu mérite d’ores-et-déjà plus d’attention que le prochain Earth Defense Forces 5, essentiellement pour sa direction artistique.

La présence au générique de Takashi Niigaki dont ce sera la première participation officielle à un jeu vidéo est déjà intéressante pour l’anecdote : peut-être aviez-vous entendu parler de Mamoru Samuragochi, ce musicien classique japonais prétendant être sourd ? Niigaki était celui qui composait à sa place et qui l’a forcé aux aveux en 2014.

Prête-plume de Samuragochi 18 ans durant, Niigaki était le vrai auteur de l’OST de Resident Evil: Director’s Cut Dual Shock Ver. et d’un Onimusha. On pourra donc prêter une oreille plus attentive à la musique qu’à l’accoutumée, et voir comment Niigaki parvient à contribuer à l’ambiance épique et symphonique de la série.

Dernière curiosité, Yuke’s a recruté un « creature designer » à la réputation assez solide, Ryu Oyama. Excellent sculpteur de monstres, notamment Ultra Q et Ultraman, il pourra peut-être améliorer la série sur un de ses défauts récurrents (à mon avis) depuis EDF 3/2017 (les dragons chinois du 4, les grenouilles du 5, les kaiju en général depuis le 3).


 

Reste malgré tout une interrogation pour les fans d’EDF à la vue de la ville du sud des Etats-Unis du trailer, car ce qui est un retour aux sources pour les fourmis géantes du jeu (influence évidente d’EDF, le film catastrophe Them! (1954) se déroulait dans le désert du Nouveau Mexique) n’est pas aussi prometteur pour les joueurs.

Alors qu’un des grands plaisirs du jeu était d’atomiser des blocs immenses de gratte-ciels, Iron Rain réussira-t-il à garder son intérêt malgré le quartier d’affaires ramassé et l’architecture basse et étendue des villes américaines ?

Reste à espérer que l’invasion des Etats-Unis ne sera pas limitée à une seule ville comme dans Insect Armageddon et que le jeu proposera donc des environnements plus variés que cette triste ville désertique, sans quoi ni le plaisir des yeux ni celui des oreilles ne viendront compenser la perte des collines verdoyantes et des banlieues japonisantes de la série principale.



Pour les curieux, EDF a été mentionné plusieurs fois sur la manette. Par ordre décroissant d’intérêt, vous pouvez lire Nous vous devons plus que Lyzander (2012), World War 2025 (2013) et largement vous passer d’une courte recension du premier épisode (2006).