Dans les bagarres marketing des nouvelles consoles sans jeux, SONY se donne le rôle du bon mécène en mettant en avant les produits de petites structures. Vous avez sûrement vu ou entendu parler de ces jeux, le plus souvent tout en pixels, définis par des termes tels que “addictifs” ou “rétro-nouveaux” ; à savoir les jeux indés.

Evidemment on nous prend une nouvelle fois pour des billes. Car derrière cette communication marketing au budget dépassant largement celui des-dits jeux, plans ensuite relayés gracieusement par des amis publicitaires journalistes, le joueur trouvera des petits jeux pas vraiment finis qui trompent l’ennui mais ne mènent les jeux vidéo nulle part.

Longlive the HYPE

Pour donner le change et faire croire qu’il se passe quelque chose de merveilleux dans un secteur moribond - perdu entre le rétro, les remakes HD, et les batailles de copistes - le marketo-journalisme anti-blasitude moderne se trouve régulièrement des égéries. Des jeux qui semblent faire l’unanimité entre critiques et public, permettant à tout ce petit monde d’ériger son passe-temps coupable en forme d’Art. Tout va bien pour le joueur lambda, bercé par le roulis rassurant d’une pensée unique, jusqu’au jour où un de ces jeux en question provoque chez lui l’expérience d’un rejet sincère.

Pire est le LoU

Le meilleur exemple pour moi étant cette daube de The Last of Us, acclamée par n’importe quel badaud. Le dernier en date étant Christophe Gans qui y a trouvé le jeu parfait. Parfait pour un film, mais pour un jeu je ne crois pas.
Un million d’heures sur l’écran de chargement pour un énième jeu d’infiltration. Quel plaisir trouve-t-on à attendre que le jeu démarre, pour ensuite attendre qu’un bot fasse sa ronde ? Surtout quand la moitié du temps la sentinelle sera alertée sans que vous sachiez pourquoi. Mais on s’en fout, on “retry”, puisque c’est un jeu vidéo. Super l’immersion…

Niveau maniabilité, ce même LoU méprise tout ce qui a pu être fait avant sa conception. La configuration immuable des touches est une abérration avec le triangle pour l’interaction et le bouton de tir pour recharger. Aucun mouvement ne vient naturellement.
Entre autres éléments de la fumisterie : des couloirs à rallonge entre les bribes de scénario, je pousse et je tire un compagnon à l’IA de boulet, un mode multijoueur n’existant que pour être un argument sur la boîte…

Bref, Last of Us, malgré ses qualités de production triple A ne ravira pas n’importe quel joueur comme le prétendent les citations de l’emballage. Mais l’unanimité autour du titre rendra les déçus encore plus amers.

3D>2D>indé

Mais revenons à nos jeux indépendants. Il y a quelques années ceux-ci n’étaient que des jeux méprisés sous le terme “jeux iPhone”. La crise est passée par là, des dizaines d’excellents studios ont fermé sous les coups des restructurations, et c’est à peu près tout ce qu’il reste au secteur pour se faire mousser en attendant les annuels FIFA-CallOfDuty…

Deux des dernières productions indépendantes classées monuments historiques du jeu vidéo du Bien : Hotline Miami et OlliOlli
Hé bien je les méprise de toute mon âme. S’ils avaient été des jeux iPhone perdus dans les marécages d’iTunes, mon sentiment serait tout autre. Je serais beaucoup plus indulgent, voir fan, de jeux à quelques petits euros modestement noyés dans la masse.
Mais ce n’est pas le cas. Mis en avant sur les bandeaux du Playstation Store, vénérés par les blogueurs payés en service de presse journalistes, et vendus dans les dix euros, on essaie de nous faire passer des pixels pour de la next-gen.



Si ces dépenses supplémentaires avaient au moins servi à améliorer la qualité des titres, on pourrait donner un sens à l’entreprise. Mais le joueur lambda est vite désarmé devant les aberrations ergonomiques de Hotline Miami. Constatez : un jeu à highscore et leaderboards avec un menu de sélection des niveaux qui oublie d’indiquer les scores.



D’autre part, toute la complexité du gameplay est basée sur des actions simples (taper des gars) à faire avec des combinaisons de boutons compliquées. Aussi passionnant que de jouer à Final Fight au clavier.



De son coté Olli Olli fait encore pire avec un jeu exclusivement sur PSVita qui met deux minutes à se lancer et plante une fois sur trois. Il y a le même manque d’ergonomie, sans indicateurs pour suivre les défis (la seule motivation du joueur après le score), et des bugs de collisions systématiques (problématiques pour un jeu de skateboard).
Et comme les types sont trois et demi à programmer, pas de patch avant l’été.

Le pire des deux mondes, mais plus cher

Donc on a d’un coté les grandes usines de salariés du marketing des jeux vidéo comme SONY, qui dépensent des fortunes en publicité pour cacher le fait que leurs nouvelles consoles n’ont pas de jeux et font le Plus sans le Moins de la génération précédente ; et de l’autre d’infimes structures d’individus qui ont tout misé sur un concept modeste pour se lancer dans les jeux vidéo.
Ces gens travaillent maintenant ensemble et on pourrait espérer une émulation - même si les secrétaires du premier gagnent plusieurs fois le salaire du chef des seconds. Mais seul le prix augmente pour le joueur et la qualité de finition reste la même pour des jeux en gros pixels faciles poussés par un scrolling de gauche à droite et au gameplay basé sur la répétition ad nauseam.

D’aucun ne peut se nourrir uniquement de cahouètes

Et pour en mettre une couche finale, cette simplicité nourrit mal le joueur. Si elle était à sa place sur un téléphone entre deux arrêts de métro, cette vacuité est totalement affamante sur console. Normalement une séance sur un bon jeu - après une semaine à gagner sa croûte pour de vrai - doit laisser des sentiments d’évasion et d’accomplissement au joueur. Comme si d’autres avaient lu un bon livre ou vu un grand film.

Or quels seront vos souvenirs après Hotline Miami ou Olli Olli ? Avoir appuyé trois cent douze fois sur “recommencer” et un bonne tendinite d’avoir répété le même geste de manière de plus en plus tendue. La branlette comme Alpha et Omega du futur des jeux vidéo, en somme.
Et au moindre reproche constructeurs comme journalistes se servent de l’innocence des petits développeurs, comme les enfants-boucliers protègent les connards dans une Manif’ Pour Tous.