J’avais déjà relevé cette anomalie sans la résoudre. Depuis que je prépare un truc sur Fantasy Zone (j’ai pris des cours de teasing chez Haru), le problème n’a pas manqué de ressurgir : quand se déroulent à la fin tous les jeux qui défendent ce coin de la galaxie ?

Au départ tout parait simple : l’introduction du premier Fantasy Zone (sorti en mars 1986 sur borne d’arcade) se donnait la peine de développer un scénario et d’indiquer un “1422, années galactiques” comme début de la quête d’Opa-Opa :

Bizarrement Fantasy Zone II (1987, Sega Mark III - notre Sega Master System en mieux - puis arcade), se déroulant dix ans plus tard, parle maintenant de 6216, années galactiques toujours (image).

Tous les jeux suivants se situeront désormais par rapport à ce calendrier et, détail intéressant, dans la même période : ainsi Harrier libère Dragon Land en 6226 d’après la version Sega Master System (Space Harrier, 1985 en arcade), année durant laquelle Opa-Opa repousse une nouvelle fois les Menons (ce qui justifie à peu près le stage bonus de Fantasy Zone sur Sharp X68000 dans lequel il traverse Dragon Land).

Super Fantasy Zone (Megadrive, 1992) se déroule pendant un imprécis 623X, tandis que les événements de Space Harrier II ont lieu en 6236. L’unité de lieu entre ces jeux est donc aussi une unité de temps.

Petit détail, le calendrier galactique est manifestement dérivé du calendrier solaire romain, puisque, outre des mois de plus de 28 jours, il connaît le mois de juin (Fantasy Zone II prendrait ainsi fin le 29 juin de l’année spatiale 6226).

Quant à Fantasy Zone Gear (Game Gear, 1991), il fait un saut d’un siècle dans le temps et d’une génération dans la famille d’Opa-Opa : en 6344, son fils devra le délivrer des sempiternels Menons. La longévité d’Opa-Opa est d’ailleurs étonnante, et marque un changement complet de conception du personnage : au départ il y avait un pilote dans le machin anthromorphe (le rapprochant encore plus des TwinBee de Konami) : par exemple les jeux proposent d’acheter des vaisseaux supplémentaires (« extra ship ») et non des vies supplémentaires ; ou encore Galactic Protector (1988) qui s’achève sur un cockpit ouvert et concède à son pilote un héliotropisme très humain (image de gauche).

Cependant, au cours des épisodes, Opa-Opa et ses congénères deviennent des petits êtres vivants, comme dans le jamais sorti officiellement Space Fantasy Zone (à droite, Pc-Engine, 1991) ou dans les plus récents Phantasy Star Online où il fait une apparition. 

Revenons à ce changement de calendrier. Il semble être apparu avec la sortie en juin 1986 de Fantasy Zone sur Sega Mark III (image) :

L’adaptation de Space Harrier qui a suivi en décembre a elle aussi conservé ce calendrier, sans doute par souci de cohérence (faut-il rappeler l’absence quasi-totale de scénario de la version arcade de Space Harrier ? Pas de boss de fin à proprement parler ni d’apparition d’Absymbel pourtant présenté comme le grand ennemi). Il semble donc que la proximité chronologique entre les deux séries n’ait été envisagée qu’a posteriori par les concepteurs.

Pourquoi cependant ne pas avoir gardé 1422 années galactiques comme point de repère chronologique ? 1422 faisait-il trop peu futuriste ? (Il est pourtant spécifié que les deux séries ont lieu il y a très longtemps – bien que Harrier provienne de la planète Terre, allez comprendre.)

En tout cas, c’est sans doute le plus bel hommage que Fantasy Zone II Deluxe rend au jeu original puisque cette toute récente version* réutilise le calendrier d’origine, pour démarrer la revanche des Nenons (ils disent Nenons dans ce remix) à partir du 2 juin 1432.

On verra quel calendrier utilisera Fantasy Zone 3, évoqué par Zolge à la sortie de Thunderforce VI.

* Sortie en septembre 2008 sur PS2 dans la compilation Sega Ages dédiée à la série, Fantasy Zone II DX est une version complètement rénovée de Fantasy Zone II développée avec un kit de développement System 16 légèrement boosté en ram – Fantasy Zone exploitait ce même System 16 mais pas Fantasy Zone II, qui utilisait sur une carte System E, bien moins puissante.)