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Occupant l’univers médiatique comme il peut, Nintendo fait parler de lui en Espagne depuis jeudi. L’AFP relate aujourd’hui que l’Agence espagnole de protection des données vient de faire coffrer un « pirate informatique espagnol » à Malaga : pauvre Nintendo, qui « a été victime d’une tentative de chantage » d’après LeMonde.fr.

Devant la gravité de l’affaire (« une base de données de l’entreprise, contenant des informations personnelles sur 4 000 clients espagnols »), on comprend que le journaliste ait préféré l’indicatif à un prudent conditionnel passé (« aurait été victime ») ; l’heure était grave et la compétence de la courageuse police ibérique a évité la publication de cette liste en seulement huit jours (l’immonde intrusion aurait eu lieu dimanche 6).

Il suffit pourtant de connaître le savoir-faire de Nintendo en matière d’internet pour s’étonner devant la présentation si anxiogène de l’affaire : on parle tout de même d’une boite qui oblige à rentrer sa carte bancaire à chaque achat de points en ligne. Dans ces conditions, le potentiel de nuisance du pirate ne pouvait être que limité, ce qu’une rapide recherche permet de confirmer.

Outre que le vilain pirate, adan_gecko, clame sa bonne foi, l’expression de « base de données de l’entreprise » du Monde.fr est quelque peu abusive : il ne s’agit que d’une base de données de joueurs inscrits sur le site promotionnel ¡prueba y verás! développé pour Nintendo par 8media. Ce site mis en ligne depuis une dizaine de jours* proposait des invitations pour tester la 3DS avant sa sortie. Pour cela (et à condition d’avoir au moins 16 ans), on pouvait inscrire son nom, son code postal, sa date de naissance et un numéro de téléphone. Voilà le butin qui a failli ébranler Mario.

Devant ce pauvre site qui utilise des images pour afficher du texte, on sera peu étonné d’apprendre que (d’après adan_gecko) la grave faille de sécurité « ne nécessit[ait] aucune connaissance informatique particulière, contrairement à ce qu’ont affirmé ensuite les médias et Nintendo Espagne lors d’une conférence de presse. » Bien loin des « techniques de hacking » dont parle ABC, la faille se résumait « à une page d’administration du site sur laquelle aucun identifiant ou mot de passe n’étaient nécessaires ». Développeur web, ce métier déconsidéré.

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Outre le ridicule un peu consommé de l’affaire, on pourra retenir qu’il n’y a pour l’instant que 4000 Espagnols pressés de tester la 3DS avant sa sortie fin mars.

Je serais Nintendo, c’est précisément l’information que j’aurais préféré cacher.




* Le nom de domaine a 33 jours aujourd’hui (source), tandis que le site officiel Nintendo.es rapporte son existence le 2 février.