Je devais connaître le mont Rushmore bien avant Fatal Fury II, pourtant c’est le décor de Terry Bogard qui m’a révélé pour la première fois son sens profond : grands espaces arides, conquête de l’Ouest, ruée vers l’or, migration des hobos, ce paysage était un concentré symbolique parfait d’une nation aventureuse et conquérante.
Dans cette Amérique des pionniers, le mont Rushmore dépassait son statut de curiosité et marquait dans la pierre leur autre spectaculaire avancée, la démocratie.

Malheureusement, en cherchant des photos satellites du mont, j’ai senti comme un picotement dans mon raisonnement.

Passe encore qu’il ne se soit pas du tout placé au bon endroit sur la carte :

Passe aussi que la zone soit, en vrai, couverte de pins et généreusement arrosée. Tant pis pour l’Ouest aride, sa végétation et ses reliefs découpés par l’érosion : les visages ont été sculptés dans du granite blanc (source de la photo), pas sur des buttes de grès et de schiste qui ressemblent furieusement à celles de la Monument Valley (photo : Caaz).

Passe tout cela car il y a pire.

Le pire : il n’y a aucune voie ferrée qui permette d’admirer les hiératiques visages des présidents ! Le relief bouche la vue depuis la seule ligne (touristique) partant de Keystone la ville la plus proche ; qui, de toute façon, passe derrière la colline et les visages face au sud.


Au premier plan, la sortie ouest de Keystone ; en pointillé la ligne ”Black Hills Central Railroad”. Soyez indulgents, je ne suis pas graphiste.

C’est tout un monde qui s’effondre en moi : j’ai eu sous les yeux une monstruosité géographique sans en avoir conscience.

En même temps, le décor d’Andy Bogard (le frère de l’autre) accolant gondoles, tour de Pise et colysée, j’aurais dû me méfier.