headshot1184344820.png

Provoquant fierté et admiration pour celui qui l’exécute comme humilité et frustration chez sa victime, le tir dans la tête ou Headshot est depuis maintenant dix ans la mesure indiscutable de l’habileté des joueurs de jeux de tir à la première personne.

698442722_small.jpg

“Gaffe au sniPLOTCH!”

La zone plein-dans-le-mille se situe donc chez l’être humain, mort ou mort-vivant, pile entre les deux yeux. Dans la réalité des unités d’élite, le tir à la tête cherche à provoquer une mort immédiate pour dénouer les situations les plus risquées; comme une prise d’otage. La balle cherche alors à atteindre une zone bien précise située sous le cerveau proprement dit et derrière le tronc cérébral : le cervelet. Concentrant la moitié des neurones dans seulement dix pour cent de la boîte crânienne, il est surtout le poste de commandement de nos fonctions motrices.
Plus que la mort, c’est la neutralisation instantanée et complète d’une cible que provoque le Headshot. De la même manière, en jeu vidéo, il marque l’avantage net et indiscutable que prend un joueur sur l’autre.

23413_med.jpg

Pour la gloire

La pratique du fusil de sniper n’a pu prendre son envol que grâce au capacités de zoom dans un environnement en trois dimensions (par opposition au sprites et à la 2D). S’il existait déjà depuis quelques années (dans GoldenEye 007 ou MDK), l’acte hautement gratifiant est devenu une figure de style grâce à Unreal Tournament sorti à la fin de l’année 1999. Le développement du jeu s’efforçant de gratifier les actions d’éclat des joueurs par des annonces en voix off, chaque tir au front y était ainsi gratifié d’un tonitruant et addictif “HEADSHOT !”.
Car il faut bien voir que le plaisir du tir sur ce qui est le point faible de l’être humain, vient autant de ce qu’il implique comme dextérité que de sa manifestation dans le jeu.
D’une part sa réalisation est toujours basée sur le principe simple de toucher la zone la plus petite et la plus mobile du corps. Sorte de jeu dans le jeu, quelle que soit la bataille -historique ou interstellaire- sa réalisation implique toujours de réussir contre des facteurs défavorables, au sein de la mécanique simple d’un tir unique sur une partie inaccessible. Le principe de “plus grande est l’épreuve, plus grande est la gloire” épuré à l’absolu.
D’autre part son statut est annoncé publiquement et différencié des autres morts sur l’écran de tous les joueurs d’une partie multi. Ainsi, outre une invitation pour les compagnons du récent décédé à rester en mouvement et baisser la tête, il est une affirmation de supériorité partageant peu de différence avec le gorille se frappant le torse.
Notons qu’en tant que dynamique de jeu, il permettra aussi à celui qui le réalise de regagner en combativité et de lui faire oublier une série de morts douloureuses.

vrtqfp.png.jpg

Splash Art

Sa représentation dans le jeu est elle aussi essentielle. Si tous les autres tirs laissent une certaine incertitude quant à l’état de santé de l’adversaire, le Headshot ne doit souffrir d’aucun doute. Avant toute indication par l’affichage tête-haute, ne doivent suffire que le son d’une pastèque sur le bitume (Gears of War), l’image d’un casque projeté dans le ciel (Call of Duty 2), ou le dessin d’une tâche rouge et conséquente sur la surface placée derrière la cible (Modern Warfare) pour confirmer son succès. Tout FPS qui demande de vérifier le log de la partie pour confirmation est, à mon sens, un FPS raté.

cacee410.jpg

Bon anniversaire donc à notre brise-crâne virtuel qui, malgré les jeux de guerres historiques, reste plus un “weak point for massive damage” hérité des boss du jeu vidéo, et appliqué au multijoueur, qu’une représentation gore des conflits armés opposant les abrutis du monde réel.
Rappelons aussi et bien entendu notre propre concept du Headchatte, le tir à la tête sans conviction profitant d’une chance insolente, surprenant autant son auteur que son destinataire.

Via Gamepro et Wikipedia.