Cher B,

Enfin quelques nouvelles ! J’espère que tu me pardonneras ce long silence. Tu ne t’es pas trop inquiété au moins ? 

Je me revois encore t’annoncer mon départ ; je ne pensais pas m’absenter si longtemps à l’époque… Répertorier et photographier les espèces marines de Gatama (tu as finalement trouvé l’atoll sur une carte ?), billet d’avion payé par le patron, ça semblait le boulot parfait pour quelques mois. Je peux te jurer qu’en deux ans, j’ai eu le temps de déchanter.

Bien sûr je vis sur une île paradisiaque où il ne pleut jamais, bien sûr il ne se passe pas une semaine sans mission aux quatre coins du globe. Bien sûr tout ça. C’est juste que ce n’est pas du tout ce que j’étais venu chercher…

Déjà, fraîchement embauché, j’ai été frappé d’une drôle de maladie : j’entendais des chansons irlandaises aigües tout le temps. Aucun médecin n’a pu m’expliquer ce phénomène. J’aurais démissionné aussitôt si l’océanographe n’avait pas été si jolie.



Ce n’était pas la seule d’ailleurs, il y avait Louise aussi (je t’ai mis sa photo), qui revenait souvent plonger avec moi. Je lui plaisais bien je crois, mais les filles ici manquent trop de conversation pour envisager quoi que ce soit : on a l’impression d’entendre toujours les trois mêmes phrases.

Ce n’est pas la seule chose qui se répète d’ailleurs. Dire que j’étais venu pour apprécier le temps qui passe (j’avais repéré le hamac sur la photo de l’annonce). C’est tout l’inverse ici malheureusement, il y a tant de choses à faire qu’on ne souffle jamais : une mission de guide ici, des dauphins à entraîner ou un objet à retrouver là, on n’a même plus le temps d’apprécier l’endroit. Les heures passent comme des minutes, les jours s’enchaînent et les tâches sont si urgentes qu’on en vient même à travailler toute la nuit !

Le pire est sans doute que toutes ces missions sont loin d’être passionnantes. À force, on jurerait même déjà avoir livré cette photo de requin lézard (ces horreurs qui peuvent nager…) ou trouvé ce trésor la veille.



Parfois il me semble même revivre encore et encore la même journée : Hayako est toujours assise à la table de navigation avec son sandwich entamé, Jean-Éric (mon patron) toujours planté sur l’appontement. Les sujets de conversation, peu nombreux, n’arrangent rien.



Il y a quand même eu quelques bons moments hein. Je me souviens de ce requin géant que l’on voit souvent rôder par les fenêtres d’un palais englouti au bord de la mer Égée, ou de la beauté du ciel en mer de Weddell.



En tout cas jamais je n’ai eu le sentiment d’être un « aventurier des fonds marins », comme l’offre d’emploi le promettait : repasser des centaines de fois aux mêmes endroits n’aide pas au dépaysement, ça ne provoque qu’une grande lassitude, et le mal du pays.

D’ailleurs ce matin j’ai enfin donné mon préavis au patron ; il se doutait que je souhaitais m’en aller, voilà deux semaines que je ne faisais rien d’autre qu’entraîner les dauphins, en refusant toutes les missions de plongée.



J’avais déjà trouvé un petit job dans la région de Johto de toute façon, je commence en fin de semaine : répertorier les espèces du coin, l’histoire de quinze jours à mon avis, le temps de payer mon billet de retour.

Je t’ai mis quelques photos de mon séjour, je te raconterai le reste à mon retour, j’ai hâte !

Bisou.

Ton Game A.


Elle, c’est la petite-fille du patron. Mignonne mais mineure je crois. De toute façon, quand elle n’est pas assise sur l’île, elle a les mains sur les fesses. Impossible de faire des photos intéressantes, comme pour Hayako.

Ah non, j’ai rien dit pour Hayako.

Nancy a davantage un look à couper des zombies mais c’est la revendeuse du coin. Avant elle tenait un salon de coiffure, elle s’est spécialisée depuis dans la poésie mystique turque et le linéaire B.


Mon dauphin, Max Weber. J’ai raté son éducation, il était censé réagir à la force de mes gestes, il n’en fait qu’à sa tête. On dirait un jeu Wii.


Le labrador dépressif que j’ai adopté. On n’a jamais retrouvé son maître, même après 176 heures de recherche.


N’aie pas peur, les requins ne mordent pas ici ! Ils donnent juste des coups de queue.


Le patron m’a donné des missions d’une abyssale idiotie. Dans l’une, j’ai dû traquer l’« oiseau bleu » du Pacifique Sud à l’Arctique. Je te jure…


Parfois on croit vivre dans un documentaire. La ponte des tortues, la naissance des seiches… Le mieux c’était le combat entre le calmar et la baleine. Je n’ai pas su qui avait gagné.



* Plusieurs chansons sont interprétées par Celtic Woman et se déclenchent dans les moments les plus importants du jeu, ce qui est assez pénible (un exemple de purge et un autre ; essayez de rester concentré avec ça…).

Endless Ocean 2 est sorti le mois dernier sur Wii. Développé par Arika comme le premier et la série Everblue sur PS2 au principe similaire, le jeu est très joli mais absolument vain. Le scénario est risible, la maniabilité très peu ergonomique (il faut changer sa prise de main toutes les 30 secondes pour appuyer sur les boutons 1 et 2 de la wiimote) et la détection des mouvements absolument foireuse. Il pèche surtout en passant complètement à côté du safari photo zen auquel on pouvait s’attendre.

Comme Endless Ocean 1, le scénario annonce des choses que le jeu ne contient pas (ici la rencontre avec deux personnages). 155 achievements sont proposés ; d’après le développeur, 200 à 300 heures sont nécessaires pour finir le jeu entièrement - les 150 dernières heures sont en fait exclusivement destinées au dernier achievement, nager 1000 km (pour information, en bloquant la manette et en s’accrochant à un dauphin, on peut parcourir environ 50km en 5 heures). Les photos de Nancy et Hayako proviennent de JV.com.