Des publicités Nintendo très mauvaises, on en a eu beaucoup. Mais dans ces cas-là, on ne peut pas leur enlever que les photos elles-mêmes étaient réussies, comme celle de l’agence Sr.Lobo Madrid ci-dessus (source ; deux autres publicités ici et ).

La dernière campagne “Trois nouvelles couleurs de Nintendo DS lite” change de méthode : une publicité toujours nulle, mais cette fois-ci avec une photo nulle.

Chaque nouvelle couleur de DS a eu droit à sa publicité. Dereck a écrit un mot sur la verte et la bleue est sans grand intérêt (deux retraités). Restait la couleur cerise qui est un cas d’école de la photo ratée.


Mise en abyme : parler d’une photo ratée avec une photo ratée. La pub était déjà remplacée quand je suis revenu avec un appareil plus performant.

Le Manuel de la photo ratée (version manette) distinguait deux causes de ratage : la technique et le sujet. Du point de vue technique justement, on est déjà pas à la fête : l’arrière-plan, flou, permet mal de situer la photo (un centre commercial ? un aéroport ?), et le cadrage évacue impitoyablement la moitié du type hors du champ. La jeune fille s’en sort mieux - au moins comprend-on facilement à qui s’adresse en priorité la publicité.
Enfin, ne soyons pas trop critiques : par rapport au traitement du sujet, c’est encore du grand art.

Ils auraient pu être si beaux. Elle genre Meredith Grey quand elle n’est pas suicidaire, et lui le bogosse de service prêt à la rendre heureuse quelques épisodes avant de s’avérer un peu fade, après tout.
Mais non.
Au lieu de ça, pour nous faire désirer une console rouge cerise, couleur de la passion coquine et du socialisme 2002, on a une fille éborgnée par sa mèche, et un type les yeux fermés.

Mais regardez ce type ! Quel laisser-aller dans sa mise et sa posture ! La qualité de la photo vous permet peu de le distinguer, mais le vert (!) de sa chemise est absolument malheureux. Et que dire des dizaines de plis qu’elle forme sur son ventre (lui-même est si penchée en avant qu’une partie de son tronc semble manquer).


Comble de la vulgarité, il la porte à gauche le dégueulasse…

A quoi peut-il penser ? Sans doute se félicite-t-il malgré tout de son charme et de ses techniques de drague. Sans doute, sur l’écran de ses paupières closes se déroulent déjà quelques scènes érotiques… Il s’attarde un peu devant le spectacle, il sait qu’il doit temporiser, laisser chaque instant s’allonger, se faire désirer. Car il est incapable de choisir ses chemises mais il sait lire les signes, et tous concordent : sa target est déjà à lui, son Body Language est formel&nsp;: elle a tourné son visage et ses jambes vers lui, son jolie regard se perd à la gauche de son champ de vision (les bribes de PNL du bogosse sont formelles&nsp;: elle écoute avidement ce qu’il lui dit). Et cette façon qu’elle a de mordiller ses lèvres…

Alors qu’il s’apprête à rouvrir les yeux, sa stratégie est fixée ; un kino (profiter d’une plaisanterie - il vient de la trouver - pour l’enlacer brièvement d’un bras), un pattern de haute volée “tu vois, la manière dont tu te sens quand tu as fini un jeu ? Cette sorte de grand apaisement ? Je ressens la même chose en ta compagnie depuis quelques minutes”, si avec ça il n’est pas fuck close d’ici ce soir…



Sauf que sa vie et ses stratégies à bogosse, on s’en fiche. Pour la seule raison qu’il a vraiment l’air idiot les yeux fermés.
Quant à sa future copine, avec sa console comme un gyrophare qui dirait remarquez-moi, elle ressemble trop à Meredith Grey quand elle est suicidaire ; et profiter des dernières socialistes pour allonger sa liste de conquêtes, c’est vraiment une méthode de drague immorale.