L’enthousiasme autour de Wii Music est déjà si faible que je m’en voudrais de braconner une proie si facile. Je l’en défendrais presque. Presque hein, parce nous fader lors de l’E3 d’une énième réorchestration du premier niveau de Mario devant une sorte de crèche bavaroise désarçonnerait tout esprit chevaleresque.

La semaine dernière, un rédacteur de Gamekult assassinait le titre en le traitant cruellement de simulateur de métronome, ne trouvant aucun intérêt à faire de l’air-musique. Personnellement, je lui reproche surtout de ne pas assumer ce concept jusqu’au bout.

Après un week-end chez B à le dégoûter de quelques nouveaux morceaux sur Rock Band (rappelez-vous Go with the flow), je comprends ce que Miyamoto cherchait avec son jeu : jusqu’à un certain niveau de pratique et d’aisance, Rock Band et Guitar Hero prennent en otage le joueur. Concentré sur sa petite portion d’écran, totalement absorbé par sa partition, la communication entre les joueurs est bridée par le caractère punitif de ces jeux : chercher le regard des autres ? Fausse note. Vouloir esquisser un jeu de scène ? Fausse note.
Quatre joueurs côte à côte, mais interfacés par un écran, si vous voyez ce que je veux dire.

C’est une belle promesse de Wii Music de libérer les joueurs de l’esclavage de la note juste et de proposer quelque chose de vraiment festif, basé sur le partage et la convivialité : les joueurs miment l’instrument avec les manettes, les tapotent au rythme de la musique et le jeu s’occupe de décider des notes.
Pourtant il y a un mais. Etonnamment, à côté de ce concept basé sur le simulacre, le jeu propose aussi une simulation de batterie.



Bien sûr on y tape encore beaucoup en l’air (encore que les moteurs de vibration des wiimotes puissent rendre la chose plus convaincante) mais le tout s’annonce bien sérieux : outre l’ingénieuse utilisation de la Balance Board pour la grosse caisse et le charley, le logiciel propose même des leçons pour apprendre à jouer en quelques semaines. Le solo de batterie après moins d’une journée de pratique sur le logiciel s’en voulait pour preuve (une preuve d’autant moins convaincante que le type était parait-il déjà un batteur professionnel). A l’inverse des autres instruments du jeu, le joueur aura cette fois-ci une plus grande influence sur le son, en tout cas dans la limite de détection de la console : à lui de choisir sur quel élément de cette batterie il va taper (en faisant le mouvement adapté et, ce qui pourrait devenir pénible, en appuyant sur le bon bouton).

Autant dire qu’entre l’air-musique et cette batterie invisible mais complète, Wii Music propose tout et son contraire.
Alors attention hein, c’est super en terme de gameplay, le logiciel est varié et pourra survivre ainsi quelques heures de plus. Par contre, en terme de concept, c’est une faiblesse incroyable pour un jeu porté par Miyamoto : comme si une partie du jeu se retournait contre l’autre pour, à terme, fragiliser l’ensemble.