Barbara the Bat est le personnage emblématique du très bien Daigasso ! Band Brothers de Nintendo, jeu musical à la Beatmania sorti en décembre 2004 sur DS.
Après un add-on en 2005, une nouvelle version est en vente depuis quelques jours au Japon, Daigasso ! Band Brothers DX. On y joue toujours sur des versions midi de morceaux instrumentaux célèbres, et les améliorations semblent aussi nombreuses que légères[1]. Il faut dire que dès 2004, le jeu était incroyablement bien conçu ; et pour cause, il était prévu au départ pour la Game Boy Color et aura mis 5 ans pour aboutir[2].

Masaru Nishida et Noriko Kitamura, directeur et directrice artistique de l’équipe, éclaircissent les motifs de ce développement si long dans le corporate Nintendo Online Magazine (interview originale, NOM n°1, janvier 2005, traduction anglaise chez N-Sider).

Q: Pourquoi le développement du jeu a-t-il été si long ?

Masaru Nishida: pour de nombreuses raisons. Le personnage que nous avons créé pour ce jeu, Barbara, nous a demandé énormément de travail pour être validé. Nos premières propositions ont été rejetées. Nos supérieurs répétaient constamment “c’est de pire en pire” (rires).

Kitamura: un personnage inconnu n’est pas facilement accepté. Mais nous avons utilisé chaque retard du jeu pour l’améliorer. nous avions beaucoup d’affection pour ce personnage et nous nous sommes battu durement pour lui.

Nishida: Mlle Kitamura et moi avons dessiné les premières esquisses, avec l’espoir d’en faire un jeu. Nous n’étions pas encore sûr à 100% du genre de jeu que cela pourrait être au final. Au même moment, les membres de notre équipe chargés du hardware travaillaient sur un jeu avec une puce supplémentaire réservée au traitement du son ; nous avons sauté sur l’occasion.

Kitamura: il y avait déjà de nombreux jeux musicaux sur le marché, mais nous voulions quelque chose de différent. Nous voulions aussi sortir du stéréotype du jeu Nintendo, et viser en même temps un public plus adulte.

Bien sûr, ils l’expliquent dans la suite, les problèmes techniques ont leur part pour comprendre le retard du jeu (notamment pour l’abandon de la version GBC : la console n’avait pas assez de boutons). Le perfectionnisme des développeurs y a enfin sa part de responsabilité (on peut faire des choses excellentes avec l’éditeur de musique).
Ce n’est pourtant pas la première difficulté qu’ils pointent. L’ampleur des résistances chez Mario, qui n’aurait pas hésité à avorter un projet plutôt que sortir un jeu avec un personnage approprié, est incroyable.
Un indice de plus de la crise du personnage chez Mario.


Captures de l’interface du premier Daigasso. Barbara est accompagnée de Ting Tin (son frère?) et Pockin’ the Death. Pas tout à fait l’univers de Bowser…

Depuis, le succès du premier jeu aidant, Barbara the Bat multiplie les apparitions : on l’a croisée dans English Training et dans Faites de la magie

Elle fait enfin partie des assist trophies dans Smash Bros Melee.



Iwata lui consacre même la fin de son interview avec Kitamura à l’occasion de la sortie de Daigasso DX.

Comme quoi Salopette est un peu entre l’enfant gâté et le vieux monsieur : ça ne veut jamais changer ses habitudes, mais il suffit d’une seule fois pour qu’il ne puisse plus s’en passer.

Notes

[1] Jusqu’à 230 morceaux sont disponibles dans cette version : 31 par défaut, 100 maximum à télécharger parmi 200 et 100 à composer soi-même. Le son des instruments parait plus convaincant que dans le premier, comme l’utilisation du micro, bien plus importante ici (un mode karaoké mieux fait, et un éditeur de musique qui utilise la hauteur de la voix pour les convertir en notes ; malin).

[2] Une version du jeu était déjà jouable et fonctionnelle en 2001, où elle a été présentée au Tokyo Game Show : à gauche, c’est déjà lui qui est chargé sur la toute nouvelle Game Boy Advance, à droite un concert a été organisé, chaque console jouant un instrument.