Peu s’y intéressent, mais depuis un mois et demi j’étais en gamerstrike. Certain d’une influence néfaste de la course au gamerscore sur mon plaisir de jeu, je décidais d’éviter avec succès tous les succès.
Ma méditation se termina brutalement hier, avec une trentaine de point gagnés malencontreusement sur Gears of War. J’ai cependant tiré quelques enseignements de mon court sevrage…

Jouer de droite
Tout part de mon gamerfriend Quickestshoot. Depuis l’époque Street Fighter à laquelle nous nous sommes connus, on distingue nettement nos philosophies respectives. Lui prêt à bloquer dans les coins et autres techniques peu esthétiques, moi ne voulant gagner qu’en plaçant des “jolis coups”.
Des années plus tard, cette concurrence prend place sur le Xbox Live avec la mesure précise de la taille de ta GamerBite. “J’ai dépassé ton GamerScore ayouuu nananèreu” et compagnie. Engagé dans cette course, je constatais mon mépris pour mes autres consoles et jeux : “nan, j’te joue pas tu m’fais pas gagner des points, c’est pas rentable.”

Niveau “Haaan” 69…
Je me voyais également me forcer à certains défis masochistes pour grapiller quelques gamerpoints. Essayez de passer le traquenard du studio de télé irakien dans Call of Duty 4 en mode Vétéran, et vous aurez une idée des scarifications que je pouvais m’infliger pour quelques points. Le plaisir de jeu était remplacé par l’impatience d’en finir avec ce niveau pour enfin pouvoir passer à autre chose.
Dingue, non ? Pour moi, c’était comme allumer la console pour travailler, alors que God Hand et God of War attendaient d’être finis. Les graphismes et le gameplay n’entraient pas en ligne de compte. Tout ça c’était pour quelques points.
Alors que ça fait des années que je balance sur Wow et autres MMORPG, où le seul intérêt des joueurs est de faire monter péniblement quelques tristes chiffres dans leur écran de statut. Je ne pensais pas rentrer un jour dans le cercle vicieux du jeu réduit à de la branlette pour comptables.



Stop the points to stop the game
J’avais donc décidé de me laver les mains du stupre, et de m’arrêter à 3000 points pile, le triple zéro marquant mon intention d’immobilité. Mais se mettre à l’abri de l’unlockable n’est pas de tout repos.
D’abord, fini les nouveaux jeux du Xbox Live Arcade. Metal Slug et Rez HD resteront à l’état de démo sur mon disque dur. Sous les râleries de mon compère, qui m’attendait pour “éouh meuchine gun” et mitrailler myriades de sprites.
Pour ce qui est des jeux originaux comme Assassin’s Creed, l’affaire est encore plus révélatrice. Pour ne pas ajouter à mon total, j’ai utilisé un autre compte de joueur (non-payant) pour jouer les ninjas des croisades. Les quelques 120 points du premier niveau, ainsi que la progression dans le jeu, n’ont donc pas été rattachés à Game B.
Tout le monde sait maintenant que AC n’est vraiment pas un jeu terrible. Après avoir compris le principe, et une fois passés les trois effets bluffants du jeu, ce n’est pas l’histoire ou la mise en scène risible qui vont vous retenir. Ni l’argent investi pour ma part, puisque le jeu me fut prêté. Par contre, c’est ici que les GamerPoints seraient entrés en action.

CQFDTC
Parce que je suis certain que si ce n’était que pour les points de mon GamerTag, je continuerais à me forcer à monter péniblement en haut de chaque tour du jeu pour quémander quelques succès. Ou encore comment ces drapeaux à récupérer et placés n’importe comment (sans rapport avec la moindre histoire en tous cas) seraient mon obsession depuis le début du jeu. Je les auraient traqués, quitte à rebrousser chemin contre la logique du scénario.

Je pense donc intimement que ce système induit une addiction ne servant ni la qualité des jeux, ni l’entente sociale entre les joueurs. S’il est vrai qu’il peut pousser les joueurs à avoir de bon comportements (“hébergez 50 parties en ligne”), il peut aussi les entrainer dans des comportements bêtes et répétitifs (“tronçonnez 100 adversaires en parties en ligne”) gâchant l’expérience de jeu.
Après l’influence sur tout un chacun peut différer. Mais pour ma part, je trouve que le système apporte autant d’avantages que de désagréments, et je voudrais pouvoir choisir pudiquement de ne pas être informé ni d’afficher les points de mon GamerScore.