Ma bête noire du moment est l’enfant de la belle Jade : Altair. Assassin’s Creed est un jeu d’ambiance. Non pas que le joueur se retrouve submergé par le réalisme des chroniques d’un assassin. Cela implique plutôt pour lui d’user de tout son sens de mythomane pour croire à la réalité des Playmobils.

Warning : Tartine de texte incoming
Je ne joue pas souvent à ce genre de jeu “à l’occidentale”. Splinter Cell, Ghost Recon AW, très peu pour moi. Tous ces jeux demandent ouat mille boutons pour sauter, là où le plombier n’en utilise qu’un depuis vingt cinq ans. Donc déjà ouste l’instinctif, il faudra chercher des indications dans les menus et l’affichage tête haute. Un décrochage toujours bienvenu quand on est concentré pour pas se faire repérer par des gardes aux yeux derrière la tête.
Le genre mime toujours les grands films de chez Hollywood, et se vautre systématiquement dans les enchaînements de scènes, les ellipses ou les dialogues mal-traduits mal-rejoués. Mais dans le cas d’un film DVD on peut toujours choisir la V.O., au moins…
Pour ne pas perturber le joueur la console sauvegarde en douce. Il y a toujours un doute au moment d’éteindre, et on se retape souvent des scènes déjà vues parce qu’on a pas atteint le “moment” de sauvegarde.
Niveau graphismes, il est clair que ça dépoutre. Les sauts de la foi me filent un haut le cœur à chaque fois. Les scènes d’espionnage et le jeu sur les arrières plans flous ont un style de fou. Les mouvements d’escalade et les sauts de toits en toits sont d’une chorégraphie tutafé remarquable.

Ouuh z’avez vu ? J’ai failli rentrer dans l’ambiance tout seul dis-donc. Heureusement il y a des passants stupides, comme autant de poupées Barbie répétant inlassablement les mêmes phrases. Phrases qui semblent être au nombre incroyable de dix, à tout péter, pour toute la population d’une grande ville. “Oh mais qu’est-ce qu’il fait ?”, toutes les vingt secondes pendant l’escalade d’un mur, quel réalisme pfuuu.
Le pire étant ces connasses avec leur vase sur la tête. Elles vous poursuivent littéralement, et un bouton est dédié uniquement à leur esquive. Un grand péril potier méconnu de cette époque ici superbement retranscrit, donc.

Un peu de Gonzo
Après avoir secouru bruyamment quelques prolétaires, et escaladé je ne sais combien de tours pour en acquérir les bouts de cartes associés, j’ai enfin droit à mon premier assassinat. L’histoire claire comme de l’eau de vaisselle me le présente comme un méchant marchand. C’est compliqué mais j’ai rien compris entre le mixage du son pourri et les nombreux noms de personnages inutiles. Il parait qu’il faut tuer des gardes et des archers avant. je m’en fais quelques uns. Je suis docile, je joue un peu le jeu. Sur ce je me rapproche du méchant. Paf, cutscène pour montrer qu’il est méchant parce qu’il tue un mec sympa. A ce moment, je suppose que toutes les positions des gardes tués ont été réinitialisées… Autant pour moi.
Première tentative désastreuse : à peine je me rapproche de lui qu’il m’interpelle. Il me tutoie de nom d’oiseaux et tout. Je le connais pas moi ce gars. Il est malade lui. Il sort carrément sa lame, et les renforts arrivent. C’est le moment d’utiliser mes acolytes prolétaires pour masquer ma fuite, je renviendra quand c’est calme.
Après un peu de course sans personne aux talons, le jeu me remet au début de mon attaque surprise. C’était un Game Over discret, presque subliminal.
Deuxième tentative. Finie l’infiltration à la “je marche doucement, je regarde autour de moi”, on va se la jouer Final Fight. Je vais droit sur sa pomme, et X pour un coup de lame sorti de la manche.
A ce moment la caméra bascule à la perpendiculaire de la scène, pour un angle autant dramatique qu’invonlontaire sur un sommet de palmier. Je ne vois donc plus rien de ce qui ce passe, mais au son (“argh salaud”) je crois que je l’ai eu.
Bla bla bla que ça papote. “Tu m’as tué, mais c’est pas moi le méchant. Je ne suis qu’un maillon de la chaîne”. Comme je disais : des dialogues de ouf. Une fois crevé, les gardes se disent qu’il vont m’attaquer maintenant. Moi je me dis que je vais me laisser faire, j’aimerais bien voir mon premier assassinat plutôt qu’un dessus d’arbre.
On me tape, mon descendant du lointain futur se désynchronise de mon ADN, et l’écran devient flou (je me fais ruiner ma barre de vie, quoi). Et je recommence la partie… après l’assassinat. C’est vrai que c’est pratique ces sauvegardes automatiques de merde. Hier, je me retape trois fois les scènes du futur en troidé moche - très en-dessous du réalisme des croisades d’Altair -, mais aujourd’hui je ne peux pas rejouer le seul moment d’action de mes trois premières heures de jeu.
Finalement, je me barre avec les gardes au cul.
Je bouscule une pétasse et un vase tombe. “Au secours, il veut me tueeer” crie-t-elle. Watzeufeuk ? Elle est gonflée celle-là. Je me casse le cul sur des complots de malade, et elle croit que je suis là pour elle. Le manque de rapport avec la choucroute me sort autant de l’ambiance que de mes gonds, et je la tue en poussant de grands jurons devant l’écran. N’importe quoi ce jeu.
Je re-recommence donc. Cette fois-ci je passe par deux rues où se trouvent mes débiteurs pour qu’ils gênent mes poursuivants. Je me mets dans une meule de foin, et l’affaire est bouclée.

Comme quoi ce n’est pas d’entrer dans l’ambiance d’un jeu qui est dur, mais c’est souvent le jeu qui n’arrive pas à suivre la logique d’ambiance que se donne le joueur. Vous allez essayer d’être discret à la Jason Bourne, mais vous aurez deux fois plus de chance de vous faire repérer de cette manière qu’en courant les bras en l’air. Mais est-ce parce que vous n’aurez pas compris “l’ambiance du jeu”, ou parce que le gameplay est un peu fait par-dessus la jambe ?