Saturne (Rubens, source wikipedia)
Cet été, vous aviez compris que j’avais été très poisson et que sans doute, vu mes activités bizarres (les jeux de flipper, jouer à des jeux Nintendo sur des consoles Nintendo etc.), quelque chose ne devait tourner rond dans mon bocal. Et ben devinez quoi : c’est la faute au zodiaque. Saturne était de retour dans mon thème astral.

En astrologie, quand Saturne revient au point exact où il se trouvait lors de votre naissance, c’est plutôt mauvais signe. D’abord parce que cela signifie que vous avez vieilli de 29 ans depuis son dernier passage (le temps de sa révolution autour du soleil), ensuite parce Saturne charrie avec lui remises en question, mélancolie et malaises (en théorie des âges, le cycle de Saturne commence à 12 ans ; oui oui, l’adolescence, vos pires années, c’est aussi de sa faute). Par exemple, dans mon thème astral, je viens de l’apprendre, Saturne est en lion, mon opposé polaire qui plus est ; autant dire que mon mois d’août était programmé pour être pourri. Ce qu’il a été, mais finalement moins que juillet et septembre (terrible mois de septembre) ; une meilleure lecture de mon thème astral expliquerait sans doute ces incongruités, parce qu’aucun doute, l’astrologie c’est du solide. La preuve ? J’ai rebranché ma Saturn après une éclipse de près de 7 ans (rebranché hein, pas joué – je suis dépressif, pas encore fou) ; en août ; avant d’ouvrir un bouquin d’astro ! Et dire que certains n’y croient pas…

On sait assez bien ce qui passe par la tête des gens de Nintendo (des idées indigentes mais qui rapportent beaucoup d’argent), mais on connaît moins les motivations à l’oeuvre chez Sega (du temps où Sega était encore Sega). Saturn. Qui a soufflé ce nom ? Pourquoi ? Comment une pléthore de cadres surpayés a fini par dire « c’est une bonne idée ». En tout cas, ils m’auraient demandé à moi, je les aurais prévenus que choisir une divinité tutellaire pareille, c’était au mieux périlleux, au pire un triste présage. Parce qu’il a un joli nom, Saturne, mais c’est un dieu fort inquiétant : il a tout de même émasculé son père puis, dans l’angoisse perpétuelle d’être à son tour détrôné par sa progéniture, mangé ses enfants. Et ses petits noms sont aussi peu avenants que son histoire, à Saturne : “soleil noir”, “le Grand maléfique”, “étoile de la Nemesis” et j’en passe. Ça ne présageait rien de bon, et, ça n’a pas loupé, la console a été un échec commercial.

Nemesis
À propos, Nemesis. Vous vous rappeliez que les hiscores demandaient aussi votre signe astrologique, en plus de votre sexe et de votre nom – en trois lettres ?

Les correspondances sont puissantes entre ce dieu inquiet de l’avenir, tourné vers le passé, et cette console mise en souffrance dès sa sortie par une concurrence toute jeunette (Sony en Jupiter…), et finalement ringardisée très vite par le règne de la troadée.
Sauf que, déchu et banni sur Terre, Saturne n’en a pour autant jamais été oublié (d’ailleurs un de ses attributs, avec la faux, est l’ourobouros, le serpent qui se mord la queue, symbole de l’éternel retour) ; son règne était célébré chaque année par les romains ; alors qu’aujourd’hui, à l’image de son initiale serpentine incomplète, la Saturn, qui s’en souvient ? Qui voudrait la fêter ?

Je regarde les jeux qu’il me reste, essentiellement des jeux de baston, et j’ai tout sauf envie de la faire, la fête. Non seulement je ne garde pas de grands souvenirs des jeux de cette console mais surtout il y a cette quinzaine de jeux de baston… Je me dis que si les gens de Sega avaient des problèmes pour sortir une console avec un nom pareil, j’en avais au moins autant pour l’avoir achetée.
Le retour de Saturne, c’est aussi se confronter avec le joueur psychotique que l’on était il n’y a pas si longtemps ; et que l’on aurait préféré oublier.

Heureusement, d’après l’horoscope de ma Neo geo pocket, les choses s’arrangent. Ouf, ça devenait pénible.