Exceptionnellement, comme un pressentiment que la console elle-même m'occuperait peu de temps, j'ai lu le mode d'emploi. Et là, première surprise : des modes d'emploi, il y en a plein ; 3 livrets qui regroupent 10 langues^[1]. C'est beau tout de même l'Europe non ? (c'était ma contribution à la campagne présidentielle, qui ne parle pas assez d'Europe, et qui propose trop peu de programmes approuvant l'entrée de la Turquie). Pour autant, je ne donne qu'un 8/10 à Nintendo pour la localisation : manquent le portugais et le grec, nos amis concernés apprécieront ; par contre, ils ont ajouté le norvégien, dessinant ainsi une géopolitique très étonnante.

Continuons sur les digressions. Vous aviez remarqué le é dans Pokémon ? Moi, pas jusqu'à aujourd'hui, mais j'aime beaucoup la coquetterie. Je trouve ça charmant ; la francophonie, c'est quelque chose tout de même hein.

Donc, Pokémon mini. Quelqu'un de perspicace se serait dit : "pokémon = gamin, gamin = pour les gamins". Je n'ai pas fait le raisonnement.
Deuxième indice accablant : la taille des boutons et de la croix (une croix d'un centimètre de large, deux boutons d'un demi-centimètre). Ca ne m'a pas arrêté non plus, je me retrouve donc avec une petite chose qui fait bip bip (légendaire attention de Nintendo au hardware sonore) et aux boutons liliputiens (sans parler du microscopique bouton power logé dans un creux, au centre de la console que mon gros doigt a du mal à presser).

Bon, mais comprenez-moi aussi, cette chose a été développée par Creatures et/ou Game Freaks (si l'on pouvait un jour m'expliquer qui fait quoi entre ces deux sociétés...), les gens de bon goût qui avaient développé le Game Boy Camera.
Il y avait aussi Nintendo, qui avait promis des adaptations de Game & Watch dessus. Alors bien sûr, elles n'ont jamais été réalisées, mais cela suffit pour auréoler l'objet, à mes yeux, de quelque chose de magique.
Enfin, avec sa dimension de prototype de wiimote, il était intriguant : accéléromètre, moteur de vibrations, infrarouge. Voilà pour les justifications qui valent ce qu'elles valent.

Pour 45 euros, ce qui était cher, la console était fournie avec un jeu. Le jeu tiens, Pokémon Party mini, parlons-en. Ou enfin non, n'en parlons pas, tellement c'est à pleurer. Ne disons pas qu'il offre 7 épreuves (deux sont réservées au multi-joueurs), la plupart mauvaises, mais mauvaises..., que la qualité graphique (un dégradé de gris parfois pour les écrans fixes ou noir) n'est pas meilleure que celle qu'un tamagochi.

N'en disons rien d'autre, sinon qu'une épreuve, Boxing Frenzy, est marrante. Je cite : "Tygnon et Machoc ont entraînement de boxe aujourd'hui. [..] Dès qu'on vous donne le signal de combattre [un bip quoi], secouez votre console. Le nombre de coups que vous envoyez est totalisé. Surveillez le moment où votre PM se met à vibrer, c'est là que Tygnon se fait attaquer par votre adversaire. Cessez de secouer la console pour contrer les coups !"
Avouez, c'est au niveau des meilleurs jeux Wii : l'épreuve utilise la vibration et le détecteurs de chocs, et vous permet de détourner le regard du "graphisme" plus que minimal (trop occupé à agiter le PM). Pour les autres mini-jeux, oubliez.

Il y a quelque chose de suicidaire à mettre une cartouche pareille en bundle : ça ne donne pas envie de courir en acheter d'autres. En même temps, ça tombe bien, seulement 3 autres jeux^[2] sont sortis en Occident (10 en tout au Japon), en même temps que la console, puis plus rien.
Visiblement, Nintendo semblait avoir prévu le peu de sorties : les jeux n'ont pas de pile de sauvegarde, mais sauvegardent sur la console. Qui n'a que 6 emplacements : le septième jeu vous proposera gentiment d'écraser la sauvegarde d'un autre.

Heureusement, il y a une fonction horloge, ça lui donne un minimum d'utilité. "Ouf, je ne suis pas déçu"^TM.